HORN PLEASE ! BLOW HORN ! Corne s'il vous plaît ! Coup de corne ! Voilà ce qui est inscrit derrière presque tous les camions, tracteurs et transports en commun divers et variés : ils enjoignent les véhicules qui les suivent à les klaxonner avant de doubler ! C'est une cacophonie indescriptible qui règne sur les routes et dans les rues indiennes. Etonnamment, elle s'accompagne d'un ballet parfaitement réglé, où les plus rapides se faufilent bruyamment mais avec une grande souplesse et un oeil infaillible parmi une foule hétéroclite. L'important, paraît-il, c'est que chacun garde son rythme, de façon à permettre aux autres d'anticiper le déplacement. Il semble que même les vaches, zébus, buffles, chameaux, ovins et caprins qui errent plus ou moins librement en tous lieux connaissent également la règle et ils traversent la chaussée d'un pas de sénateur. - Photo : 'Kankrej', espèce de vache du Bas-Indus (Pakistan) : production d'urine, bouses, lait, lait caillé (curd) et ghee - Nourriture, médicaments, engrais et insecticide - Augmentation de l'immunité aux maladies - sans effet secondaire, combat le cancer, l'hypertension, les maladies de peau et les maladies urinaires. -

Nous avons eu une frayeur à notre arrivée à l'aéroport de Delhi. Après que les passagers devant Jean-Louis se soient lentement dirigés vers la sortie de l'avion, il s'est engagé dans l'allée pour prendre son sac qu'il avait placé dans un coffre un peu éloigné de son siège, les plus proches étant déjà encombrés. Introuvable ! Il s'est mis à chercher partout, parcourant contre toute logique tout l'intérieur de la cabine, puis nous avons prévenu les stewards qui se sont mis à regarder aussi, mais le sac s'était envolé. Il contenait son passeport et son visa, sans lesquels il ne pouvait pénétrer en territoire indien, bien que nous ayons pris la précaution d'en faire une copie que je possédais. Nous avons été dirigés d'autorité vers la zone de transit et Anna a dû faire le lien, prévenant son père et les amies de prendre soin de nos bagages tandis que les employés parcouraient les couloirs. Après une longue attente, ils nous le rapportèrent enfin : il avait été abandonné dans une coursive. Comme il ne contenait aucun argent, son contenu n'avait sans doute pas intéressé l'indélicat. Quel stress ! - Photos : Transport de briques - Transport de la main d'oeuvre. -

Encore tendus par l'incident, nous nous installons dans le taxi. En cette fin d'hiver, il fait à peine quelques degrés en France, mais Delhi bénéficie d'une température qui nous paraît estivale. La conduite à gauche nous rappelle d'emblée que l'Inde est une ancienne colonie anglaise. Nous parvenons difficilement à notre hôtel, pittoresque mais situé dans l'ancien Delhi au milieu d'un dédale de ruelles encombrées et peu avenantes. Lorsque nous y retournerons à la fin de notre circuit en Rajasthan, quinze jours plus tard, l'impression sera bien différente et nous trouverons ce quartier plutôt tranquille et relativement propre, selon les standards indiens. La porte de notre chambre est fermée par une lourde barre métallique maintenue par un énorme cadenas et surmontée d'une tête d'éléphant. Dans la cage d'escalier, nous découvrons à chaque étage une nouvelle image pieuse, comme ci-contre celle du dieu-vacher Krishna, souvent représenté avec une peau bleue et jouant de la flûte. Pas de doute, nous sommes bien en Inde ! - Photo de droite : Le dieu Krishna. -

Nous nous remettons de nos émotions en déjeunant au sommet de l'immeuble, sur la terrasse protégée du soleil par deux tentes multicolores. La plus grande me fait penser à un grand parachute ou une montgolfière dégonflée, affaissée sur ses piquets. Elle nous ménage une ombre généreuse et bienvenue. Nous voyons bien que nous sommes dans un pays sec au ciel imperturbable : au Pays basque, une telle voilure se serait écroulée depuis longtemps sous le poids de la pluie, ou envolée avec les bourrasques ! Dans le ciel planent de nombreux rapaces, des aigles peut-être, mais je reconnais surtout des milans noirs (Elanus caeruleus), charognards bien utiles et omniprésents dans toutes les villes que nous traverserons, de même que les corbeaux familiers (corvus splendens) au plumage bicolore gris sombre - gris clair qui se hasardent sur la rambarde de la terrasse en quête de reliefs à picorer. Des pigeons tournoient en vols denses et les hirondelles rasent les toits en terrasse, virant sur l'aile autour des réservoirs d'eau de pluie. Je choisis des plats végétariens, une décision que je maintiendrai durant tout le séjour sans peine, tant est infinie la variété des menus indiens qui sont parfaitement délicieux et dépaysants. Il faut dire aussi qu'ils sont très copieux et que la chaleur ambiante et la vue des étals de boucher en bordure des rues poussiéreuses et polluées par les gaz d'échappement n'incite pas à consommer de la viande. J'ai en mémoire un empilement de cages exiguës contenant chacune un poulet vivant. Sur les grilles du dessus, des filets de viande sanguinolente étaient étalés en plein soleil, pour attirer le chaland. - Photo ci-dessous : Raj Ghat, mémorial du Mahatma Gandhi à Delhi : Plateforme de marbre ornée de fleurs et d'une flamme, dressée sur le lieu où il fut incinéré après son assassinat le 31 janvier 1948. -