prélude initiatique
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Sauf exceptions mentionnées, les liens soulignés en couleur ouvrent un texte ou une image dans
le cadre de droite. Notez qu'un clic droit sur la souris permet de les ouvrir
dans une fenêtre séparée, mais qui sera chaque fois différente.
Souvenez vous que le texte sur la Vénus de Lespugue sert d'introduction
pour expliquer les principales notions.Il est fortement conseillé
de commencer par elle. Vous avez un lien vers cette analyse en haut à
gauche de cette page. Vous pouvez éventuellement faire un clic droit
sur ce lien pour l'ouvrir dans une autre fenêtre, ce qui vous permettra
d'y accéder à tout moment sans fermer la présente fenêtre.
Une rosace gothique à Laon
Nous voici maintenant à l'époque gothique, du moins tel que ce style s'entend en
France et dans la période comprise entre le milieu du 12ème
siècle et le premier quart du 13ème. Nous l'appellerons le
gothique "classique", pour le différencier des styles "rayonnant"
puis "flamboyant" qui l'ont transformé par la suite.
L'exemple que nous
allons analyser est la rosace de la façade principale de la cathédrale
de Laon en France. Elle a été refaite en 1860 en utilisant
comme modèle une rose qui existe toujours sur la façade du
chevet de la cathédrale. Cette rose qui a servi de modèle
date de 1205-1215, donc du tout début du 13ème siècle.
[image : "La cathédrale de Laon" - monographie
par Lucien Broche aux Editions Henri Laurens - Paris - 1961]
[Pour un accès rapide aux analyses, l'explication suivante peut être sautée en utilisant ce lien
qui mène au premier effet plastique analysé]
Si vous souhaitez mieux repérer l'étape à laquelle
correspond l'époque du gothique classique dans l'histoire de l'art, vous pouvez afficher ci-contre
le découpage des étapes de l'âge du bronze puis du
moyen-âge dans la filière occidentale, sachant que par convention
cette étape est numérotée C0-33.
Par rapport à l'étape du Parthéon d'Athènes analysé
dans le texte précédent, il est utile de savoir que :
- les 4 paradoxes d'état se sont décalés d'un cran :
celui qui était le premier (le paradoxe rassembler / séparer)
a disparu, celui qui était en second (synchronisé / incommensurable)
est devenu le premier, et en quatrième position nous allons voir un
nouveau paradoxe : le même / différent.
- les 3 paradoxes de transformation sont maintenant 4, ce qui implique qu'ils
ont aussi modifié la façon d'interférer entre eux. Par
ailleurs, ils sont tous différents de ceux que nous avons déjà
abordés dans les étapes précédentes de ce "prélude
initiatique", de telle sorte que, pour rester dans une optique d'initiation,
ils ne seront pas envisagés ici. C'est à l'occasion des analyses
concernant la période moderne que nous expliquerons ce nouveau mode
d'interférence des paradoxes de transformation, notamment à
l'occasion de l'analyse de l'oeuvre d'Arman [lien vers cette analyse en
haut de la page]. Vous pouvez toutefois afficher ci-contre un texte qui résume ce type de fonctionnement.
Si vous souhaitez examiner plus en détail l'évolution des
paradoxes entre l'étape numérotée C0-23 du Parthénon,
et celle numérotée C0-33 que l'on analyse maintenant, vous
pouvez consulter le tableau récapitulatif [il s'ouvre dans une fenêtre qui lui est réservée]
. A son examen vous constaterez qu'entre ces deux étapes se situe
l'étape cruciale C0-30, dite "d'interphase", qui correspond à
la période dite "hellenistique". C'est à cette étape
que s'opére le décalage d'un cran du déroulement des
paradoxes d'état, et c'est aussi la dernière étape à
ne comporter que trois paradoxes de transformation.
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Le premier effet paradoxal : synchronisé / incommensurable
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Opposition centre / périphérie
Des arrondis en bouquet, au centre de la rosace, font éclore leurs pointes simultanément
en les dirigeants vers le centre. En même temps, et sur toute la périphérie,
d'autre d'arrondis plus grands en bouquet font éclore leurs pointes
en les tournant vers le lointain.
Les uns pointent vers le centre et les autres pointent sur toute la périphérie :
un effet centripète se confronte donc à un effet centrifuge,
et comme notre perception ne nous permet pas de garder simultanément
en nous ces deux mouvements, nous ne pouvons saisir leurs évolutions
respectives, ce qui correspond bien à ce que nous dénommons
"l'incommensurabilité".
Mais si nous ne pouvons saisir simultanément leurs évolutions
centripètes et centrifuges, nous percevons par contre très
bien que ces évolutions se terminent en bouquets de pointes qui éclosent toutes en parfait synchronisme :
le bouquet qui va vers le centre éclate en même temps que celui qui va vers toute la périphérie.
Il s'agit d'une expression analytique de type a1
Modification de perception en tournant
L'expression précédente utilisait la similarité
et la simultanénité entre ce qui se passe au centre et ce qui
se passe en périphérie. Celle-ci utilise cette fois la similarité
et la simultanénité de tout ce qui se passe dans un même
bouquet d'arrondis lorsqu'on en fait le tour.
Les alvéoles qui se répètent en continu autour du vide
central forment en effet une figure très régulière,
et de la même façon les arcs de la périphérie
éclatent tous en même temps et avec la même énergie
tout autour de la rosace.
Or, si l'on considère tour à tour les arrondis qui forment l'une ou l'autre de ces deux couronnes,
on constate qu'ils se trouvent tour à tour dans une position concave
ou dans une position convexe
vis à vis de nous, c'est-à-dire que l'on va plutôt lire
ceux qui se trouvent en bas comme une suite de bosses convexes, et l'on
va plutôt lire ceux qui se trouvent en haut comme une suite de creux
concaves.
Cette différence de perception provient du fait qu'il s'agit dans
les deux cas du mode de lecture le plus aisé, celui qui est le plus
immédiatement sollicité par notre perception : on imagine plus
facilement notre corps chevauchant une forme en bosse que suspendu à
une forme en voûte située au-dessus de nous, et on l'imagine
aussi plus facilement lové dans un creux situé sous lui que
suspendu à une bosse pendant du plafond.
Comme il se trouve que notre perception ne nous permet pas de garder simultanément en nous l'image de courbes concaves et celle de courbes convexes
, nous ne pouvons donc lire en même temps toutes les alvéoles
qui tournent autour du rond central, ou tous les arcs qui éclatent
à la périphérie : tous les arrondis qui se succèdent
sur un même cercle font donc des évolutions qui sont pour nous
incommensurables.
Pourtant, comme nous l'avons déjà dit plus haut, nous voyons bien que ces évolutions sont bien synchronisées tout autour de chacun des deux ronds :
toutes les alvéoles centrales font le même mouvement, et tous
les arcs de la périphérie éclatent en même temps
et avec la même énergie.
Il s'agit d'une expression synthétique de type s12
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Le second effet paradoxal : continu / coupé
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Dynamiques coupées
Le cercle qui forme le pourtour de la rosace est perçu parfaitement
continu, et son tracé est pourtant coupé sans arrêt par celui des arcs.
Il s'agit d'une expression analytique de type a5
La figure forme une progression d'ensemble centrifuge continue
, depuis le motif en rond des alvéoles du centre jusqu'au grand rond
périphérique, en passant par la ronde des colonnes puis par
celle des arcs. Mais pour percevoir cette continuité qui s'étale
de plus en plus vers le large, nous devons à chaque étape
changer de type de perception : d'abord en rond, puis rayonnante, puis
par saccades concaves, puis à nouveau en rond. Ainsi notre perception
est coupée par de brusque changements d'attitudes que nous devons
opérer pour passer d'une figure à l'autre, pour passer d'un
mode de lecture à l'autre.
Il s'agit d'une expression synthétique de type s14
Répétitions continues
Les alvéoles du centre forment une frise continue de cernes qui se coupent de leurs voisins en se refermant sur eux-mêmes.
Et les arcs de la périphérie forment un tracé continu que coupent sans arrêt des inversions de sens.
Il s'agit d'un expression synthétique de type s11
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Le troisième effet paradoxal : lié / indépendant
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Formes attachées par des liens
Le motif centrifuge des arcs périmétriques et celui centripète
des alvéoles centrales sont parfaitement indépendants l'un
de l'autre, puisqu'ils partent chacun dans la direction opposée à l'autre. Mais ils ne peuvent
pourtant pas se séparer complètement, puisque des colonnettes
rayonnantes les attachent l'un à l'autre.
Il s'agit d'une expression synthétique de type s4
Les alvéoles du centre découpent des "presque ronds" indépendants
l'un de l'autre, mais un grand cercle périphérique les relie toutes en un paquet bien ficelé.
De la même façon, les arcs périphériques isolent des demi/ronds bien indépendants
l'un de l'autre, qui en même temps sont tous attachés au grand cercle qui fait le tour de la rosace.
Il s'agit d'une expression synthétique de type s15
Axe général de la figure
Les différentes figures assemblées dans la rosace
dessinent des motifs très autonomes les uns des autres, puisque deux
d'entre eux sont continus, qu'un autre est formé de la répétition
de formes très ouvertes, qu'un autre est formé par la répétition
de formes très closes, et qu'un autre encore est rayonnant.
Ces figures autonomes sont liées entre elles, parce qu'elles se tiennent sur un même centre géométrique.
Il s'agit d'une expression analytique de type a1
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Le quatrième effet paradoxal est maintenant le "même / différent"
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Présentation du nouveau paradoxe
On revient sur l'évolution d'une dynamique physique, pour comprendre
à quels principes de fonctionnement correspond le nouveau paradoxe.
On a d'abord vu les tourbillons spiralants à la queue leu leu.
Puis on a vu qu'une vitesse plus intense du courant les a séparés l'un de l'autre, les arrondissant en même
temps qu'il les isolait pour les faire nager indépendamment l'un de l'autre dans le liquide.
Puisque les tourbillons ont acquis leur indépendance, la dynamique va maintenant mettre à profit la possibilité de les déplacer les uns par rapport aux
autres lorsque le courant se renforcera encore.
Du fait de ces déplacements, il arrivera que des tourbillons qui tournent dans le même sens se rapprocheront. Ce sera l’occasion d’organiser
de plus gros « moteurs » de tourbillonnement puisque, lorsqu’ils se rapprocheront l’un de l’autre, ils auront tendance, chacun, à entraîner l’autre
dans leur propre mouvement, et donc à tourner l’un autour de l’autre.
Pour illustrer l’étape précédente, celle de la formation des tourbillons
ronds, nous avions donc donné l’exemple d’une simulation de fluide turbulent.
Nous donnons maintenant une vue plus large de la même simulation, dans laquelle on reconnaît, au centre, le tourbillon précédemment
envisagé en train de s’isoler au sein du magma visqueux, mais dans lequel on peut également voir, à sa droite, un couple de tourbillons
de même sens (dans leur cas, le sens inverse des aiguilles d’une montre) qui s’accrochent l'un à l'autre et qui tournent l’un autour de l’autre.
Dans cette autre image et son schéma simplifié, le couple des tourbillons appariés a été isolé afin de mieux le visualiser.
Puisque, dans un couple de tourbillons ainsi appariés, chacun conserve son individualité et que tous les deux tournent dans le même sens, on a affaire à deux tourbillons identiques.
Ces tourbillons sont donc les mêmes, au sens où ils sont identiques, tandis que, dans le même temps, ils forment un couple de deux tourbillons qui restent différents
l’un de l’autre, au sens de séparés l’un de l’autre, distinguables l'un de l'autre.
À la fois mêmes et différents, les tourbillons appariés mettent en jeu un paradoxe que l’on appelle, par conséquent, celui du même / différent.
Formes semblables
Une expression de ce paradoxe correspond à des formes qui
sont les mêmes par certains aspects, mais qui sont différentes
par d'autres aspects. Ainsi, les alvéoles du centre et les arcs de la périphérie
ont la même forme circulaire, mais pourtant ils sont complètement
différents, puisque les uns sont petits et en boucles très
refermées, tandis que les autres sont grands et très ouverts.
De plus, l'ouverture des uns est tournée vers le centre de la rosace,
tandis que l'ouverture des autres est tournée vers sa périphérie.
Il s'agit d'une expression synthétique de type s5
Une autre expression se rapproche beaucoup du phénomène
physique des tourbillons que nous avons donné comme exemple : il
se créait de petits tourbillons ronds dans les grands, ici l'on
a des petits ronds dans les grands.
Ainsi :
- les alvéoles rondes du centre sont groupées dans une grande alvéole ronde,
- les dessins ronds des vitraux forment ensemble un rond à plus grande échelle,
- plusieurs arcs du pourtour dessinent ensemble la forme d'un grand arc,
- et bien entendu, tous les ronds qui se trouvent dans
la rosace sont contenus dans le grand rond de sa forme générale.
Il s'agit, pour partie, d'une expression analytique de type a8-2
Pour une autre partie, il s'agit d'une expression synthétique de type s8
Plusieurs formes
Différentes (au sens de plusieurs) alvéoles centrales,
de forme identique, se groupent pour former ensemble une même figure
(au sens de "une seule" figure).
De la même façon, différents (= plusieurs) vitraux, de
forme identique, se groupent pour former ensemble une même (= unique)
figure, et différentes (= plusieurs) arcs, de forme identique, se
groupent pour former ensemble une même (= unique) figure.
Notez que dans l'expression de type a8-2 envisagée plus haut, il importait
alors que la figure formée à plus grande échelle soit
identique aux figures de petite échelle, tandis que dans cette autre
expression cela n'est pas pris en compte, et il importe seulement qu'il y
ait plusieurs formes identiques pour générer ensemble une seule
et unique forme à plus grande échelle.
Il s'agit d'une expression synthétique de type s9
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Avant de quitter la Rosace de Laon
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Dernière mise à jour : le 21 août 2007
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