Keratos Association Européenne sur les pathologies de la surface oculaire et les dysfonctionnements du système lacrymal Afficher en Français Display in English  Acesso ao site em Portugês
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Post-LASIK: une forme de kératite neurotrophique?

 

Panneau Danger Laser

L'opération réfractive de la myopie, de l'hypermétropie ou de l'astigmatisme est souvent présentée comme une libération de toute contrainte (à vrai dire, essentiellement le port de lunettes!). Pourtant, le LASIK ou toute autre chirurgie réfractive - PRK, Excimer, LASEK, reste une intervention invasive et, comme toute opération, peut comporter des risques plus ou moins importants selon des susceptibilités individuelles. L'apparition d'une éventuelle sécheresse à court ou long terme peut être l'un des ces effets, ainsi que certains troubles de la cicatrisation.
Vous nous interrogez fréquemment sur l'opportunité d'effectuer une telle opération pour des raisons esthétiques (éviter les lunettes) et le souvent car vous ne tolérez pas les lentilles de contact, notamment parce que vous présentez déjà une sécheresse oculaire légère à modérée. Nous pouvons pas répondre précisémment sur votre cas mais voici l'opinion générale de Keratos sur ce sujet.
 
Il s'agit d'une décision qui appartient aux ophtalmologues de prendre en dernier lieu, mais Keratos en tant qu'association ne peut que déconseiller ce type d'intervention pour de simples raisons esthétiques, alors qu'il existe un aléa thérapeutique même chez des personnes n'ayant, au préalable, aucune contre-indication. Il s'agit notamment de complications comme la sécheresse - trop souvent sous-estimée chez de nombreux ophtalmologues, car cela peut devenir un véritable handicap - ainsi que des défauts de cicatrisation liés à la perte de sensibilité cornéenne, etc., même si ce problème n'intervient soi-disant que dans une minorité de cas. Nous comptons, parmi nos membres, quelques exemples de cette minorité malheureuse... souvent silencieuse... mais plus nombreuse que l'on ne croit apparemment. Certains d'entre eux ont témoigné... (voir ci-dessous).
Ainsi, selon la littérature médicale sur ce problème, il semble que cette intervention est d'autant plus déconseillée lorsqu'en plus la personne souffre déjà de sécheresse ou d'un défaut de cicatrisation ou lacrymal quelconque. Vous pouvez alors prendre d'autres avis d'ophtalmologues indépendants, et il serait étonnant qu'il n'y ait pas d'avis contraire. Cela dit, à la moindre réticence de leur part, le mieux est s'abstenir lorsque cette décision émane de vous pour des raisons purement esthétiques. L'ophtalmologie moderne est capable de corriger les défauts de vision (avec plus ou moins de réussite d'ailleurs) mais elle est encore incapable de rétablir une sensibilité normale après qu'une personne l'ai perdue et également de rétablir un bon fonctionnement lacrymal lorsque l'organisme n'est pas capable de se rétablir par lui-même. Vivre en mettant des gouttes dans les yeux n'est pas la panacée.... croyez-nous... et cela reste trop souvent insuffisant. Et sur le sujet de l'impact de la sécheresse et des troubles de la cicatrisation sur la qualité de vie, certains de nos membres sont sans doute les meilleurs experts actuels ;-).
De nombreux instituts vendent cette opération comme sans aucune conséquence à long terme, mais le fait que l'opération au LASIK soit une cause disqualifiant la personne comme potentiel donneur de cornée dans de nombreux pays, démontre que "tout n'est pas si rose" et qu'elle conduit à des altérations significatives des propriétés de la cornée.
 
Voici quelques informations et liens utiles sur la sécheresse induite par les opérations réfractives:
 
Les lettres LASIK sont la contraction de Laser In situ Keratomileusis. Il s'agit donc d'un keratomileusis (c'est-à-dire une opération réfractive), une intervention chirurgicale qui consiste à modifier la puissance optique de l'oeil en modifiant aussi précisément que possible la courbure de la cornée pour corriger la myopie et l'hypermétropie. Néanmoins, il existe d'autres opérations réfractives ou modalités, le PRK (en français PKR) sont les initiales de "kératectomie photo-réfractive", Excimer, LASEK (une opération plus proche de la PKR que le LASIK) , Epi-LASIK, Intralase, le LASIK wavefront, etc.
 
Toute chirurgie réfractive reste une intervention chirurgicale invasive. La survenue de complications ne peut donc jamais être exclue à 100%. L'une des principales complications  est une sécheresse qui tient à une diminution de la sensibilité de la cornée après l’intervention. En principe, l'oeil récupère la sensibilité pour une grande part dans les 6 mois qui suivent l'opération. Mais certaines personnes gardent des séquelles et une sécheresse oculaire depuis de nombreuses années démontrant que cette récupération n'est pas toujours suffisante pour éviter une sécheresse oculaire chronique. Au sein de Keratos nous avons plusieurs personnes qui souffrent de sécheresse suite à un LASIK effectué depuis au moins 6 ans alors que ces personnes étaient soi-disant des candidats idéaux.  Ces mêmes personnes ont parfois connu des épisodes d'ulcérations qui ont laissé des cicatrices définitives sur la cornée altérant parfois la vision de façon significative. Du fait de la sécheresse, la qualité de la vision peut aussi s’en ressentir. Les symptômes peuvent être confirmés par le "marquage" de la surface de la cornée, une diminution du temps de rupture lacrymal (notamment constaté par un test fluorescéine), une diminution de la sensibilité cornéenne et même une diminution de l'acuité visuelle après correction (en comparant avec des lunettes ou lentilles par exemple).
 
Il semble bien que la cause majeure de la sécheresse oculaire après une chirurgie réfractive soit donc liée à l'hypoesthésie (sensibilité réduite) cornéenne du fait de la section des nerfs (transparents) qui sont sectionnés lors de l'opération. Ainsi, la sécheresse due au LASIK serait une variante plus légère des Kératites Neurotrophiques avec lesquelles elle partage certains enjeux. Dans ces situations, les nerfs, qui permettent de maintenir le métabolisme lacrymal normal pour faire face aux agressions, sont défaillants. La réduction de cette sensibilité affecte des mécanismes de défense telles que les larmes réflexes suite à une agression, la production aqueuse, lipidique, mucinique, la fréquence du clignement, etc. En l'absence de sensibilité, les signaux nerveux permettant de mettre en œuvre ces mécanismes une sécheresse oculaire apparaît donc. N'oublions pas que le fonctionnent lacrymal dépend d'une unité fonctionnelle entre larmes (ou les différentes glandes lacrymales), la surface oculaire et leur système de communication et d'alerte: les nerfs. Ces yeux, comme les yeux neurotrophiques, souffrent de sécheresse mais ne la ressentent pas. D'autres études suggèrent que d'autres mécanismes au-delà de ceux liés à l'hypoesthésie sont en cause.
 
Une question essentielle de santé publique se pose alors: sachant que le vieillissement accroît ces symptômes de sécheresse et de perte de sensibilité naturellement et réduit la capacité de régénération et de défense de la surface oculaire, est-il raisonnable de continuer à proposer cette opération en masse sans savoir comment réparer ces dommages éventuels ni savoir quelles seront les conséquences à très long terme de ces opérations. Par long terme nous entendons dire: qu'en sera-t-il de ces personnes lorsqu'elles atteindront un âge avancé?  Le recul que nous avons ne permet pas de le savoir.  N'oublions pas que les personnes ayant subi un opération réfractive sont disqualifiées comme donneurs de cornée dans de nombreux pays. Cela indique bien 2 choses: l'opération modifie bel et bien les propriétés de la cornée et le nombre de donneurs potentiels en sera fortement diminué alors que la pénurie de dons est flagrante.  
 
Une étude menée par le célèbre Dr. Tseng, affirme que la "nature de l'oeil sec persistant après LASIK est attribuée en partie à une diminution du [nettoyage] par les larmes, une déficience aqueuse sous-corrigée et une déficience lipidique non reconnue":
 
Lipid tear deficiency in persistent dry eye after laser in situ keratomileusis and treatment results of new eye-warming device. Di Pascuale MA, Liu TS, Trattler W, Tseng SC. Ocular Surface Center, Miami, Florida 33173, USA. Cataract Refract Surg. 2005 Sep;31(9):1741-9. PMID: 16246778.

Une autre étude de Plugfelder et al. affirme que "l'oeil sec survient fréquemment après la chirurgie LASIK chez des patients sans historique d'œil sec. Le risque de développer l'œil sec est corrélé avec le degré de myopie avant l'opération et la profondeur du traitement au laser": 

The incidence and risk factors for developing dry eye after myopic LASIK. De Paiva CS, Chen Z, Koch DD, Hamill MB, Manuel FK, Hassan SS, Wilhelmus KR, Pflugfelder SC. Am J Ophthalmol. 2006 Mars;141(3):438-45. PMID: 16490488

Sur le rôle que pourrait avoir le NGF dans le traitement de l'oeil sec après LASIK:

The effect of nerve growth factor on corneal sensitivity after laser in situ keratomileusis. Joo MJ, Yuhan KR, Hyon JY, Lai H, Hose S, Sinha D, O'Brien TP, Wilmer Eye Institute, The Johns Hopkins Hospital, Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, Baltimore, MD, USA, Arch Ophthalmol. 2004 Sep;122(9):1338-41.  

Une étude réalisée par un panel de spécialistes de la chirurgie réfractive de l'Association Américaine d'Ophtalmologie affirme que les "effets secondaires comme les yeux secs, les halos nocturnes et réduction de la sensibilité cornéenne surviennent relativement fréquemment":

Laser in situ keratomileusis for myopia and astigmatism: safety and efficacy: a report by the American Academy of Ophthalmology. Sugar A, Rapuano CJ, Culbertson WW, Huang D, Varley GA, Agapitos PJ, de Luise VP, Koch DD. Ophthalmic Technology Assessment Committee 2000-200, Refractive Surgery Panel. Ophthalmology. 2002 Jan;109(1):175-87.

 Autres articles:

LASIK and dry eye. Toda I. Minamiaoyama Eye Clinic, Tokyo, Japan. Compr Ophthalmol Update. 2007 Mar-Apr;8(2):79-85.

The effects of LASIK on the ocular surface. Solomon R, Donnenfeld ED, Perry HD, From Ophthalmic Consultants of Long Island, Rockville Centre, New York. Ocular Surface. 2004 Jan;2(1):34-44.

 

 

Voir également notre section témoignages sur les post-LASIK

 

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