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le cheval de Vogelherd
note concernant les liens : la numérotation de chaque
expression contient un lien, tel que " a13 ",
qui permet d'accéder à une explication générale
de cet effet, ainsi qu'à d'autres exemples de son emploi.
Ces exemples contiennent à leur tour un lien qui permet d'accéder
directement aux analyses dont ils sont tirés. Ce lien permet
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Repères chronologiques :
Environ -32 000 à -28 000 avant JC selon datation "brute". La
calibration par la technique U-Th (Uranium-Thorium) donne pour cette période une date de l'ordre de - 38 000.
Ce cheval fait partie d'une série de statuettes sur ivoire trouvées
dans la grotte de Vogelherd, près d'Ulm en Allemagne.
Ces statuettes sont attribuées à la période dite "Aurignacienne".
Elle est conservée à l'Institut für Urgeschichte de Tübingen.
D'autres statuettes analogues sont représentées sous forme de croquis [s'ouvre dans une fenêtre réservée aux images] sous forme de croquis dans l'ouvrage de Kozlowski : l'art de la préhistoire en Europe orientale - CNRS EDITIONS - 1992 - Pl. 7.
L'image de référence : le
cheval de Vogelherd [s'ouvre dans une fenêtre
réservée aux images]
Source de l'image : Préhistoire de l'art occidental - édité
par Citadelles & Mazenod - 1995 - figure 60
1er
paradoxe de transformation : le centre / à la périphérie
1 - Expression analytique
de type a13
:
Notre perception hésite en permanence entre deux modes de lecture
de la forme qui se font concurrence :
- on peut organiser notre perception à partir de son axe
central de symétrie (l'axe du ventre) à partir duquel se
distribue latéralement l'avant et l'arrière. La perception
d'un tel axe central n'est pas naturelle pour la perception d'un cheval.
Ici elle est possible grâce au raccourcissement des pattes normalement
dissymétriques en moignons symétriques, raccourcissement
qui a aussi pour effet d'augmenter par comparaison l'importance du ventre.
- par ailleurs, la sensation de la pesanteur dans notre propre
corps nous entraîne à percevoir une forme à partir
de ses appuis au sol : on ressent dans ce cas les deux appuis symétriques
que sont les moignons des pattes.
Ainsi donc, on hésite à organiser notre perception, soit
à partir d'un axe central de symétrie, soit à partir
de l'appui au sol des deux extrémités de la forme.
2 - Expression synthétique
de type s8
:
Par réflexe installé en nous, nous percevons une forme
qui se dresse dans l'espace en ressentant son appui au sol, de la même
façon que nous ressentons nos pieds qui s'appuient sur le sol pour
lutter contre la pesanteur. C'est là l'appui normal instinctif de
notre perception globale, d'autant plus lorsque le forme à percevoir
est un animal qui dispose comme nous de pattes / jambes pour se dresser dans l'espace.
Ici les pattes sont cassées : le point d'appui central de notre
perception se dérobe donc au moment même où il se propose
à nous, au moment même où l'automatisme de notre instinct nous fait l'utiliser.
[Nota : cet effet est l'équivalent de l'ambiguïté
sur le niveau d'assise de beaucoup de bâtiments
de l'époque maniériste au 16ème siècle
en Italie. Dans les deux cas l'appui au sol qui nous est proposé
se dérobe et nous abandonne au moment même où notre
réflexe de perception le sollicite]
2ème
paradoxe de transformation : ça se suit / sans se suivre
[l'interférence entre les deux paradoxes de transformation
fonctionnant à la façon "centre / à la périphérie",
on bascule d'un effet à l'autre en restant sur les mêmes formes]
3 - Expression analytique
de type a1
:
Notre perception hésite en permanence entre deux modes de lecture
de la forme qui se font concurrence et qui ne classent pas les formes de la même façon :
- on peut organiser notre perception à
partir de son axe central de symétrie (l'axe du ventre) à
partir duquel se distribue latéralement l'avant et l'arrière.
Cela vaut notamment pour la partie basse du corps.
- mais par ailleurs, la forte dissymétrie
de la partie haute nous entraîne à lire la forme comme étant
munie d'un avant et d'un arrière. On classe alors les formes dans
un autre ordre : non plus du centre vers les deux côtés symétriques,
mais de la queue à la tête en passant par le ventre, ou bien en sens inverse.
Les formes se suivent dans un certain ordre si l'on adopte l'un des
modes de lecture, et ce classement est dérangé pour être
remplacé par un ordre différent dès que l'on adopte
l'autre mode de lecture.
La même ambiguïté de lecture symétrique / dissymétrique
se retrouve :
- dans la forme de la tête : elle est
presque symétrique dans sa forme d'ensemble, mais des détails
anatomiques permettent de l'orienter en différentiant nettement
un avant et un arrière,
- et dans la forme que chaque patte : chacune
forme un cône presque symétrique, mais l'avant et l'arrière
de chacune est différencié par le pli que l'on ne trouve
que sur l'un de leurs côtés et par la courbure inverse de
leurs deux côtés.
4 - Expression synthétique
de type s8
:
Cette reproduction d'un cheval suit la réalité anatomique d'un cheval, puisque l'on peut reconnaître un cheval. Mais elle ne la suit pas, puisqu'un vrai cheval n'a pas de tels moignons à la place des pattes.
5 - Expression synthétique
de type s15
:
Les pattes sont coupées : il en manque un grand bout qui devrait
suivre le moignon mais qui ne le suit pas. Par la connaissance que nous
avons de la vraie forme d'un cheval, nous reconstruisons instinctivement
et imaginairement dans notre perception ces parties qui manquent sur la
forme proposée : la plus grande longueur des pattes ne suit pas
ces moignons, mais dans notre perception nous la faisons suivre instinctivement.
1er
paradoxe d'état : regroupement réussi /raté
[niveau ponctuel : effet réciproque à distance des
différentes parties de la forme, ou effet d'apparence globale de la forme]
6 - Expression synthétique de
type s10
:
D'une façon très inattendue d'un point de vue réaliste,
les formes se regroupent en familles de formes semblables :
- la tête avec sa partie plus étranglée
qui forme le museau, rappelle l'attache de la patte avant qui se transforme
en moignon après un étranglement similaire,
- la patte arrière est très
semblable à la patte avant, alors que dans la réalité
leur différence est davantage accusée,
- le moignon de la patte arrière évoque
le moignon de la queue toute proche,
- le bossage de la crinière qui termine
au dessus des oreilles l'arrondi du cou, fait un écho symétrique
au bossage de la queue qui termine l'arrondi du dos et de la fesse.
Toutes ces formes qui se ressemblent ou qui deux par deux se font échos, cependant restent nettement différentes les unes des autres. De la sorte, lorsque nous nous laissons attirer par leurs ressemblances et que pour cette raison nous regroupons deux à deux les formes semblables dans notre perception, simultanément nous relevons leurs différences, ce qui fait échouer le regroupement que nous étions en train d'esquisser.
7 - Expression synthétique de
type s15
:
Le raccourcissement des pattes en très courts moignons permet de ramasser le corps dans une forme compacte qui n'aurait pas été obtenue si les pattes dépassaient franchement comme dans le cas d'un vrai cheval : le rassemblement de la forme en un noeud compact est donc réussi.
Mais la tête échappe à ce ramassage, et même les pattes et la queue ne sont pas complètement fusionnées avec la partie principale du corps : leur rassemblement dans une forme vraiment compacte a donc échoué.
8 - Expression analytique
de type a8
:
Le raccourcissement en moignons des pattes permet à l'ensemble
de la forme de se regrouper (de se rassembler) dans une forme plus compacte
que si de longues pattes restaient à dépasser.
Oui, mais précisément, en regroupant ainsi la forme de
façon compacte, il faut renoncer à regrouper les pattes qui
font pourtant partie du cheval. Le regroupement (complet) du cheval est
donc raté, par le fait même de son regroupement (compact).
2ème
paradoxe d'état : fait / défait
[niveau de classement : met en valeur les effets de type ponctuel du 1er paradoxe]
9 - Expression analytique de
type a14
(branchée sur l'effet -7- et sur l'effet -8-) :
Si l'on oublie les pattes, on voit là un cheval bien fait : parce
que le réalisme de sa représentation est réussi, et
parce qu'en outre il s'agit d'un objet façonné avec beaucoup
d'application et d'habileté compte tenu de la technologie de l'époque.
Mais il a les pattes cassées, réduites à des moignons
: sur cet aspect là son réalisme est donc complètement défait.
10 - Expression synthétique de
type s14
(branchée sur l'effet -6-) :
Les formes qui se regroupent en familles de formes semblables, sont
toutes des formes qui connaissent des articulations ou des inflexions qui
se précisent localement. Ces accents locaux s'opposent à
la dissolution dans le lisse que l'on constate sur le reste de cette forme :
- le relief que marque (que fait) la crinière
sur le devant de la tête, se continue sur le cou où il se
noie (se défait) dans la masse du cou largement arrondi. De la même
façon, le bossage que fait la queue, se prolonge dans l'arrondi lisse de la croupe.
- le pli que fait le côté arrière
de la patte de derrière s'oppose au lisse continu de son côté
avant. Ce pli est donc marqué (fait) sur l'un des côtés,
tandis qu'il est défait dans le lisse sur l'autre côté.
11 - Expression analytique
de type a2
(branchée sur l'effet -6-) :
L'étranglement qui sépare la pointe du museau du reste
de la tête est mollement marqué, et les plis qui articulent
les pattes sont à peine marqués.
Ces étranglements et ces plis/cassures sont bien là :
ils sont donc faits.
Mais ils sont à peine marqués et ils manquent d'affirmation,
de telle sorte que l'on peut douter qu'ils soient réellement là,
qu'ils soient réellement faits.
3ème
paradoxe d'état : relié / détaché
[niveau d'organisation : comment la forme se répand]
12 - Expression analytique de
type a13
:
Toute la surface du cheval se relie en continuité lisse. Mais
dans la direction croisée à cette continuité, se marquent
des déchirures, des coupures et des plis, par lesquels les formes
se détachent l'une de l'autre :
- les pattes sont reliées au corps
par une surface continue, mais, à leur attache, elles se détachent
nettement de la sous-face du ventre,
- le pli net du dessous du cou contribue à
préciser ce détachement de la tête, d'autant qu'il
s'oppose à l'amplitude douce de l'arrondi du dessus du cou qui relie
en continu la tête au dos sur toute la longueur de la crinière.
De la même façon, un pli se marque à la rencontre entre
la crinière et le dos qui fait un angle marqué avec la retombée
de la crinière,
- le côté avant de la patte arrière
est relié par une courbe continue sur toute sa longueur, tandis
que le plis de son côté arrière détache la partie
haute de la partie basse de la patte.
13 - Expression analytique de
type a14 - 1
:
De façon plus générale, s'opposent les surfaces qui relient et les effets de détachement :
- la mâchoire du bas, le naseau et les
oreilles sont reliés au centre de la tête par une surface
continue, mais la bouche marque une entaille qui détache la mâchoire
du naseau, et l'oreille forme dans sa partie haute un relief qui se détache
devant la surface du cou,
- le cou relie la tête au reste du corps
par le moyen d'une ample courbe continue. Par contraste avec les pattes
qui sont ramassées en moignon vers le corps, la tête se détache
nettement du corps, et nettement en avant de lui.
14 - Expression synthétique
de type s12
:
Des traits en hachures croisées relient divers endroits de la
surface (c'est le propre d'un trait que de relier des points séparés),
tout en détachant des losanges du reste de la surface, par le fait
même de leurs croisements.
Indépendamment des croisements, tout trait ainsi creusé
forme un sillon qui relie dans un sens tout en détachant ses deux
bords dans l'autre sens.
Cet effet n'est pas très visible sur la représentation,
car il concerne le dessus du dos et de la crinière qui sont vus
pour cela de façon trop rasante. Sur les autres statuettes de la
grotte de Vogelherd, en particulier sur une
tête de lion [s'ouvre dans une fenêtre réservée
aux images]et sur le corps d'un mammouth, ces croisements de traits
ont plus d'importance.
4ème
paradoxe d'état : le centre / à la périphérie
[niveau du noeud qui résume les trois effets précédents
et les bloque ensemble]
Déjà envisagé au titre du 1er paradoxe de transformation.
dernière mise à jour de cette page : 29 octobre 2006
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