Mars aujourd’hui et autrefois
François Forget
LMD, Institut Pierre Simon Laplace 75005 Paris
Email : forget@lmd.jussieu.fr
L’intérêt des exobiologistes pour Mars est multiple. La
planète Mars que nous explorons
aujourd’hui reste le monde qui ressemble le plus à la Terre
dans le système solaire. C’est
une planète désertique et glacée, mais encore riche
en eau. Il est important de vérifier si
une activité biologique peut y être détectée,
de comprendre les processus biochimiques
actifs en surface ou en profondeur, si des « niches » propices à une
forme de vie peuvent
exister, etc.
Cependant, c’est une tout autre planète Mars qui passionne les
exobiologistes : celle qui
existait dans un très lointain passé, il y a plus de trois
milliards d’années. La
géomorphologie et la minéralogie des anciens terrains de Mars
qui recouvrent encore une
moitié de la planète témoignent d’un monde où l’eau
liquide a pu être abondante, au
moins épisodiquement. Comme la Terre à la même époque,
Mars aurait pu être propiceà l’émergence de la vie. L’enquête sur les conditions
exactes qui ont pu régner sur Mars
dans ce lointain passé progresse, mais elle est loin d’être
terminée.
Ma présentation sera consacrée aux récentes avancées
et découvertes en lien avec
l’exobiologie et l’habitabilité de ces deux planètes
Mars.
Concernant Mars de nos jours, je ferai le point sur les observations de méthane
martien.
Pour expliquer ces observations, une forte activité géochimique
voire biologique semble
nécessaire, et des processus chimique étonnamment efficaces
doivent opérer dans
l’atmosphère. Ces observations pourraient être à l’origine
d’une révolution dans notre
compréhension de la planète Mars, mais elles doivent être
confirmées. La recherche de
gaz traces « hors équilibre » sera de toute façon
l’objectif principal de la mission Mars
Trace Gas Orbiter lancée en 2016.
Par ailleurs, j’évoquerai quelques observations de la sonde
Phoenix à la surface de Mars
et comment ces résultats pourraient être à l’origine
d’une nouvelle interprétation des
résultats des atterrisseurs Viking, en attendant les analyses du Mars
Science Laboratoryà partir de 2012.
Je ferais aussi un point sur les avancés de l’enquêtes concernant
les différentes phases
qu’a pu connaître Mars dans sa période la plus active il y
a plus de 3,5 milliards d’années.
Les observations des missions Mars Express, Mars Exploration Rovers et Mars
Reconnaissance Orbiter ont complètement renouvelé notre vision
de cette ancienne
planète Mars. Cette nouvelle connaissance apporte autant de nouvelles
questions que de
réponses. Aussi les conditions environnementales qui ont pu régner
sur Mars à cette époque restent mal comprises. Je mentionnerai
aussi quelques progrès réalisés
dans la
modélisation numérique des ces conditions.
15/
http://cbm.cnrs-orleans.fr/spip.php?rubrique46
1 million de km3 de glace dans le sous-sol Martien !
Des travaux réalisés conjointement entre le LPG et une équipe
de chercheurs du Jet Propulsion Laboratory (JPL/NASA) ont mis en évidence
la présence de glace dans le sous-sol de Mars via l’étude
de la réflectivité radar de l’instrument Marsis (Mars
Express, ESA). Ces travaux ont montré une chute rapide de la réflectivité radar
pour les latitudes supérieures à 40-45°, qui est interprétée
par la mise en place d’un sol glacé, analogue au permafrost
terrestre. La quantité de glace observée par cette méthode
est évaluée à 106 km3, équivalente à une
calotte polaire. La quantité d’eau répertoriée à la
surface de Mars vient d’augmenter de 50% !
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Société Française d'Exobiologie - Astronomie Côte Basque : Jean-Claude, Jean-Louis et Cathy | COLLOQUE D’EXOBIOLOGIE |
27 au 30 septembre 2010 |