Des enjeux
thérapeutiques complexes
Les traitements actuels:
-
anti-histaminiques oraux (mais responsables de
syndromes secs selon certaines études et selon leur "génération"). Il
s'agit alors de savoir si l'allergie et plus ou moins d'effets
secondaires que le médicament).
-
traitements par collyres (mais présence omniprésente
de conservateurs rendant leur utilisation à long terme nocive et
provoquant d'autres réactions allergiques et toxiques). Des solutions
unidoses permettent de les éviter mais toutes les molécules notamment
les plus récentes ne sont pas disponibles.
-
traitements par anti-leukotriènes.
-
cyclosporine (pour des allergies graves comme les
kératoconjonctivites atopiques et vernales) de façon à réduire
l'inflammation et les réactions du système immunitaire à l'origine de
l'allergie.
-
dans certains pays (pas tellement en France) les
allergies sont par traitées avec des AINS (Anti-inflammatoires
non-stéroïdiens).
-
dans des études récentes pour des allergies graves
comme les kératoconjonctivites atopiques et vernales, l'Omalizumab (le
nom commercial étant le Xolair®) a
montré pouvoir réduire les symptômes oculaires sévères de porteurs de
kératites vernales et atopiques ou de certains d'asthmatiques (voir
ci-dessous).
-
une autre substance, l'agent immunosuppresseur FK506,
a montré son intérêt dans le traitement des kératoconjonctivites
atopiques et vernales. Voir: Effect of 0.03%
tacrolimus ointment on conjunctival cytology in patients with severe
atopic blepharoconjunctivitis: a retrospective study.
Virtanen, Hannele M. ; Reitamo, Sakari ;
Kari, Marjatta ; Kari, Osmo . Acta Ophthalmologica Scandinavica.
84(5):693-695, October 2006.
-
il parfois utile de traiter la rhinite qui accompagne
l'allergie car celle-ci peut influe également sur les yeux.
Eviction des allergènes:
En l'état actuel de la médecine "moderne" et de
l'intérêt réduit porté encore à ces pathologies longtemps sous-estimés
dans leur impact (voir asthme potentiellement mortel et kératites
vernales et atopiques potentiellement cécitantes). La "solution" la plus
souvent proposée est l'éviction de l'allergène. Cette solution simple
pour certains allergènes (poil cheval ou de chat par exemple), plus ou
moins complexe pour certains autres (alimentaires et dus aux acariens)
est pourtant totalement impossible pour les pollens présents dans l'air.
Il alors juste possible de réduire leur impact en limitant ces
activités, ses sorties, en se protégeant (porter des lunettes, poser des
filtres à nez et aux fenêtres, etc), éviter d'ouvrir les fenêtres
certaines heures et certains jours. Bon entendu, pour ces sujets
sévèrement allergiques et poly sensibilisés à ces allergènes inévitables
cela peut vite devenir un calvaire un bonne partie de l'année.
Une autre façon de réduire l'impact de l'allergie est
d'évacuer les pollens dans l'oeil à l'aide de rinçages réguliers au
sérum physiologique sans conservateur en dosettes. Voir également les
conseils concernant la protection des yeux fragiles, secs ou allergiques
(lire la partie 1).
Les effets des conservateurs
dans les collyres
Allergènes et toxiques, les conservateurs sont
susceptibles d'altérer l'épithélium de l'oeil. Voici un phénomène
allergique qui nous concerne au premier chef: les réactions aux collyres
et en particulier ceux avec des conservateurs tels que le chlorure de
benzalkonium ou encore le thiomersal. Ceux-ci provoquent des réactions
allergiques parfois intenses, d'autant plus que l'installation de
collyres les contenant est particulièrement fréquente. Ce phénomène est
également observé chez les porteurs de lentilles de contact, les
conservateurs des solutions de décontamination / déprotéinisation
pouvant souvent être incriminés. De plus, de très
nombreuses études montrent la cytotoxicité (une réaction "allergique" à
retardement et difficile à distinguer au début)
de tels conservateurs pour la surface oculaire et qu'ils risquent à
terme de favoriser des érosions de la cornée.
Cette situation est d'autant plus absurde que de
nombreux collyres destinés aux conjonctivites allergiques contiennent
des conservateurs (et au premier chef le benzalkonium) qui sont
eux-mêmes allergisants, inflammatoires et irritants pour la surface
oculaire. Le choix limité d'options thérapeutiques sans conservateurs
est aujourd'hui un défi pour les yeux le plus allergiques.
Nous vous invitons à regarder notre site consacrée
aux conservateurs dans les collyres:
Conservez nos Yeux pas nos Collyres!
La gestion de notre
environnement
Les allergies sont en rapport direct avec notre
gestion de l'environnement. Un exemple: Il est évident que si autant de personnes sont allergiques en ville
aux pollens de platanes, cela est en partie du à l'omniprésence de ces
arbres massivement plantés dans nos villes et le long de nos routes.
C'est aussi l'un des arbres qui résiste le mieux à notre pollution
extérieure. Un phénomène similaire explique aussi l'explosion des
allergies aux ambroisies - qui colonisent progressivement la France et
surtout la Région Rhône-Alpes - et aux cyprès par exemple de plus en
plus souvent utilisés comme ornementation. Bien entendu les
associations de protection des arbres en ville défendent ceux-ci, mais
d'un point de vue écologique et sanitaire, rien ne justifie l'omniprésence
de quelques rares espèces allergènes concentrées dans les villes. Il
faudra un jour parvenir à une gestion saine du parc arboricole des
arbres des villes (varier les espèces et privilégier celles qui ne sont
pas allergisantes). Pour la première fois à notre connaissance, dans le
Connecticut aux Etats-Unis, un bébé
allergique dont la vie était menacée par les arbres allergisants
avoisinants omniprésents a obtenu le doit d'arrachage de ceux-ci (et
rien n'empêche de substituer ceux-ci par des espèces moins nocives du
point de vue de la santé publique). L'asthme et l'allergie oculaire
sévère ont des répercussions et une telle fréquence que ces aspects
devront être pris en compte dans la gestion des villes à l'avenir.
Ci-contre, un cliché d'une paupière présentant une allergie avec
formation de papilles par le
Dr
Edouard Benois.
Le site suivant
http://www.vegetation-en-ville.org/ montre bien que
les pouvoirs publics devront s'intéresser à ce sujet, sans quoi la
facture en termes de santé et de handicap professionnel risquera
d'augmenter significativement.
La concomitance avec un
syndrome sec
Le syndrome sec renforce l'allergie, l'allergie
renforce les syndromes sec, les anti-histaminiques oraux sont réputés
renforcer la sécheresse et les présence de conservateurs est encore plus
nuisibles pour ces personnes que pour la population en général. Du fait
de ces enjeux, traiter un syndrome sec et une allergie combinée devient
vite un casse-tête pour le plus expert des ophtalmologistes.
Certains laboratoires ne jouent pas leur rôle en
proposant des versions sans conservateurs pour leur molécules les plus
innovantes., privant ainsi ceux qui en ont le plus besoin d'un
traitement topique essentiel au traitement des allergies actuellement.
Récemment l'"oubli" de permettre la prescription du
seul traitement anti-IgE disponible (et donc à la source de l'allergie)
actuellement (l'Omalizumab) alors que certains études montrent sont
intérêt dans le traitement d'allergie oculaire sévère très graves comme
peuvent l'être le kératoconjonctivites atopiques et vernales sévères
(pouvant conduire à jusqu'à la cécité) bloque l'accès à une thérapie qui
pourrait aider à sauver la vue (notamment d'enfants présentant de
kératites vernales). La prescription de ce médicament n'est actuellement
autorisé qu'aux pneumologues et pédiatres (et curieusement... ou
peut-être pas - le médicament est cher!) pas aux allergologues (surprenant
pour le moins) ni aux ophtalmologistes allergologues. Bien entendu, si
le médicament est cher, l'handicap qui découle parfois de ces
pathologies cécitantes l'est bien plus. Encore une question de vision à
long terme.
Keratos suggère aux pouvoir publics d'envisager
d'étudier l'utilité d'un tel mécanisme d'action pour sauver la vue de
certaines personnes en permettant aux ophtalmologistes spécialisés dans
le traitement d'allergies sévères de prescrire à titre exceptionnel et
lorsque les autres thérapies sont non recommandées (du fait des
conservateurs par exemple) ou ont échoué et qu'il existe un risque
visuel. N'oublions pas que les pertes visuelles peuvent entraîner des
coûts bien supérieurs au prix de ce médicament si jamais la compassion
ne suffisait pas!
Voici les arguments scientifiques en faveur de
l'utilisation du Xolair pour les kératoconjonctivites présentant un
risque visuel:
"[P]atients with the highest levels of IgE
showed the most dramatic decrease in CAS [cumulative allergy score:
range 4 – 25] with a particularly striking improvement in
ocular and upper respiratory symptoms and SLE findings [slit
lamp exam]. There was also a trend toward decreased
dependence on ophthalmic topical steroids". Conclusion: "Drugs
with this novel mechanism show promise for severe ocular
surface allergic disease, atopic keratoconjunctivitis, and
concomitant systemic allergic morbidity."
Dans une étude indépendante présente à une réunion de
l'ARVO en 2005, les "patients ayant les niveaux de IgE les plus élevés
ont présenté la diminution la plus flagrante dans les scores cumulatifs
de l'allergie avec une amélioration particulièrement marquante des
symptômes oculaires et respiratoires supérieurs et des résultats
[oculaires] observés à la lampe de fente. Il y a eu une forte tendance
vers la diminution de la dépendance aux stéroïdiens ophtalmiques
topiques". Conclusion: "Les médicaments avec ce nouveau mécanisme
[d'action] sont prometteurs pour les maladies allergiques sévères de la
surface oculaire, la kératoconjonctivite allergique et la morbidité
allergique systémique concomitante".
Omalizumab Improves Symptoms of Severe
Ocular Allergy,
P.B. Williams, D.J. Simon,
J.D. Sheppard, Jr and F.A.
Lattanzio, Jr, TR Lee Ctr
Optical Pharmacology, Eastern Virginia Medical Sch, Norfolk, VA.
Commercial Relationships:
P.B. Williams, None;
D.J. Simon, None;
J.D. Sheppard, Jr., None;
F.A. Lattanzio, Jr., None. Invest
Ophthalmol Vis Sci 2005;46: E-Abstract 942.
"Conjunctival and corneal manifestations of atopic
keratoconjunctivitis (AKC) are chronic, disabling and may be blinding.
[...] Given the pivotal role of IgE in the allergic cascade, it is
hypothesised that omalizumab has potential as an entirely new
therapeutic approach to AKC."
Results:
A favorable ocular symptom and slit lamp examination response
was noted in all 6 patients. 5 of the 6 were able to
significantly reduce systemic steroid requirements. All 6 were
able to reduce topical ocular steroid requirements while
maintaining reduced ocular symptoms. No systemic adverse
effects were noted. Conlusion: Omalizumab shows promise for
the treatment of severe ocular surface allergic disease in
selected patients with steroid dependence and elevated serum
total IgE levels. Cost issues compare omalizumab treatment to
reduced prescription medication use as well as decreased
steroid morbidity.
Résultats: une réponse favorable au niveau des
symptômes oculaires et à l'examen à la lampe de fente a été observée
dans les 6 patients de l'étude [il s'agit de pathologies orphelines]. 5
des 6 patients ont pu réduire leur besoins en stéroïdes topiques tout en
maintenant la diminution des symptômes. Aucun effet systémique n'a été
remarqué. Conclusion: l'Olimazumab se révèle être prometteur pour le
traitement de maladies allergiques sévères de la surface oculaire chez
les patients dépendant de stéroïdiens et des faux taux de IgE dans le
sang. Les coûts sont équivalents compte tenu de la réduction des
médicaments prescrits ainsi que du fait de la morbidité due aux
stéroïdiens.
Omalizumab
Decreases Steroid Requirements in Patients with Ocular Allergy,
K.W. McDonald1,A
and J.D. Sheppard, Jr.1,BA
T, 1 Virginia Eye Consultants, Norfolk, VACommercial
Relationships: K.W. McDonald, None;
J.D. Sheppard Jr., Novartis C.Grant Identification:Genentech/Novartis.
Autres études:
C.
Rolinck-Werninghaus, E. Hamelmann, T. Keil, M. Kulig, K. Koetz, B.
Gerstner, J. Kuehr, S. Zielen, U. Schauer, W. Kamin, A. von Berg, J.
Hammermann, B. Weinkauf, G. Weidinger, S. Stenglein, U. Wahn, The
Omalizumab Rhinitis Study Group (2004). The co-seasonal application of
anti-IgE after preseasonal specific immunotherapy decreases ocular and
nasal symptom scores and rescue medication use in grass pollen allergic
children. Allergy 59 (9), 973–979.
Voir également notre
section
témoignages sur l'impact de l'allergie
et les liens relatifs à
l'Allergie
et la Qualité de l'Air
Un Enjeu de santé publique: comment
s'expliquer l'augmentation exponentielle des cas d'allergie
oculaire?
Tout comme pour la sécheresse
oculaire, sans doute qu'un meilleur diagnostic, un repérage et
une meilleure écoute des patients à permis de déceler plus de cas plus légers
qui auparavant n'étaient pas traités avant de devenir assez handicapants y sont
pour quelque chose. Mais cela ne justifie sûrement pas à expliquer une telle
augmentation des cas et il faut sûrement rechercher des causes environnementales, de
mode de vie et d'alimentation pour justifier cela.
Le rôle de la pollution
La principale cause de l'allergie
reste l'allergène mais vu que celui-ci a toujours existé, il faut rechercher
d'autres explications pour expliquer la prévalence exponentielle de ces
problèmes. Certains auteurs mettent en avant notamment la pollution (interne et
externe) qui aurait un rôle catalyseur dans l'allergie.
A vrai dire le mécanisme exact
n'est pas totalement déterminé mais trois pistes sont souvent évoquées:
-
celle de l'immunotoxicité - la
pollution, dans cette situation, serait un co-facteur de l'allergie en
inter-agissant avec l'allergène pour accroître la réaction
-
celle de l'effet pro-inflammatoire
- la pollution crée toujours une réaction inflammatoire qui servirait de
médiateur de l'allergie en facilitant et amplifiant celle-ci.
-
celle de l'augmentation de
l'allergenicité de l'allergène - la pollution est alors accusée de modifier les
allergènes et même en provoquant une augmentation des pollens par exemple.
Cela permettrait d'expliquer
l'importance des allergies en milieu urbain alors que les pollens et graminées
sont parfois bien plus présents en zone rurale. Ainsi, la quantité seule ne peut
expliquer l'augmentation des allergies en milieu urbain.
Un autre système que celui de la
pure allergie serait également en cause dans ces phénomènes: le système du
complément, qui un rôle clef dans les mécanismes inflammatoires et les réponses
immunitaires.
Le réchauffement climatique et l'augmentation des
températures ont d'ores et déjà un effet facilement constatable: c'est
l'allongement de la saison pollinique que de nombreux allergiques ont du
constater ces dernières années, mais que le bulletins phénologiques confirment.
Voir également notre page consacrée
aux sites relatifs à l'Allergie
et la Qualité de l'Air
Lectures utiles à ce
sujet:
- Pollution et
Allergies Oculaires - Volume2, Système du
complément et allergies, Collection Librairie Médicale Théa.
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Keratos 2007