Richard et Anna, Marion et Sophie, Cathy et Jean-Louis, conduits dans un minibus par le chauffeur indien Bipin en Rajasthan / Réception de Cathy et Jean-Louis à Mumbai chez Ramya, Shri et Mahesh, puis chez Rashmi et ses parents, et visite d'un jardin botanique avec Maithili. | Circuit en Rajasthan / Séjour à Mumbai |
3 au 16 mars au Rajasthan et du 16 au 22 mars 2013 à Mumbai |
Notre séjour chez Ramya, Mahesh et Shri se termine. J'en garderai un souvenir inoubliable et le sentiment d'avoir été reçue avec un déploiement exceptionnel d'attentions chaleureuses. Bien que nous soyons venus en dehors de l'association Perspectives asiennes, et que de ce fait Ramya ait été très prise par ses occupations professionnelles ou personnelles, elle s'est libérée autant qu'elle a pu de ses obligations. En outre, alors qu'elle était à son bureau, elle a trouvé des instants pour appeler son père au téléphone afin de s'assurer que tout se passait bien pour nous. Elle a même appelé sa cousine pour lui demander si nous ne nous ennuyions pas durant la cérémonie du remariage, et en faisant savoir que nous lui manquions déjà. Qui plus est, tous deux se sont évertués à nous faire découvrir des mets de diverses cultures en nous amenant plusieurs fois au restaurant et Ramya nous a préparé en outre des plats mitonnés de sa composition. - Photos : Coucher de soleil depuis le salon chez Rashmi - Clochette ornée de têtes semblables à celles des marionnettes kathputli du Rajasthan - Ouvriers du bâtiment -
Quant à Mahesh, il a eu la gentillesse de nous consacrer beaucoup de son temps. Profitant d'un moment "creux", il est venu s'asseoir près de nous sur le divan pour nous lire des extraits de son carnet personnel où il a coutume de transcrire des citations qui lui plaisent, et après chaque passage, il me demandait ce que j'en pensais. Je me souviens notamment d'une citation où était mise en exergue la vérité. N'ayant pas encore lu le livre de Gandhi, je n'avais aucune idée de l'importance de cette notion dans la religion hindoue et je l'ai prise au sens trivial, lui répondant qu'il était impossible de dire toujours la vérité, car la vie en société serait sinon impossible. Bien sûr, il l'entendait dans un sens tout autre, plus exigeant encore, et je l'ignorais. Gentiment, il n'a pas insisté et il s'est mis à chercher des citations qui pourraient me plaire. J'avoue que j'avais parfois du mal à en comprendre la teneur, car mes connaissances en anglais étaient insuffisantes pour saisir toutes les subtilités de ces phrases courtes, sorties de leur contexte. - Photos : Des rues plantées de grands arbres fleuris - Ouvrier debout en équilibre sur les bambous ! -
Je me souviens d'un autre moment mémorable, où il nous a invités un soir à une séance de karaoké dans sa chambre, super-équipée avec micro, haut-parleur, ordinateur, etc. C'est lui qui a commencé, d'une voix magnifique, nuancée, chantant des chants traditionnels avec des modulations qui se rapprochaient un peu des chants arabes. Ensuite, il m'a mise au défi d'improviser sur un fond musical indien que je ne connaissais évidemment pas. J'ai essayé, mais c'était lamentable ! Ramya, qui s'était installée sur le lit, a attrapé son père en lui reprochant de me demander quelque chose d'impossible. Moi, je trouvai l'expérience plutôt amusante. Jean-Louis a pris les choses en main, et il s'est mis à chercher sur Internet des chansons françaises que nous avons pu fredonner plus aisément. - Photos : Vue depuis le salon de Rashmi -
Enfin, c'est lui qui nous a accompagnés en taxi chez Rashmi, où nous devions achever notre séjour à Mumbai. Il est monté avec nous jusqu'à son appartement, est entré avec nous et il a patienté près d'une heure en s'entretenant avec sa mère en marathi, je suppose, jusqu'à ce que Rashmi rentre de son travail. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il nous a laissés : il tenait à s'assurer que nous serions entre de bonnes mains et que l'on s'occuperait convenablement de nous. Il nous a fait brièvement ses adieux en refusant nos remerciements et il a disparu dans l'ascenseur. Le soir, nous avons renoué contact avec Rashmi qui, elle, avait séjourné chez nous en 2008 dans le cadre de Perspectives asiennes. En dépit des cinq ans écoulés, elle était égale à elle-même, célibataire, toujours un peu contestataire et désinvolte, avec son rire joyeux qui éclatait à tout propos. - Photo : Salon en bow-window -
A l'issue de ces retrouvailles vespérales, elle nous promit de nous emmener faire du jogging dans un parc du voisinage le lendemain à 7 heures. A 10 heures, elle dormait toujours sur le divan du salon (elle nous avait offert sa chambre pour dormir) ! Comme elle devait travailler l'après-midi, il avait été convenu auparavant avec Ramya, la grande organisatrice de notre séjour à Mumbai et qui connaît nos centres d'intérêt, que Maithili se chargerait de nous et nous emmènerait visiter un parc botanique à l'histoire originale. Situé près de Dharavi, le bidonville le plus grand d'Asie, mais que nous ne voyons pas en nous y rendant depuis la gare, le 'Maharashtra Nature Park' fait office de 'poumon vert' de Mumbai, selon les termes du site Internet qui en fait la promotion. - Photos : 'Wagon pour dames' dans les trains indiens - Papillon 'Danaus Chrysippus' ? -
Ce parc éducatif est l'enfant chéri de Shanta Chatterji, qui était en 1976, lorsque l'idée lui en vint, une juriste d'affaires très occupée, mais néanmoins présidente du World Wildlife Fund (WWF) indien. Un beau jour, passant au carrefour de Bandra-Kurla, elle fut frappée par les nombreuses espèces d'oiseaux qui affluaient dans le lit de la rivière Mithi, qui prend sa source sur les hauteurs du Parc national Borivali, longe l'aéroport, traverse Mumbai et se jette dans la crique Mahim qui s'ouvre sur la mer d'Arabie. Après enquête, elle réalisa que ce biotope accueillait jusqu'à 55 espèces de migrateurs. Elle rédigea un projet qu'elle soumit au gouvernement et à la MMRDA (Mumbai Metropolitan Region Development Authority). La 'Municipal Corporation of Mumbai' lui accorda 37 acres de terrain (soit près de 15 hectares) sur la rive sud de la Mithi qui n'était alors qu'un vaste dépotoir où elle amassait depuis des décennies déchets et remblais. - Photos : Fourmilière dans un arbre ('pagoda ants' - fourmis tisserandes ?) - Ci-dessous : Rivière Mithi à Mumbai -
"Je souhaitais créer un centre pédagogique pour les étudiants qui s'intéressent à l'environnement. Notre système d'éducation est trop théorique, et il est difficile de trouver des lieux qui proposent aux étudiants une vision concrète des choses. Il s'agissait donc au début d'y réunir un éventail des espèces d'arbres que l'on trouve en Inde. Puis nous en sommes venus à penser que ce qui est préjudiciable à la nature l'est aussi pour l'homme", commentait dans un journal Shanta Chatterji, qui trouvait que les méthodes éducatives étaient meilleures à l'étranger. "Il émane des arbres une aura, tout comme chez les êtres humains. Il y a un endroit dans le parc qui est appelé le jardin astral, car il s'y trouve des arbres qui correspondent aux 27 'rashis' et 27 'nakshatras' (astrologies occidentales et indiennes) (*). Si vous vous asseyez sous l'un des arbres qui correspond à votre signe, cela vous aide à vous calmer et vous apporte beaucoup de paix", dit-elle à propos de l'action thérapeutique des arbres. - Photos : Gousses de graines entortillées en hélice -
(*) Vers 2250 avant notre ère, la constellation des Pléiades était exactement située au point vernal (repère astronomique du début du printemps). L'orientation de son coucher héliaque (coïncidant avec le lever ou le coucher du Soleil) coïncidait alors sur l'horizon occidental avec le moment de l'année où le Soleil couchant était dans sa position médiane sur l'horizon (plein Ouest), et les jours et les nuits d'égale durée. Dans le comput indien ancien des naksatrāni (astérismes) consigné par l'astronome Lagadha vers 400 avant notre ère dans 'Vedānga Jyotisa' (astronomie védique), on y relève des listes de 27 ou 28 stations lunaires (constellations devant lesquelles passe la Lune au cours de son cycle mensuel évalué à 27 ou 28 jours). Elles commencent par les Pléiades dont le nom sanskrit, Krttika, signifie littéralement "les Coupantes", donc probablement "Celles qui marquent la coupure de l'année". (Source : Le livre de Robert Lafitte, Le ciel des Arabes) - Photo : Graines minuscules entourées d'un nuage de vapeurs soyeuses -
Le directeur du parc, Mhaskar, a été dès sa conception partie prenante dans le projet. Il a une vision plus pragmatique des choses. "Initialement, nous avions prévu ce parc pour les scolaires. Mais quand nous réalisâmes que nous avions besoin de financement pour aménager un amphithéâtre, une bibliothèque, etc., nous dûmes également l'ouvrir au public, moyennant le paiement d'un ticket d'entrée. Nous récoltons aussi le produit de la vente de plantes ayurvédiques qui poussent dans le parc. Toutefois, il nous faut faire davantage d'actions de promotion, car le quartier de Dharavi n'est encore connu que pour son bidonville. Ce parc n'est d'ailleurs rien d'autre qu'une obligation sociale de stopper la nuisance de l'empiètement public. C'est notre plus grande réussite." - Bien que sa croissance ralentisse, Mumbai a encore accru sa population de 500 000 personnes durant la dernière décennie, et elle atteint une densité de plus de 20 000 habitants par km² (20 900 en banlieue), des chiffres que l'on peut comparer avec la situation en France : Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, 26 031 habitants par km², la majorité des 50 communes les plus densément peuplées se trouvant également en Île-de-France (Paris, 20 980 habitants par km²). - Photo : Papillon 'Danaus Chrysippus' ?-
Les travaux ont débuté lors de 'Ganesh Chaturthi' (la fête du dieu Ganesh qui a lieu pendant le mois de Badhra ou Bhādrapad, sixième mois du calendrier hindou, qui correspond environ à la période du 20 août au 15 septembre du calendrier grégorien), une date "auspicieuse" (de bon augure) sans doute. Plus d'un quart de siècle après, la nature a repris ses droits, et l'on veille à y faire pousser de plus en plus de plantes endémiques de l'Inde, tandis que la faune colonise le site, montrant le pouvoir extraordinaire dont elle fait preuve en matière d'opportunisme et de résilience. A la périphérie, la crique Mahim où se jette la rivière Mithi est bordée d'une luxuriante mangrove au feuillage persistant. Cette végétation et celle des alentours plats envasés sont un lieu de repos favori pour les oiseaux migratoires et aquatiques qui hivernent dans le subcontinent indien. Bien que les eaux de la Mithi soient très polluées, comme nous avons pu le constater par la pestilence qui s'en dégageait et nous atteignait sur la portion du sentier de découverte du parc qui longe la rivière, ce sont des milliers d'oiseaux qui fréquentent cet endroit. - Photos : Banyan déjà majestueux malgré son jeune âge (au maximum 30 ans, mais sans doute plutôt 20) avec ses racines aériennes pendant des branches - Ci-dessous : Rivière Mithi - Mante religieuse ? -
Le parc a été ouvert aux enfants des écoles en 1992, et deux ans après au grand public. Selon les unités indiennes, 1,5 "lakhs" de gens, soit 150 000 personnes, le visitent chaque année. Parmi les sentiers de la nature aménagés, le 'Shantipath' (sentier Shanti) est tracé sur toute sa longueur. Le système de collecte des eaux pluviales qui s'écoulent du toit du bâtiment pédagogique permet d'entreposer 2000 kilolitres (2 millions de litres) à chaque mousson, qui servent à irriguer le parc. On y décompte désormais 580 espèces de plantes (dont 14 000 arbres), 123 espèces d'oiseaux, plus de 78 espèces de papillons, 22 sortes de reptiles et d'amphibiens et plus de 30 espèces d'araignées. C'est l'arbre 'peepal' (Ficus religiosa), sacré pour les Hindous, Jaïns et Bouddhistes, qui se dresse désormais à l'entrée. Un peu plus loin, un espace est dédié aux plantes médicinales originaires de diverses régions de l'Inde, un autre est planté de légumes et de plantes fructifères. La situation en bordure de la Mithi offre aux amateurs d'oiseaux un lieu privilégié d'observation, notamment au coucher du soleil. En voici une petite sélection pour donner une idée : la tourterelle maillée (Spilopelia senegalensis), le milan noir, le Grand Coucal (Centropus sinensis), de la famille des coucous, le rapace Shikara, (Accipiter badius), la grande aigrette, le pic (Jynx torquilla), le Souïmanga asiatique ou Souïmanga pourpré (Cinnyris asiaticus) qui se nourrit de nectar, le Guêpier d'orient (Merops orientalis), le Gorge-bleue à miroir (Luscinia svecica) et l'hirondelle rustique (Hirundo rustica). J'ignore si tous ces oiseaux traversent la barrière himalayenne pour aller nicher. - Photos : Noix de coco vertes - Papillon au corps bicolore noir et blanc -
Au petit matin, surprise ! Un jeune homme super-musclé genre body-building sonne à la porte à 7 heures pile. C'est le "coach" de Rashmi. Nous sommes fin prêts en tenue de jogging. Les rues sont calmes et la température douce. Le rythme n'étant pas effréné, je prends le temps de faire quelques photos à la volée. Justement, nous passons devant un temple aux sculptures très étonnantes, vraiment différentes du style hindou. Il s'agit d'un bâtiment appartenant à la communauté Parsi, encore très influente ici. Il s'agit de Zoroastriens qui émigrèrent de Perse au Gujarat au VIIIe ou Xe siècle, fuyant la persécution musulmane. Ils poursuivent leurs cultes dans des agiarys, ou temples du feu, dont l'accès est interdit aux non-Parsis. Une embellie de leur situation économique dans la société hindoue survint avec le pouvoir grandissant de la Compagnie des Indes orientales britannique. Celle-ci avait du mal à gérer les problèmes de castes entre ses employés hindous et elle trouvait plus simple d'avoir affaire aux Parsis qui occupèrent progressivement des postes de confiance en rapport avec le gouvernement et l'administration publique. Ils accédèrent à une meilleure instruction en fréquentant les écoles ouvertes par les Britanniques et devinrent des commerçants, armateurs et hommes d'affaires avisés. En 1720, Bombay devint leur principal lieu de résidence et de travail. Aux XVIIIe et XIXe siècles, ils furent promus à l'avant-garde du progrès, amassant des fortunes et en distribuant pareillement au sein de sociétés caricatives. Rashmi nous désigne un immeuble au luxe insolent qui sert à héberger exclusivement les Parsis en déplacement à Mumbai (si je me souviens bien). - Photos : Graines enrobées de vapeurs cotonneuses qui tapissent le sol sous les arbres du parc - Sculptures Parsi - Entrée somptueuse d'un bâtiment Parsi -
Reprenant le rythme sous le rappel du coach "Jog, Rashmi, jog !" qui résonne comme un claquement de fouet sur un attelage rétif, nous atteignons un parc où nous découvrons, à notre grand étonnement, des gens en train de faire des mouvements de gymnastique, de yoga, ou de détente en groupe comme en Chine. Ce qui me gêne, c'est que sur le trottoir qui entoure la pelouse sont accroupis de petits vendeurs, peut-être des paysans levés bien avant l'aube et qui ont accompli un long trajet pour venir vendre leurs trois bricoles, bottes de lentilles fraîches ou autres légumes. Un passant s'évertue à cueillir les fleurs haut perchées sur un arbre qui borde la chaussée. C'est impressionnant le nombre de fleurs coupées qui sont utilisées à des fins religieuses. C'est l'Etat du Karnataka (capitale Bangalore), situé au sud du Maharashtra (capitale Mumbai), qui produit 75% des fleurs dans le pays. Ce marché en pleine expansion n'a pas échappé à l'oeil des sociétés multinationales, et les paysans de cet Etat ont dû s'unir en une organisation altermondialiste pour lutter contre l'appropriation des terres, l'effondrement des prix de production et les techniques nuisibles à l'environnement.
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