Comment analyser sémiotiquement les consignes ?

Une consigne est un signe qui impose à son interprétant d'avoir à produire un autre signe. On pourra donc classer sémiotiquement les consignes suivant les classes de signes qu'ils demandent de construire et les moyens que nécessite cette construction.

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On pourra donc distinguer les consignes qui demandent de produire :

1. un argument : les prémisses et une conclusion sont données et la consigne consiste à trouver une série d'inférences, le présupposé étant que la conclusion est vraie, probable ou possible suivant les cas. En mathématiques la conclusion est supposée vraie et seuls les arguments déductifs sont admis. Dans les autres disciplines (sciences expérimentales, sciences humaines et sociales) on a recours, en plus, à des arguments inductifs (par exemple, trouver des lois sur une époque en histoire ou en littérature, sur un ensemble de pays en géographie, etc...) ou abductifs (émettre des hypothèses raisonnables, en philosophie par exemple).

2. un symbole dicent : seules les prémisses sont données, la consigne consistant à en tirer une conclusion vraie, probable ou possible. Les questions du type : Que peut-on dire de... ?, résumer, contracter,.. appartiennent à cette classe. L'argument est à la discrétion de l'élève.

3. un symbole rhématique : il s'agit ici de catégoriser à l'aide d'un terme : donner un titre à un texte, caractériser un ensemble d'existants ou de faits par un trait commun, etc...

4. un légisigne indexical dicent : c'est le cas de toutes les consignes qui demandent de connecter quelque chose avec des réalités extérieures en produisant des informations sur ces réalités : problèmes de chimie ou de physique sur le papier, oeuvres littéraires (regardées par exemple comme documents historiques), documents historiques reproduits, sur des photographies en géographie, etc...

5. un légisigne indexical rhématique : c'est-à-dire connecter avec des réalités extérieures sans apporter d'information sur ces réalités. Par exemple relever des marques spatio-temporelles dans un texte, diriger l'attention sur un objet sans le décrire : souligner les mots qui..., colorier, hachurer les zones qui..., etc...

6. un légisigne iconique : c'est-à-dire d'établir des analogies, relever des ressemblances, dresser des diagrammes, des courbes, des schémas, etc....

7. un sinsigne : ce sont toutes les consignes qui visent à vérifier une compréhension en demandant à l'élève de fournir un exemple singulier. Suivant les cas il peut être indexical dicent (connecté avec des réalités extérieures et véhiculant de l'information sur ces réalités), indexical rhématique (simplement connecté) ou iconique ( fournir un exemple "ressemblant").

8. un qualisigne : il s'agit dans ces cas de produire un objet sous le rapport de sa qualité : un style particulier d'écriture, l'élégance d'une démonstration, etc...

Il faut bien noter que ces classes de consignes sont ordonnées par le treillis des classes de signes. Cela signifie que chaque consigne renferme implicitement toutes celles qui sont situées au-dessous dans ce treillis. C'est peut-être ce qui fait la difficulté des différents exercices et problèmes pour les élèves car elle peut se situer à la fois au niveau de cet implicite et en même temps relever de la complexité croissante des opérations de l'esprit nécessaires pour produire la réponse. Cette complexité est manifestement en relation directe avec la position de la consigne dans le treillis. Ce dernier permettra alors dans une certaine mesure d'étalonner ces difficultés.

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