Contrairement
aux autres verres dits de contact, ces verres d'un plus grand diamètre ne
reposent pas sur la cornée mais sur la sclère ou plus exactement la
conjonctive (membrane transparente qui recouvre la sclère), c'est à dire
le "blanc" de l'œil, moins sensible et moins fragile. Cela évite le
contact direct avec la cornée, qui est protégée par un réservoir de
liquide (sérum physiologique) des nombreuses agressions qu'elle peut
subir. Cela permet une hydratation et oxygénation constante de la cornée, qui est
essentielle pour l'amélioration de nombreuses pathologies de la surface
oculaire - et notamment la kératite neurotrophique et certains types de
sécheresse oculaire sévère ou encore d'autres pathologies affectant le
système lacrymal et les paupières comme chez les personnes soufrant de
Stevens Johnson - en favorisant la cicatrisation et en maintenant un
niveau d'hydratation constant et donc supérieur à tout autre substitut
lacrymal. Elles permettent ainsi de réduire les douleurs, la
photophobie, la friction et autres agressions liées aux paupières, de
corriger des astigmatismes irréguliers souvent associés à ces
pathologies.
Bien
qu'il s'agisse d'une nouvelle approche thérapeutique, les lentilles
sclérales existent depuis plus longtemps encore que les lentilles
cornéennes "classiques". C'est pourtant la première fois qu'elles sont
utilisées dans des indications thérapeutiques plutôt que visuelles.
Auparavant, leur utilisation était réservée à des yeux qui ne pouvaient
pas être corrigés par les lunettes ou d'autres types de lentilles, du
fait d'anormalités de la superficie cornéenne (telle que dans le
kératocône, cornea plana, voire dans des astigmatismes irréguliers très
importants). Depuis quelques années, et cela uniquement dans de rares
centres spécialisés dans le monde (4 à notre connaissance: aux USA, au
Royaume Uni, aux Pays-Bas et en France), elles semblent donner de très
bons résultats dans certaines pathologies de la surface oculaire, en
particulier la kératite neurotrophique et les cas de Stevens Johnson,
voire d'autres pathologies comme la rosacée oculaire pour lesquelles les
thérapies habituellement proposées restent rares et souvent inefficaces.
Elles sont souvent utilisées dans des situations de dernier recours, en
particulier lorsque toute greffe ou opération invasive sur la cornée
risque d'échouer, ou encore pour éviter une perforation imminente.
Il
ne faut pourtant pas considérer qu'elles sont à employer dans tous les
cas et soient destinées à "toutes les formes d'yeux secs". Elles
imposent un suivi très contraignant et rigoureux, et donc une certaine
motivation de la part des patients (mais si votre cas est grave, vous
l'aurez!), leur pose et adaptation étant plus complexes. Leur coût reste
très important (environ 1200 euros la paire) et elles sont encore
remboursées par la SECU (à certaines conditions seulement) sur la base
de simples lentilles (environ 39 euros la lentille)! Leur coût final
étant plus important encore du fait de l'entretien et de l'adaptation.
Ainsi, il semble qu'elles soient principalement destinées à des
pathologies graves de la surface oculaire en échec thérapeutique à
défaut d'une indication visuelle très particulière (ex: kératocône,
cicatrice sur la cornée). D'autre part, la tolérance et les bénéfices de
ces lentilles restent en partie imprévisibles et donc ne peuvent être
totalement constatés qu'au cas par cas, et qu'empiriquement (après
plusieurs essais). Il semble donc qu'elles soient susceptibles d'aider
plus certaines personnes et certaines pathologies que d'autres.
La capacité des verres scléraux à protéger
la cornée et à la maintenir constamment hydratée est indéniable et
assurément ce qui se fait de mieux actuellement. Cependant d'autres
enjeux peuvent conduire malgré tout à l'échec de ce traitementLes verres
scléraux pourraient servir de moyen de délivrer des médicaments et
autres éléments nutritifs
Ci-dessus, une coupe d'un oeil équipé d'un verre scléral où l'on peut y
voir que la cornée n'est pas en contact avec le verre et baigne dans une
fine couche de sérum physiologique.
Finalement, ce type d'option thérapeutique
reste très méconnu auprès de la plupart des ophtalmologues de France.
Sélection d'articles sur
le sujet:
Modern scleral lenses part I: clinical features.Visser
ES, Visser R, van Lier HJ, Otten HM, Visser Contact Lens Practice,
Nijmegen-Utrecht, The Netherlands.Eye
Contact Lens. 2007
Jan;33(1):13-20
Patients with severe ocular surface disease and other corneal
disorders may benefit from lens
Cheryl Guttman,
Ophthalmology Times,
Sep 1, 2005
Fluid-Ventilated,
Gas-Permeable Scleral Contact Lens Is an Effective Option for
Managing Severe Ocular Surface Disease and Many Corneal Disorders
That Would Otherwise Require Penetrating Keratoplasty,
Rosenthal,
Perry M.D; Croteau, Amy O.D,
Eye
& Contact Lens: Science & Clinical Practice. 31(3):130-134, May
2005.
Scleral Contact Lenses: The
Expanding Role. Pullum, Kenneth W;
Whiting, Mark A ; Buckley, Roger J, Cornea. 24(3):269-277,
Avril 2005.
Vers une
réhabilitation des verres scléraux?, Journal Français
d'Ophtalmologie, J.-M. Laroche, F. Baëchelé, M. Drouin, M. Ortega,
T. Hoang-Xuan, Volume 27 No 8 de octobre 2004.
Scleral contact lenses may help where
other modalities fail,
Segal O, Barkana Y, Hourovitz D, Behrman
S, Kamun Y, Avni I, Zadok D Department of Opthalmology, Assaf
Harofeh Medical Center, Zerifin, Israel.
Cornea. 2003 May; 22(4):308-10.
The Boston
Scleral Lens in the management of severe ocular surface disease,
Rosenthal P, Cotter J, Ophthalmol Clin North Am, 16(1):89-93 Mars
2003.
Scleral contact
lens overnight wear in the management of ocular surface disorders,
M.J. Tappin, K.W. Pullum & R.J. Buckley, Eye (2001), 15, 162-172.
Treatment of
persistent epithelial defect with extended wear of
fluid-ventilated gas-permeable scleral contact lens, par Perry
Rosenthal, Janis Cotter & Jules Baum, American Journal of
Ophtalmology, Vol 130 n°1, Juillet 2000.
Gas-permeable
scleral contact lens therapy for ocular surface disease, par
Tatiana Romero-Rangel, Panagiota Stavrou, Janis Cotter, Perry
Rosenthal, Stefanos Baltzatzis & C. Stephen Foster, American
Journal of Ophtalmology 130:25-32, 2000.
A study of 530
referred for RGP scleral contact lens assessment, Kenneth Pullum &
Roger Buckley, in Cornea et 16 (6):612-622, 1997; ibidem, Optometrist
Today,
20 août 1999.
Current
indications for scleral contact lenses, Foss AJ, Trodd TC, Dart JK,
Moorfields Eye Hospital, London, CLAO, 20(2):115-8 J. Avril 1994.
Treatment of
ocular surface disorders and dry eyes with high gas-permeable
scleral lenses, Kok JH & Visser, R., Department of Ophthalmology,
University of Amsterdam, The Netherlands, in Cornea 11(6):518-22,
Novembre 1992.
http://www.masson.fr/masson/portal/REVUE/JFO/2004/27/8/ARTICLE11115128033.xml&Locations= |
La question du remboursement des
sclérales
Le
remboursement des lentilles sclérales (€39,48 par lentille sur un prix
unitaire de €600 environ en France) était soumis aux
conditions de prise en charge énumérées par
le code TIPS du Journal Officiel du 23 Février 1999 pour tous les types
de lentilles, indépendamment de leur coût, de la gravité de la
pathologie, de l'absence d'alternatives pour corriger les défauts
visuels, de l'absence d'autre thérapeutique possible, etc. Ces
conditions sont réunies pour chacun des défauts visuels suivants:
-
L'astigmatisme irrégulier (après
plaie ou chirurgie)
-
L'anisométropie supérieure à 3
dioptries (ou différence de correction de plus de trois dioptries
entre les deux yeux)
-
le kératocône
(déformation évolutive de la cornée non corrigeable
par des lunettes)
-
La myopie, si elle est
supérieure à 8 dioptries
-
L'aphakie (après opération de la
cataracte, absence de cristallin)
-
Le strabisme accommodatif
Dans ces
cas, et uniquement dans ceux-là, la prise en charge des lentilles, par
la Sécurité Sociale, est de 39,48 euros par œil et par an. La Sécurité
Sociale ne rembourse pas non plus les produits d'entretien (solution de
rinçage, nettoyage et décontamination, la solution déprotéinisante et le
sérum physiologique). Par contre, il est possible que certaines
mutuelles prennent en charge des montants supérieurs selon le contrat
souscrit.
Inutile de
préciser que Keratos considérait que la Sécurité Sociale devait prendre en
compte la situation très particulière des personnes nécessitant des
lentilles sclérales de façon à préserver au maximum la vue, voire sauver
l'œil et éviter des situations de handicap et de soins hospitaliers qui
seront de toute façon beaucoup plus coûteuses pour la société. C'est une
question de vision... à long terme!
Etapes
du remboursement
Après plusieurs
démarches, Keratos a reçu une lettre du cabinet du ministre de la
santé, M. Xavier Betrand et une lettre de la Haute Autorité de Santé,
toutes deux datées du 12 octobre 2006, transmettant notre demande et
nous confirmant que la Commission ferait appel "à des professionnels
externes et aux associations de patients concernées, telles que
Keratos". A notre demande, nous avons pu en effet présenter notre
plaidoyer pour la prise en charge des verres
scléraux en compagnie
d'associations qui partagent notre objectif de remboursement des
sclérales, AMALYSTE et l'association KERATOCONE.
La Décision de la CEPP de la Haute Autorité de Santé sur
le remboursement des verres scléraux [Avril 2007]
Consultez l'
avis de la CEPP. Celui-ci
est un premier pas (timide puisqu'il confirme un SMR suffisant alors que les
patients qui les portent savent bien que s'ils ne perdent pas la vue c'est
grâce à de tels dispositifs, bref) vers le remboursement. Il faudra désormais que la commission
économique se prononce favorablement dans ce dossier fondamental pour la
préservation de la vue de centaines de personnes en France.
Communiqué de Presse de Keratos confirmant le
remboursement des verres scléraux [Octobre 2007] suite à la publication au
journal officiel.
Paris, le 15 octobre 2007 / Communiqué de Presse de l’association Keratos
Un
remboursement qui sauvera des vues !
Nous venons
de fêter, avec nos partenaires Amalyste et Keratocône, l’entrée en vigueur du
remboursement des verres scléraux SPOT par la Sécurité Sociale, suite à la
publication au Journal Officiel du 29 septembre. Ainsi, depuis le 4 octobre
2007, toute personne ayant reçu la prescription d’un tel équipement est
désormais remboursée des coûts directs conséquents (au moins 1200 euros la
paire) qu’entraînaient auparavant ce traitement indispensable pour sauver la
vue dans de nombreuses pathologies de la surface oculaire.
Contrairement aux verres dits de contact, ces verres d'un plus grand diamètre
ne reposent pas sur la cornée mais sur la sclère - le "blanc" de l'œil - ou
plus exactement sur la conjonctive qui la recouvre. Cela évite tout contact
direct avec la cornée, qui est protégée par un réservoir liquide des
nombreuses agressions qu'elle peut subir. Ces verres permettent une
hydratation et oxygénation constantes de la cornée, qui sont essentielles pour
l'amélioration des pathologies sévères de la surface oculaire. C’est le cas
notamment de la kératite neurotrophique, certains types de syndromes secs
sévères ou encore d'autres pathologies affectant la cornée, le système
lacrymal et les paupières comme le syndrome de Stevens Johnson. Ils permettent
ainsi de réduire les douleurs, la photophobie, la friction et autres
agressions liées aux paupières, de corriger des astigmatismes irréguliers
souvent associés à ces pathologies. En leur absence,
l’on
aboutit aux conséquences inévitables de ces pathologies à ce jour, qui font
progressivement de ces personnes des aveugles avec des souffrances physiques
atroces, terriblement handicapées et assistées par la COTOREP, continuellement
en soins extrêmement coûteux et pénibles à but strictement palliatif. Grâce
aux verres scléraux, notre expérience est de revoir ces mêmes patients
retrouver une vie sociale, reprendre parfois un emploi…. en somme revivre.
Les verres
scléraux existent depuis plus longtemps encore que les verres "classiques".
C'est pourtant la première fois que les verres scléraux sont utilisés dans des
indications thérapeutiques plutôt que visuelles. En effet, depuis quelques
années et cela uniquement dans de rares centres spécialisés dans le monde (4 à
notre connaissance: aux USA, au Royaume Uni, aux Pays-Bas et en France), les
verres scléraux donnent d’excellents résultats dans certaines pathologies de
la surface oculaire, en particulier la kératite neurotrophique, les Stevens
Johnson et certaines autres pathologies ulcératives de la surface oculaire.
Ils sont utilisés dans des situations de dernier recours, en particulier
lorsque toute greffe ou opération invasive sur la cornée risque d'échouer, ou
encore pour éviter une perforation et la perte de l’œil.
Ce
remboursement consacre donc un traitement qui, malgré son intérêt évident dans
le traitement des pathologies ulcératives de la cornée, n’avait pas reçu
jusqu’à présent l’attention méritée. Il est à noter que malgré les résultats
sans comparaison avec les autres options thérapeutiques en termes
d’amélioration du pronostic, de la vision, de la qualité de vie et la
diminution de la douleur et la photophobie extrêmes associées à ces
pathologies, ce traitement subit encore les effets d’une attitude assez
réfractaire de la part de nombreuses équipes ophtalmologiques. Il s’agit donc
d’une grande avancée, qui n’a pu se faire que grâce au dévouement et la
ténacité des équipes du Pr. Muraine de Rouen et de l’oculariste de
Thonon-les-Bains qui les ont développés. Ce progrès médical est également à
mettre au crédit des patients impliqués dans les essais thérapeutiques au
cours des dernières années, qui ont dû réaliser un investissement financier et
moral énorme pour vaincre les obstacles financiers (les coûts de l’équipement
et le reste à charge) et les réticences médicales de nombreuses équipes en
France. Ce coût supporté exclusivement par les malades, ainsi que l’absence
d’implication des pouvoirs publics a limité la portée de cette nouvelle
thérapie qui pourrait néanmoins sauver la vue de centaines de personnes en
France. Cet effort justifie amplement que l’on consacre aujourd’hui un plus
grand intérêt à cette nouvelle thérapie ainsi qu’aux questions non résolues
concernant les pathologies de la surface oculaire.
La Sécurité
Sociale devra prendre en compte la situation des personnes nécessitant des
verres scléraux de façon à préserver au maximum la vue, sauver l'œil et éviter
des situations de handicap et de soins hospitaliers, beaucoup plus coûteuses
pour la société. C'est une question de vision... à long terme! Rappelons que
les frais non remboursés indispensables à cette thérapie se soldent à environ
€ 500 par an qui correspondent aux produits d’entretien et d’hydratation
indispensables au fonctionnement de ce dispositif classé prothèse oculaire. Ce
classement est d’ailleurs un premier pas vers la reconnaissance actuellement
insuffisante du handicap créé par ces pathologies de la surface oculaire.
Ainsi,
l’espoir suscité par la consécration et, nous l’espérons, la plus large
diffusion de ce traitement pour nos concitoyens et amis européens affectés par
ces pathologies graves et invalidantes, est quelque peu tempéré par le reste à
charge et la volonté d’appliquer des franchises supplémentaires aux malades
chroniques déjà submergés par des dépenses de santé non remboursées.
Association
Keratos
Pour plus
d’informations voir :
http://keratos.free.fr
09 54 09 76
88
la page
consacrée à ce sujet :
http://keratos.free.fr/francais/verres-scleraux.htm
et la
publication au JO :
http://rb.juris-classeur.com/actualite/journalofficiel/21+septembre+2007JON07000028279I001
▲
copyright ©
Keratos 2007