Richard et Anna, Marion et Sophie, Cathy et Jean-Louis, conduits dans un minibus par le chauffeur indien Bipin en Rajasthan / Réception de Cathy et Jean-Louis à Mumbai chez Ramya, Shri et Mahesh, puis chez Rashmi et ses parents, et visite d'un jardin botanique avec Maithili.
Circuit en Rajasthan / Séjour à Mumbai

3 au 16 mars au Rajasthan et

du 16 au 22 mars 2013 à Mumbai

indeBipin nous signale par deux fois durant le circuit un élevage de petits dromadaires visibles depuis la route. Leur pelage va du beige clair au brun foncé, et ils ne sont pas plus d'une dizaine. Je pense qu'il s'agit de jeunes séparés de leurs mères, probablement occupées à transporter des marchandises. Depuis le départ, j'ai l'impression qu'il y a un excès de bétail par rapport aux ressources végétales du Rajasthan, dont le climat est plutôt sec, et peut connaître plusieurs années sans précipitations. indeLe site officiel du ministère indien souligne au contraire que l'élevage est une activité majeure dans les campagnes, spécialement en régions arides et semi-arides. Son développement, écrivent les autorités, a un impact significatif sur la génération d'emploi et la réduction de la pauvreté en zone rurale. Il contribue pour une large portion à la force de trait pour l'agriculture, environ la moitié des boeufs et le quart des buffles étant utilisés à cet usage. Bien entendu, le sort des herbivores sauvages n'entre absolument pas en considération dans ces réflexions. La croissance exponentielle de la population indienne oblige les autorités à une sorte de fuite en avant pour trouver toujours davantage de ressources alimentaires, sans prendre en compte les possibilités objectives d'une région aussi déshéritée que le Rajasthan (sur le plan des ressources en eau). - Photo : Jeune dromadaire aux pattes antérieures entravées. -

indeEn 2007, il y avait plus de 56 millions de têtes de bétail (bovins, buffles, ovins, caprins, porcs, chameaux, chevaux et ânes) et près de 5 millions de volaille en Inde. Le Rajasthan possédait 6,09% du bétail (3,4 millions pour 68 millions d'habitants) et produisait plus de 10% du lait, 30% du mouton et 35% de la laine. Je suis étonnée de lire que le district d'Alwar dispose d'un centre de recherche pour améliorer et développer l'élevage du porc. Le Rajasthan est composé à 88,8% d'hindous, majoritairement végétariens, 8,5% de musulmans, pour lesquels le porc est interdit, 1,4% de sikhs et 1,2% de jaïns (radicalement végétariens). Je lis ailleurs qu'au sud d'Udaipur, dans la pointe comprise entre le Gujarat et le Madhya Pradesh, se trouve une région ancienne nommée Vagad, ancien fief de la tribu des Bhīls, qui est aujourd'hui gravement déforestée, une conséquence très probable de la surpopulation humaine. En outre, sur les quelque 32 000 villages que compte le Rajasthan, 10 000 ont été frappés par la sécheresse en 1988. L'armée a dû organiser la survie des populations dans les zones sinistrées en dirigeant notamment le déblayage des routes ensablées par les vents. - Photos : Gazelle Chinkara. - Ci-dessous : Les troupeaux sont chez eux au milieu de la route. -

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indeDans un article intitulé "No sacred cows : The dark side of the dairy industry in India" (Pas de vaches sacrées : la face sombre de l'industrie laitière en Inde), un Américain écrit que les veaux nouveaux-nés des vaches laitières, n'ayant aucune utilité ni valeur marchande, sont "offerts" aux temples en les attachant à leurs grilles. Comme ils ne peuvent être tués volontairement, ils meurent de déshydratation au bout d'une journée d'exposition au soleil et à la chaleur. Les prêtres "trouvent" ensuite leur dépouille qu'ils vendent aux marchands de cuir. Selon cet article, il paraîtrait que les Hindous considèrent plus saint de procéder ainsi que de les vendre aux Musulmans pour une mort rapide par abattage ou de les exporter au Ramadan. Je n'ai trouvé toutefois aucune confirmation de cette pratique ni aucune information sur son étendue, pour savoir si elle était généralisée ou ponctuelle. S'agit-il d'un texte de la même eau que ce que j'avais lu sur le journal Est-allemand ? - Photos : Mini-tornade. - Ci-dessous : L'armée indienne campe à 100 km de la frontière du Pakistan.

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Nous ne sommes plus qu'à une centaine de kilomètres du Pakistan. Ce ne sont pas les panneaux qui nous l'annoncent (ils sont rarissimes, c'est d'ailleurs un miracle que Bipin s'oriente aussi sûrement sans indications, ni cartes ou plans), mais nous apercevons l'armée qui a installé ses bases non loin de la route sillonnée parfois par des convois militaires. Une nouvelle surprise vient interrompre ce long trajet : un grand paon arpente majestueusement la terre poussiéreuse entre les buissons desséchés. Il est endémique de l'Asie du sud-est où il vit à l'état sauvage et se nourrit de baies, de graines, mais également de petites proies comme des serpents, lézards et rongeurs. Les déprédations qu'il occasionne sur les cultures sont largement compensées par sa consommation prodigieuse de sauterelles ou criquets. Il a été promu en 1963 oiseau national de l'Inde (Mayura en sanskrit, qui signifie peut-être "tueur de serpents") où il occupe une place à part dans l'art religieux, la mythologie, la poésie, la musique folklorique et dans les traditions. Dans l'iconographie, le vâhana (monture ou véhicule) est à la fois le symbole et l'emblème de la divinité qu'il porte, ainsi de la splendeur et de la majesté de Parvanî le paon, vâhana de Kârttikeya ou Skanda (dieu de la guerre et fils de Shiva et Pârvatî). Une de ses plumes orne le bandeau de tête de Krishna. Pour les bouddhistes, il représente la sagesse. - Photo ci-dessous : Paon sauvage. -

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Nous croisons des champs d'éoliennes. Bien que cette énergie soit tout à fait marginale, l'Inde occupe le cinquième rang sur le plan mondial après la Chine, les USA, l'Allemagne et l'Espagne. Depuis une dizaine d'années, l'entreprise nationale Suzlon a conquis 7% du marché mondial et 43% du marché indien. Je m'interroge sur l'opportunité d'installer ces turbines en plein désert, dans un Etat (le Rajasthan) quasiment dépourvu d'industries, et avec sans doute de grandes déperditions dans le transport de l'énergie électrique (évaluées à 7% sur le réseau français et sachant qu'elles sont minimales par une température très basse). - Photo ci-dessous : Camel safari à Khuri. -

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indeNous arrivons enfin à Khuri où nous avons au programme un "camel safari" (plus prosaïquement, une petite promenade à dos de dromadaire). Le village devait être à l'origine un simple hameau de quelques maisons, mais avec le développement de cette nouvelle activité touristique, des bâtiments poussent comme des champignons et nous craignons le pire pendant quelques minutes. Heureusement, notre hôte habite à l'extérieur, le plus loin de la route et à proximité des dunes, ce qui nous procure un isolement relatif. Il y a de grandes tentes, style bungalows, mais on nous a réservé des chambres dans de petites tours rondes au toit de chaume avec toutes les commodités. C'est le grand luxe, et quand j'aperçois les femmes et les jeunes filles faire la corvée de l'eau au puits à peine maçonné de deux rangs de briques et qui n'est même pas équipé d'une poulie, j'ai honte d'être dans un lieu où nous l'obtenons à volonté sans nous rendre compte que c'est une denrée rare. indeC'est peut-être une perception à tempérer : il paraît qu'une association humanitaire aurait installé l'eau courante dans un village africain (j'ignore dans quel pays), une innovation mal acceptée par les femmes qui appréciaient d'avoir "un bon prétexte" pour sortir de chez elles, se retrouver loin du village afin de pouvoir échanger, bavarder et se confier hors de toute présence masculine. Il faudrait savoir quel est le contexte familial de ces Indiennes et comment elles ressentent cette tâche qui leur est traditionnellement assignée. - Photos : Corvée de l'eau. - Le conducteur fait baraquer le dromadaire. -

indeAprès nous avoir offert un thé indien merveilleusement parfumé (Chaï : parfumé de gingembre frais râpé, cardamome verte, clous de girofle, bâtons de cannelle, anis étoilé, et additionné de lait chaud et de sucre), nous enfourchons nos montures. Au bout d'à peine trois minutes, Richard s'aperçoit que le balancement de droite et de gauche induit par la marche à l'amble de son chameau ne convient absolument pas à son organisme qui n'a jamais supporté le roulis des bateaux. Il demande à descendre et déclare qu'il préfère marcher, ce qu'a du mal à comprendre son chamelier. Il finit par avoir gain de cause avant d'être malade et avance joyeusement à grand pas dans le sable de plus en plus mou. - Photo : Porteuses d'eau à Khuri. -

indeAnna aperçoit un paon qui se faufile entre les arbres, puis deux, puis tout un groupe perché sur les branches du plus majestueux des arbres qui leur sert manifestement de dortoir, à l'abri des prédateurs éventuels. Nous montons par une pente douce sur les dunes où la végétation disparaît progressivement. Une chèvre debout sur ses pattes de derrière s'étire au maximum en pesant de ses pattes de devant pour courber les rameaux d'un arbuste et brouter les feuilles tendres. Malgré son harnachement et sa bride, un chameau débarrassé de son "cavalier" pénètre dans un taillis et allonge aussi le cou pour atteindre les jeunes pousses, indifférent aux épines acérées qui les défendent. Spectacle incongru, un petit taureau traverse seul le rang de dunes. Des myriades de petits oiseaux pépient en se déplaçant sans cesse d'un buisson à l'autre. - Photo : Pommier de Sodome ou 'Akra' (Calotropis procera). -

Les guides font baraquer (s'agenouiller) nos dromadaires pour nous permettre de descendre à notre tour et nous dégourdir les jambes, une proposition bienvenue car nous sommes peu habitués à l'assise de ces selles inconfortables. indeJe ne me vois pas en train de faire toute la route de la soie dans ces conditions. Les marchands devaient sans doute alterner la marche à pied et le repos (relatif) sur le dromadaire. La vue est magnifique sur ce rang de dunes blondes et la plaine alentour, parsemée de buissons et ponctuée d'arbres isolés. Le groupe reste à admirer les couleurs du paysage qui changent au fur et à mesure que le soleil descend sur l'horizon, tandis que les ombres s'allongent. En attendant de voir le rayon vert, je m'éloigne sur le versant sud plus exposé aux ardeurs solaires, où pousse une végétation bien spécifique. - Photos : Pommier de Sodome ou 'Akra' (Calotropis procera). -

indeLe Pommier de Sodome ou ‘Akra’ (Calotropis procera) est en pleine floraison et les insectes bourdonnent nerveusement d'un rameau à l'autre. Sur un forum d'Internet, je lis que "toutes les parties de la plante exsudent un latex blanc à la cassure, susceptible de rendre aveugle s'il est mis en contact avec les yeux". En réalité, toutes les parties de la plante sont vénéneuses, et de ce fait, utilisées traditionnellement en médecine - et magie -, aussi bien dans les régions semi-désertiques de l'Asie que de l'Afrique. indeEn 2000, Sharma, un scientifique, a interrogé les gens du district de Bikaner qui lui ont rapporté qu'ils ingèrent presque toutes les parties de la plante dans diverses combinaisons diététiques pour lutter contre les fièvres dues à la malaria et les pyrexies (fièvres). Par ailleurs, Varshney et Bhoy ont étudié en 1987-88 les performances des fibres obtenues de cette plante par rouissage (comme pour le lin ou le chanvre), appelées AAK, et ils en ont conclu qu'il faudrait améliorer la régularité et la finesse des fils pour avoir une qualité comparable à celle du coton. En Inde, cette plante est aussi indetraditionnellement utilisée pour stopper la diarrhée, une information importante pour contrer les maladies provoquées par l'ingestion d'eau polluée. Un autre site indique que le latex, qui contient des substances cardio-toxiques, était autrefois employé en Afrique pour fabriquer des flèches empoisonnées, mais les Peuhls en utilisent quelques gouttes pour faire cailler le lait et fabriquer du fromage ! Enfin, la pousse du Pommier de Sodome indique la présence d'une nappe phréatique à une profondeur relativement faible. - Photo : Bousier (coléoptère - 'dung beetle') du désert du Thar. Sur les 350 000 espèces de coléoptères, 15 088 sont répertoriées en Inde. A Ganganagar, Hanumangarh, une partie de Bikaner et Jaisalmer, la faune a entièrement changé au cours des deux dernières décennies en raison de la construction du canal Indira Gandhi. -

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