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les 6 étapes du paléolithique

le tableau général

étape B0-14

la Vénus de WILLENDORF









note concernant les liens : la numérotation de chaque expression contient un lien, tel que " s14 ", qui permet d'accéder à une explication générale de cet effet, ainsi qu'à d'autres exemples de son emploi.
Ces exemples contiennent à leur tour un lien qui permet d'accéder directement aux analyses dont ils sont tirés. Ce lien permet notamment de revenir au présent texte à l'endroit précis où vous l'avez quitté, mais vous pouvez aussi utiliser pour cela la fonction "page arrière" de votre navigateur.
 

Repères chronologiques :
Sa datation est variable selon les auteurs, et tourne en général autour de 24 000 à 22 000 avant J.C. (selon datation "brute"). J'aurais personnellement tendance à retenir une datation jeune, de l'ordre de - 22 000.
Elle est souvent attribuée à la même famille de formes que la Vénus de Lespugue (analysée à l'étape B0-13), mais notre analyse ne permet pas de retrouver de façon pertinente les mêmes effets paradoxaux sur ces deux Vénus, et elle amène à plutôt les attribuer à des étapes différentes successives.
La Vénus de Willendorf est peut-être issue d'une tradition de formes du type "Vénus de Lespugue", ce qui expliquerait leurs ressemblances. Mais dans ce cas il faut envisager qu'elle ouvre, avec d'autres Vénus très probablement similaires que nous n'avons pas retrouvées, une nouvelle tradition, une nouvelle famille de formes. Cette tradition conduira notamment les Vénus de Kostienski 1 (environ 21 000 à 19 000 avant J.C.) et de Gagarino (environ 20 000 avant J.C.) qui ont beaucoup de parenté formelle avec la Vénus de Willendorf, et notamment, tout comme elle, ont leur tête complètement dissimulée dans une sorte de filet. Lorsque les pieds de ces Vénus ne sont pas cassés, ils se séparent souvent comme dans la Vénus de Willendorf, au lieu d'être absolument continus l'un avec l'autre comme dans la Vénus de Lespugue.
Les Vénus de Kostienski 1 en particulier sont intéressantes à considérer, car elles n'ont pas l'allure empâtée, rapetissée et globalement losangique de la Vénus de Lespugue, allure dont la Vénus de Willendorf ne s'est pas encore débarrassée.

L'image de référence : la Vénus de WILLENDORF  [s'ouvre dans une fenêtre réservée aux images]
Source de l'image : Histoire de l'art,  tome I - ÉLIE FAURE - Jean-Jacques Pauvert, éditeur (1964)

Cheveux ou bonnet ?
Les mailles qui recouvrent la tête sont parfois considérées comme des cheveux (voir par exemple l'analyse de WITCOMBE disponible sur Internet - je vous recommande d'ailleurs une visite à ce site, notamment pour les photographies de la statue prises depuis des angles inhabituels : de dessus, de dos, de profil).
Des découvertes récentes laissent penser que le tressage de tissus était déjà connu à l'époque de cette statuette, de telle sorte qu'il pourrait s'agir d'un bonnet ainsi enfoncé sur la tête. Cette hypothèse semble plus plausible et c'est elle qui sera utilisée ici, étant entendu qu'il n'est pas plus "normal" d'avoir un bonnet ainsi engoncé sur la tête que des cheveux masquant tout le visage.
Il importe peu pour l'analyse plastique qu'il s'agisse de cheveux ou d'un bonnet, l'essentiel est dans ce recouvrement complet de la tête par un motif répété en bandes circulaires, recouvrement qui contraste avec la complète nudité du reste du corps. Il se peut même qu'il ne s'agisse ni de cheveux ni d'un bonnet, mais d'un pur motif plastique abstrait.
 

1er paradoxe de transformation : ouvert / fermé

1 -  Expression synthétique de type s14 :

La tête est en-fermée dans le bonnet, tandis que le reste du corps est à l'air libre.


2 -  Expression analytique de type a1 :

Toutes les formes du haut du corps sont des "poches fermées", tandis que les deux jambes s'écartent et pointent vers le lointain.


3 -  Expression synthétique de type s11 :

Le bonnet qui couvre la tête est fait d'un empilement d'anneaux horizontaux [croquis de gauche].
Dans le sens horizontal, on peut librement suivre la continuité de chacun et en faire le tour : le parcours du regard est ouvert dans ce sens.
Mais verticalement les anneaux buttent les uns contre les autres, et les plis en creux qui les séparent forment des obstacles pour notre regard. Notre regard ne peut commodément suivre la surface dans ce sens de lecture : dans ce sens là son parcours est barré (fermé) de façon répétée.

Le ventre [croquis de droite] fait librement le tour du personnage : horizontalement son parcours est ouvert.
Mais si l'on veut lire sa forme dans l'autre sens, en venant des cuisses vers les seins, on butte sur son repli prononcé, puis on butte ensuite sur le repli prononcé que forment les seins. Dans ce sens là, la lecture de la surface est donc toujours barrée, fermée par un obstacle.
 
 
 

2ème paradoxe de transformation : rassembler / séparer
[l'interférence entre les deux paradoxes de transformation fonctionnant à la façon "centre / à la périphérie", on bascule d'un effet à l'autre en restant sur les mêmes formes]

4 -  Expression analytique de type a11 :

La tête a la forme d'une boule, qui rassemble dans cette forme compacte des anneaux horizontaux bien séparés les uns des autres.


5 -  Expression analytique de type a4 :

L'ensemble du personnage alterne des formes qui sont rassemblées de façon compacte et des formes qui se séparent :
        - la tête est toute rassemblée dans une seule boule compacte ;
        - sous la tête, les deux seins se séparent et s'écartent l'un de l'autre ;
        - sous les seins, on en revient à un anneau ventral unique qui rassemble toute la ceinture jusqu'aux fesses ;
        - sous le ventre, les jambes sont d'emblée séparées, puis elles s'écartent complètement l'une de l'autre.


6 -  Expression synthétique de type s12 - 1 :

Le gonflement du ventre et des seins accuse le rassemblement de chacune de ces formes en une  boursouflure compacte.
Les cuisses, le bas des jambes et les pieds se ratatinent, se rétrécissent en moignons compacts, ce qui donne l'impression que ces formes se tassent sur elles-mêmes, se rassemblent sur elles-mêmes.
Ces deux effets, de boursouflures compactes (haut du corps) et de compactage par rétrécissement (bas du corps), rassemblent en boule les formes sur elles-mêmes.
Or, cette mise en boule de chacune des forme transforme la Vénus en un empilement de boursouflures indépendantes, séparées les unes des autres.
Les replis en creux que ces boursouflures laissent entre elles, accuse encore leur séparation.
 
 
 

1er paradoxe d'état : lié / indépendant
[niveau ponctuel : effet réciproque à distance des différentes parties de la forme, ou effet d'apparence globale de la forme]

7 -  Expression analytique de type a13 :

Le bonnet est bien engoncé sur la tête, et les bras sont bien plaqués sur les seins.
Tout en étant ainsi parfaitement liés à des formes plus vastes qui les portent, le bonnet et les bras restent bien séparables visuellement de ces formes, bien indépendants d'elles.


8 -  Expression analytique de type a11 :

Les replis en zig-zag qui dessinent chaque rang de tissage du bonnet, sont séparés les uns des autres par les cassures que marquent ces replis.
Mais ces cassures n'empêchent pas leur surface d'être continue, de telle sorte que les replis restent parfaitement liés en continu les uns aux autres.


9 -  Expression analytique de type a15 :
 
 

Les anneaux superposés qui forment le bonnet sont bien indépendants les uns des autres, puisqu'ils dessinent des bandes horizontales distinctes.
Tous pourtant sont liés ensemble par leur appartenance à une même forme de boule, boule qu'ils génèrent ensemble par le moyen de leur empilement.

La Vénus est formée par un empilement de protubérances clairement différenciées et autonomes les unes des autres : la protubérance qui forme la tête, celles qui forment les seins, celle qui forme le ventre, celles qui forment les cuisses, et celles qui forment le bas des jambes.
Toutes ces protubérances sont bien liées, bien attachées les unes aux autres, de telle sorte qu'elles forment ensemble un regroupement compact.
 
 
 

2ème paradoxe d'état : même / différent
[niveau de classement : met en valeur les effets de type ponctuel du 1er paradoxe]

10 - Expression synthétique de type s5 (branchée sur l'effet -9/2-) :

La Vénus est formée par une seule famille de formes : de grosses rondeurs en excroissances.
Ces formes, qui sont toutes les mêmes par leur type, sont toutes différentes cependant par leur aspect :
        - la tête est la presque ronde ;
        - les seins s'ovalisent verticalement ;
        - le ventre s'ovalise horizontalement ;
        - le bas ventre adopte la forme d'un triangle ;
        - les cuisses et le bas des jambes se décomposent en deux étapes d'excroissance successives.


11 - Expression synthétique de type s6 (branchée sur l'effet -7- et sur l'effet -9/2-) :

La Vénus est suffisamment ressemblante (identique) à l'apparence d'une femme, pour évoquer la forme d'une femme.
Mais elle est simultanément différente d'une femme réelle qui n'a pas un bonnet ainsi engoncé sur la tête jusqu'au cou, qui n'a pas le bas des jambes et les pieds en moignons, et qui n'a pas le corps ainsi déformé par un arrondissement excessif de la tête, du ventre et des cuisses.


12 - Expression synthétique de type s9 :

Chaque anneau horizontal du bonnet est fait de la répétition de "différents" plis, qui sont tous "les mêmes", et qui font ensemble "un même" anneau (expression banchée sur l'effet -8- croquis de gauche).

Le bonnet est fait de l'empilement de "différents" anneaux, qui tous ensemble font donc "un même" bonnet, et qui sont tous "différents" (plus ou moins larges), bien qu'ils aient tous la "même" forme en anneau (expression banchée sur l'effet -9/1- croquis de droite).
 
 
 

3ème paradoxe d'état : intérieur / extérieur
[niveau d'organisation : comment la forme se répand]

13 - Expression analytique de type a3 :

La tête de la Vénus est complètement dissimulée à l'intérieur de son bonnet.
Le reste de son corps est complètement à l'extérieur, il n'est dissimulé sous aucun vêtement.


14 - Expression analytique de type a2 :

Les bras sont complètement aplatis sur les seins [croquis de gauche].
Sont ils réellement très plats et seulement posés sur les seins ? Ou sont ils de volumes normaux mais partiellement enfoncés à l'intérieur de celui des seins ? On ne peut décider, tellement ils sont tout à la fois extérieurs et intérieurs à leur volume [croquis de droite].


15 - Expression synthétique de type s7 - 2 :

Les formes en ovale aplati qui s'entassent les unes sur les autres, sont des formes dont on peut deviner, grâce à l'enroulement extérieur que l'on en perçoit, le creux intérieur qu'elles génèrent de l'autre côté de leur paroi extérieure.
C'est donc l'intériorité même du corps de la Vénus, l'épaisseur de sa chair et de sa graisse, que l'on ressent en voyant ses formes avachies.
 
 
 

4ème paradoxe d'état : un / multiple
[niveau du noeud qui résume les trois effets précédents et les bloque ensemble]

16 - Expression synthétique de type s4 :

Dans son apparence d'ensemble, la tête nous apparaît comme "une" grosse boule. Et nous ne pouvons manquer de voir non plus, que cette forme unitaire se divise en une multitude de petits replis.


17 - Expression synthétique de type s4 :

On peut décomposer la boule que forme la tête, et retrouver les effets "même / différent" qui valent aussi pour le paradoxe "un / multiple" :
        - chaque anneau horizontal du bonnet est fait de la répétition de "multiples" plis qui font ensemble "un seul" anneau [croquis de gauche],
        - le bonnet est fait de l'empilement de "plusieurs" anneaux, qui tous ensemble construisent "une seule" boule [croquis de droite].


18 - Expression analytique de type a8 :

La forme d'ensemble se décompose en formes plus petites, et l'aspect de ces plus petites formes rappelle l'aspect de la forme d'ensemble [schéma de gauche].
La forme d'ensemble est en effet une grande boursouflure ovale compacte, gonflée en largeur et aplatie en hauteur, du moins si l'on pense à la forme d'une femme réelle. Cette forme se décompose en de multiples renflements qui sont eux mêmes des boursouflures ovales compactes, exagérément gonflées en largeur et rétrécies en hauteur : la tête, les seins, le ventre, les cuisses et le bas des jambes. Cette déformation est spécialement sensible pour les jambes et les pieds, qui sont extrêmement déformés pour pouvoir s'accorder à cet effet.

L'analogie entre la forme d'ensemble et ses parties peut également être lue d'une façon davantage décomposée en étapes progressives [schémas de droite] : on peut en effet saisir la forme d'ensemble comme étant composée d'une grosse masse ovale principale (regroupant l'anneau ventral et les seins qui lui sont plaqués dessus) sur laquelle sont accrochées deux masses ovales plus petites, celle formée par la tête et celle formée par la masse des jambes et des pieds. On peut ensuite constater que la plus grosse de ces masses ovales est elle-même formée d'une masse ovale principale (l'anneau ventral) sur laquelle s'accrochent deux masses ovales plus petites (les deux seins), tandis que la masse des jambes est également formée elle-même d'une masse ovalisée principale (les deux cuisses bien accolées) sur laquelle s'accrochent deux masses ovales plus petites (les deux moignons regroupant chacun un tibia et un pied).
Quant à la masse ovale de la tête, on n'y retrouve pas le même type de décomposition entre une masse principale et deux masses accolées, mais on y trouve un effet d'analogie entre sa forme d'ensemble et la forme des multiples détails de son bonnet : les multiples replis qui le décomposent ont en effet la même forme en arrondi que la forme générale de la tête à grande échelle.

Usuellement en mathématique, on appelle auto-similarité d'échelle, ce principe de génération de formes dont les divisions sont similaires à la forme d'ensemble.


dernière mise à jour de cette page : 15 novembre 2006


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