Richard et Anna, Marion et Sophie, Cathy et Jean-Louis, conduits dans un minibus par le chauffeur indien Bipin en Rajasthan / Réception de Cathy et Jean-Louis à Mumbai chez Ramya, Shri et Mahesh, puis chez Rashmi et ses parents, et visite d'un jardin botanique avec Maithili. | Circuit en Rajasthan / Séjour à Mumbai |
3 au 16 mars au Rajasthan et du 16 au 22 mars 2013 à Mumbai |
Nous sommes restés trop peu de temps dans cet atelier pour connaître l'histoire de la miniature, et celui que nous visiterons dans une autre ville ne nous éclairera pas davantage. Je me renseigne donc a posteriori sur des sources Internet. Il faut savoir que le terme de miniature vient du latin 'minium' qui désigne un rouge vermillon, une couleur choisie pour écrire les lettres ornementales majuscules sur les manuscrits. Puis le rapprochement se fait (sans fondement étymologique) avec 'minimum' et 'minuscule', et la miniature désigne les images peintes, de petite taille comparées aux tableaux et fresques. Les premiers manuscrits enluminés sont des ouvrages de l'Égypte pharaonique constitués de papyrus en rouleaux, comme le Livre des morts d'Ani conservé au British Museum. Voici un aperçu de l'histoire de la miniature en Inde, que je rédige en collectant des informations sur le site de la Bibliothèque Nationale de France et celui d'une artiste française passionnée par la culture indienne. - Photos : Jodhpur, la ville bleue, visitée par des foules indiennes. -
Cet art commence à l’Est de l’Inde (Bengale et Népal) aux environs du IXe siècle dans les monastères bouddhistes, mais nombre de bibliothèques sont détruites lors d'invasions turques en 1192. A l’Ouest de l’Inde, dans le Gujarat et le Rajasthan, la miniature Jaïn apparaît vers le XIe siècle et s’éteint avec l’iconoclasme des musulmans. Sous la dynastie Tughlaq (1320-1414) d'origine turque qui débute par un sultanat à Delhi, des peintres itinérants issus de Perse sont attirés par les centres culturels émergeant dans le Gujarat, à Malva (S-E du Rajasthan) mais aussi à Jaunpur (district de Bénarès-Varanasi). On parle alors d’un style pré-Moghol où les deux sensibilités culturelles, hindoues et musulmanes, se développent tant dans la miniature, que dans la littérature, l’architecture et la musique. C’est avec l’arrivée des Moghols en Inde du nord en 1526 que la miniature va connaître un nouvel élan. L’âge d’or sera atteint sous les règnes d'Akbar, Jahangir et Shah Jahan, contemporains des premiers Bourbons, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Akbar (1556-1605) sera l’un des souverains les plus éclairés de l’Islam. - Photos : Jodhpur, épée de l'empereur moghol Akbar (1560), épée au perroquet Sindh (19e s.). -
Il est le premier à créer un gigantesque atelier de peinture supervisé par deux grands maîtres persans originaires de Kaboul, qui compte des centaines de miniaturistes talentueux dont de nombreux artistes indiens. La tendance au syncrétisme qui pousse l’empereur vers une religion universelle s’applique à l’art de la miniature, où coexistent trois influences : celle des artistes musulmans venus de Perse, celle des peintres hindous autochtones, celle enfin des modèles européens, diffusés par les missionnaires jésuites. En l’espace de quelques années, naît une véritable "école moghole" dont le style s'étendra de Delhi à Jaunpur. Avec Jahangir (1605-1627), grand amateur d’art, la miniature atteint un équilibre inégalé, l’apport naturaliste indien fusionnant avec des éléments occidentaux tels que le clair-obscur et la perspective. Son successeur Shah Jahan (1628-1658) est plus connu comme bâtisseur. On lui doit notamment le Taj Mahal. Sous son règne la miniature sera d’une perfection classique. La représentation quasi scientifique des fleurs, à la manière des herbiers, connaît alors une vogue sans précédent. Puis, sous le dernier des Grands Moghols Aurangzeb (1658-1707), musulman strict et sobre, de nombreux artistes quittent la cour pour exercer leur talent dans les différents centres artistiques de l’Inde. On parle alors de styles Moghols provinciaux comme par exemple le style Rajastani, avec les écoles de Marwar, Bikaner, Bundi ou encore Kota, qui produisent des spécimens d’une très grande finesse d’exécution et des tonalités très douces. - Photos : Jodhpur, le paon comme sujet de prédilection pour l'ornementation - Ci-dessous, le jeu favori des Rathore du "pig-sticking" (coller le porc) ? -
Selon cette artiste française, c'est au National Museum de New Delhi que sont les plus belles miniatures indiennes, mais certains palais du Rajasthan (à Jaïpur et Jodhpur en particulier) regorgent également de quelques merveilles que nous pourrons effectivement admirer au palais de Jodhpur. - Le problème, c'est que les miniatures sont présentées derrière des vitres où se reflètent les lumières des salles, et que nous sommes pris dans un flot de visiteurs comme devant la Joconde au Louvre. En outre, ces palais sont immenses avec des enfilades de pièces innombrables, et il est difficile de demeurer tranquillement devant chaque oeuvre d'art pour en admirer les détails... Il s'y ajoute une difficulté supplémentaire, liée à la différence de culture : nous ne comprenons pas ce qui est représenté, il nous faut donc lire les panneaux explicatifs placés à côté pour avoir quelques clés de lecture et accéder à ces peintures dont le thème est souvent religieux ou mythologique. - Photos : Palais de Jodhpur. -
Voici par exemple ce qu'explique un des panneaux que je traduis de l'anglais. L'exposition met l'accent sur les thèmes du jardin et du cosmos prisés par les princes Rajputs du Marwar entre 1725 et 1843. Le Maharaja Bakhat Singh, durant son règne à Nagaur (1725-1751) fait développer dans son atelier une esthétique sensuelle du palais-jardin qui dévoile son orgueil de posséder une oasis opulente avec une végétation en pleine floraison. A partir de l'émergence de la tradition religieuse Nath au XIIe ou XIIIe siècle, les mahasiddhas Nath cherchent à révéler les mystères de l'existence. Au Marwar, les ascètes Nath qui les imitent à travers la pratique de l'hatha yoga sont longtemps respectés pour leurs pouvoirs magiques. Les peintres de la cour du Maharaja Man Singh composent sur ce sujet des peintures sur des manuscrits monumentaux : Siddha Siddhanta Paddhati, Nath Purana, Nath Charit, Ramayana, Shiva Rahasya et Shiva Purana. Un autre panneau explique que la philosophie hindoue décrit la destruction et recréation périodique de l'univers. Quand le monde présent n'existe pas, seul l'Absolu (Sat Brahman) est présent. L'émergence de la Conscience (Purusha) et de la Matière (Prakriti) à partir de l'Absolu crée l'océan cosmique et ainsi l'Univers. Selon les enseignements Nath, les mahasiddhas (grands êtres perfectionnés) demeurent sensibles durant le processus de création, quand le cosmos est un vaste océan. - Photos : Palais de Jodhpur - Rapace (milan noir ?) - Ci-dessous : Une peinture Marwar sur le thème du cosmos où l'on voit le mahasiddha qui somnole, puis ouvre les yeux en même temps que la fleur de lotus s'épanouit (3e et 4e panneaux). -
L'artiste française précise que les miniatures Jaïn et bouddhistes étaient exécutées sur des feuilles de palme. Elles étaient enduites d’un apprêt fin et étaient brunies à la pierre d’agate avant l’application de la couleur. Avec l’arrivée des Moghols, les miniaturistes indiens découvrent l’utilisation du papier. Celui-ci est fabriqué par une certaine classe d’artisans (les Kagazis), généralement des musulmans, car le papier étant fait de chiffons, de filets et de produits de récupération, les hindous refusent d’y toucher et considèrent cette tâche impure. Les artisans encollent les couches de papier à la colle d’amidon pour les superposer jusqu’à obtenir l’épaisseur souhaitée. La dernière feuille (celle qui doit recevoir le dessin) est toujours de bonne qualité et faite avec des matériaux non utilisés afin que les rois et les nobles ne se "souillent" pas en parcourant les pages du livre. - Photo : Jodhpur, coupole de temple et cloche. -
Cette notion de pureté et de propreté est importante pour bien comprendre l'Inde, car elle est distincte de notre perception "occidentale". Un passage du livre de Gandhi le met en évidence. Alors qu'il est de retour pour six mois en Inde, après trois années passées en Afrique du Sud, une épidémie se déclenche à Bombay, et l'on craint qu'elle ne s'étende à Rajkot, la ville où il vécut dans son enfance, lorsque son père était "diwan" (premier ministre) de la principauté, de 1881 à 1887. Il propose ses services au département sanitaire et il met l'accent sur la propreté des latrines. Il est donc décidé qu'un comité ira les inspecter dans chaque rue. Les pauvres gens n'émettent aucune objection et ils acceptent en outre d'y apporter les améliorations qui leur sont suggérées. Mais lorsque le comité demande à inspecter les maisons des dix familles les plus éminentes, certaines lui en refusent l'accès, et s'opposent même à la simple écoute des suggestions d'aménagements. - Photo : Gandhi (à droite) à côté de son frère Laxmidas. -
"Mais nous savions par expérience que les latrines des riches étaient plus sales. Elles étaient sombres et puantes et remplies de saleté et de vers. Les améliorations que nous suggérions étaient tout à fait simples, par exemple disposer des seaux pour les excréments au lieu de les laisser tomber sur le sol, vérifier que l'urine aussi soit collectée dans des seaux au lieu d'imbiber la terre, et démolir les divisions entre les murs extérieurs et les latrines de façon à mieux éclairer et aérer celles-ci et permettre à l'éboueur de les nettoyer correctement. Les classes supérieures élevèrent un nombre considérable d'objections à cette dernière amélioration, et dans la plupart des cas, ne la mirent pas en application. Le comité dut aussi inspecter les quartiers des intouchables. Seul un membre du comité était prêt à m'accompagner là-bas. Pour les autres, c'était quelque chose d'absurde de visiter ces quartiers, et bien plus d'inspecter leurs latrines. Mais pour moi, ces quartiers furent une agréable surprise. C'était la première visite de ma vie dans de tels lieux. Les hommes et les femmes là-bas furent surpris de nous voir. Je leur demandai d'inspecter leurs latrines. - Photos : Arrière d'un camion richement décoré : USE DIPPER AT NIGHT (utilisez les phares la nuit) - Ci-dessous : Briqueterie. -
- "Des latrines pour nous !", s'exclamèrent-ils avec étonnement. - "Nous allons à l'air libre pour cela. Les latrines sont pour vous, les grandes gens. - Bon, alors, est-ce que vous ne voyez pas d'objection à ce que nous inspections vos maisons ?", demandai-je. - "Vous êtes parfaitement le bienvenu, Monsieur. Vous pouvez voir tous les coins et recoins de nos maisons. Chez nous, ce ne sont pas des maisons, ce sont des trous." J'y pénétrai et je fus enchanté de voir que les intérieurs étaient aussi propres que les extérieurs. Les entrées étaient bien balayées, les sols étaient bien enduits d'excréments de vaches, et les quelques pots et casseroles étaient propres et brillants. Il n'y avait aucune crainte d'une éruption de l'épidémie dans ces quartiers... Le comité visita aussi le Vaishnava Haveli. Le prêtre en charge était très ami avec ma famille. Il fut donc d'accord pour nous laisser tout inspecter et suggérer toutes améliorations que nous jugerions nécessaires. Il y avait une partie des locaux du Haveli qu'il n'avait jamais vue. C'était l'endroit où les déchets et feuilles utilisées comme assiettes étaient jetés par-dessus un mur. Il était hanté par des corbeaux et des milans. Les latrines étaient bien sûr sales. Je ne demeurai pas assez longtemps à Rajkot pour vérifier combien de suggestions le prêtre avait suivies." - Je rappelle que ce témoignage de Gandhi se rapporte à l'année 1896, il y a donc plus d'un siècle. - Photo : Inscriptions sur le camion : "Friends" (Amis) - Dessin d'une fleur de lotus (pour aller directement au ciel si ça explose ?) - "Highly inflamable" (Hautement inflammable). - Photo de droite : Trois religieuses chrétiennes avec une hindoue ? -
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