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les 6 étapes du paléolithique |
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un bison de NIAUX
note concernant les liens : la numérotation de chaque
expression contient un lien, tel que " a11 ",
qui permet d'accéder à une explication générale de cet effet, ainsi qu'à d'autres exemples de son emploi.
Ces exemples contiennent à leur tour un lien qui permet d'accéder directement aux analyses dont ils sont tirés. Ce lien permet notamment
de revenir au présent texte à l'endroit précis où vous l'avez quitté, mais vous pouvez aussi utiliser pour cela la fonction "page arrière" de votre navigateur.
Repères chronologiques :
Les analyses au Carbone 14 de la grotte de Niaux (datation "brute"), s'étagent de 12 000 à 11 000 avant J.C.
L'exemple analysé ici est un bison qui a été numéroté 133 par les archéologues. Il est physiquement voisin et stylistiquement
comparable au bison n° 130 qui a fait l'objet d'une datation de 12 890 BP (± 160), ce qui correspond à une date de l'ordre de 11 000 avant J.C.
L'image de référence : le bison n° 133 de NIAUX [s'ouvre dans une fenêtre réservée aux images]
Source de l'image : Préhistoire de l'art occidental - édité par Citadelles & Mazenod - 1995 - figure 123
1er paradoxe de transformation : ça se suit / sans se suivre
1 - Expression analytique
de type a11 :
Si l'on suit le contour du bison ou les rangées de poils internes à son flanc, on voit que les poils forment des alignements continus en se suivant les uns derrière les autres.
Mais, si on lit individuellement la direction du trajet pris par chacun des poils, on voit qu'ils sont chaque fois parallèles aux poils
voisins, de telle sorte qu'ils vont ainsi côte à côte et non pas l'un derrière l'autre.
2 - Expression analytique
de type a16 :
Les traits forment un large anneau continu qui fait le tour de l'animal.
Les traits se suivent donc suffisamment pour former ensemble et sans interruption une surface en anneau, mais à l'intérieur de
cette surface ils se divisent en paquet qui vont dans des directions qui ne se suivent pas du tout : certains suivent la direction du contour, d'autres
sont légèrement obliques par rapport à ce contour, d'autre encore franchement obliques, certains vont vers le haut du dessin et certains vont vers le bas.
3 - Expression synthétique
de type s3 :
Tout le centre de l'animal est occupé par une large surface laissée sans aucun trait, et sur laquelle se lit seulement le fond du rocher. On
trouve aussi des morceaux de surface plus petits traités de la même façon : entre les deux rangées de poils du dessus de l'encolure,
au centre de la bosse du dos, sur la joue, et dans un triangle vide de poils au niveau du cou.
Ces surfaces uniformes ne nous proposent aucune orientation de lecture, et notre regard erre au hasard pour les parcourir.
À l'opposé, les traits de contour et les rangées de poils conditionnent fortement la direction de notre regard, car ils
nous forcent à suivre la direction précise de leur tracé.
Bref, notre regard suit précisément la représentation du bison à l'endroit des rangées de poils et des contours,
mais il ne la suit pas et erre librement à sa surface aux endroits vides de traits.
4 - Expression synthétique
de type s8 :
Les pattes, tout comme le reste de l'animal, sont représentées avec un souci de réalisme qui suit étroitement la réalité
anatomique d'un bison : parties avec poils et parties sans poils, découpe des sabots avec leurs ongles et leurs ergots.
Mais très bizarrement, l'effet de perspective des couples de pattes est complètement inversé par rapport à ce que
l'on devrait s'attendre à voir : les pattes de derrière sont plus longues que les pattes de devant, et elles descendent plus bas qu'elles.
Compte tenu de l'habileté, par exemple, de la représentation en perspective de la tête avec ses cornes, on ne peut évoquer
ici un manque de savoir-faire : délibérément la représentation des pattes ne suit pas la réalité.
2ème paradoxe de transformation : synchronisé / incommensurable
[l'interférence entre les deux paradoxes de transformation fonctionnant à la façon "centre / à la périphérie", on bascule d'un effet à l'autre en restant sur les mêmes formes]
5 - Expression analytique
de type a3 :
Les traits vont dans tous les sens, et spécialement dans des directions qui sont toutes obliques les unes par rapport aux autres, de
telle sorte que nous ne pouvons pas trouver d'axe de référence pour bien saisir la complexe imbrication de leurs directions.
Pourtant, ces traits qui se distribuent de façon complexe vers des directions qui sont incommensurables entre elles, se débrouillent
pour se synchroniser en construisant tous ensembles une figure de bison immédiatement et commodément lisible.
6 - Expression synthétique
de type s4 :
Non seulement les traits partent par paquets vers des directions complètement autonomes les unes des autres, mais encore leur façon de se grouper est très variée :
- il y a les traits qui s'assemblent dans un trait de contour unique (l'arrière train, la queue, le contour des pattes, le museau, les cornes) ;
- il y a les traits qui s'assemblent en sillons parallèles (entre la crinière et la bosse du dos, l'arrière de cette bosse) ;
- il y a les traits qui tissent ensemble une tresse en chevrons (sur l'encolure entre la crinière et l'intérieur du corps) ;
- il y a les traits qui tissent ensemble un trait presque continu fait de hachures obliques presque jointives (dessous du ventre, bas de la joue, devant de l'épaule) ;
- il y a les traits qui forment des alignements de tirets parallèles et bien séparés (la crinière, le dessous du cou, le dessus de la bosse du dos) ;
- et il y a les traits qui forment des surfaces tramées de traits obliques bien séparés (flanc et partie haute des pattes).
Toutes ces textures sont générées de façons très différentes, et notre mode de perception doit se modifier
constamment pour passer de l'une à l'autre, abandonnant complètement le mécanisme de perception utile pour lire l'une au moment de passer
à l'autre, car un trait ne se lit pas comme une surface, une bande aux traits serrés ne se lit pas comme une texture de traits épars,
de longs sillons parallèles ne se lisent pas comme de courts tirets en bande, etc.
Mais si pour notre perception ces différentes textures sont incommensurables les unes par rapport aux autres, elles ne se synchronisent
pas moins dans une forme d'ensemble commodément et immédiatement lisible. En particulier, on perçoit sans difficulté que tous
ces traits groupés de façons si étrangères les unes aux autres, représentent tous des poils.
7 - Expression analytique
de type a2 :
Une partie importante des traits sont de courts tirets écartés parallèles les uns aux autres. On les trouve sur la crinière, le bas du cou, le flanc, et le dessus des pattes.
Ces traits ne se touchent jamais, et par groupes ils vont dans des directions obliques les unes par rapport aux autres, des directions qui sont donc incommensurables entre elles.
Malgré qu'ils soient ainsi complètement indépendants les uns des autres, ils se synchronisent pour être de longueur égale,
c'est-à-dire pour tous partir puis s'arrêter exactement au même rythme.
1er paradoxe d'état : même / différent
[niveau ponctuel : effet réciproque à distance des différentes parties de la forme, ou effet d'apparence globale de la forme]
8 - Expression analytique
de type a5 :
La surface qui correspond à la partie centrale du corps du bison, et de façon générale à toutes ses parties non
recouvertes de poils, est exactement la même que la surface murale de la grotte. À l'occasion de la crinière et des poils sous
le cou, elle poursuit d'ailleurs en continu la surface du rocher, sans aucune modification de teinte ni de texture.
Mais, parce qu'elle est cernée par les tracés des groupes de poils, cette surface qui est la même que la surface extérieure,
acquière une qualité qui l'en différencie profondément : elle est l'intérieur du bison et elle figure donc la peau d'un
animal, non un espace vide comme le figure la surface laissée à l'extérieur.
9 - Expression synthétique
de type s5 :
Les traits des poils sont tous traités de la même façon : par paquets de poils semblables.
Mais ces groupements sont tous différents :
- il y a les traits qui s'assemblent en sillons parallèles (entre la crinière et la bosse du dos, l'arrière de cette bosse) ;
- il y a les traits qui tissent ensemble une tresse en chevrons (sur l'encolure entre la crinière et l'intérieur du corps) ;
- il y a les traits qui tissent ensemble un trait presque continu fait de hachures obliques presque jointives (dessous du ventre, bas de la joue, devant de l'épaule) ;
- il y a les traits qui forment des alignements de tirets parallèles et bien séparés (la crinière, le dessous du cou, le dessus de la bosse) ;
- et il y a les traits qui forment des surfaces tramées de traits obliques bien séparés (flanc et partie haute des pattes).
Les quatre pattes sont toutes les mêmes et en même position droite et raide.
Mais dans le détail elles sont toutes différentes, notamment
parce que celles de l'arrière plan ne sont pas vues dans leurs parties
hautes, et parce que les deux de derrière se touchent quand celles
du devant sont bien écartées l'une de l'autre.
10 - Expression analytique
de type a14 :
La silhouette du bison est générée par le regroupement dans une même forme d'ensemble, de plusieurs types de tracés qui sont différents entre eux :
- des traits continus qui suivent exactement le contour (arrière train, queue, pattes, museau, cornes) ;
- des traits qui s'assemblent en sillons parallèles au contour (entre la crinière et la bosse du dos, l'arrière de cette bosse) ;
- des traits qui tissent ensemble un trait presque continu fait de hachures obliques presque jointives (dessous du ventre) ;
- des traits qui forment des alignements de tirets parallèles et bien séparés, tracés en oblique par rapport au contour (la crinière, le dessous du cou, le dessus de la bosse).
11 - Expression synthétique
de type s10 :
Les pattes avant se regroupent pour faire un même ensemble formé de deux différentes pattes semblables, et les pattes arrière
se regroupent également pour faire un même ensemble formé de deux différentes pattes semblables.
Les deux différentes cornes se regroupent également dans un même ensemble de cornes, qui se fait voir de façon séparée du reste du corps.
Chacun des paquets de poils résulte du regroupement dans un même ensemble, de différents poils qui sont tous les mêmes.
2ème paradoxe d'état : intérieur / extérieur
[niveau de classement : met en valeur les effets de type ponctuel du 1er paradoxe]
12 - Expression analytique de
type a9
(branchée sur l'effet -8-) :
Nous devons combiner dans notre vision :
- des surfaces cernées que l'on traite comme des creux dont on perçoit l'intérieur
: principalement le centre de l'animal, mais aussi entre les deux rangées de poils du dessus de l'encolure, au centre de la bosse du dos, la joue, et dans un triangle vide de poils au niveau du cou ;
- et des surfaces poilues qui sont clairement perçues comme la vue externe de l'animal
: flancs, pattes, rangées de poils internes de l'encolure et de la bosse, dessous de la joue, devant de l'épaule.
13 - Expression analytique de
type a16
(branchée sur les effets -8- et 10-) :
Le fond du rocher se poursuit sans modification de teinte ou de texture de l'extérieur à l'intérieur de l'animal. À l'endroit des rangées de poils espacés de l'encolure et du dessous du cou, il n'y a même aucune limite séparant l'intérieur de l'extérieur.
14 - Expression synthétique de
type s6
(branchée sur les effets -9/2- et 11/1-) :
Globalement le bison se lit comme une forme compacte dont le contour est bien cerné, forme de laquelle sortent des pattes, des cornes et une queue qui ne se laissent pas enfermer dans son contour.
On lit ces parties comme extérieures au corps du bison, mais en même temps on ne doute pas qu'il s'agisse de parties qui appartiennent au bison et qui sont donc à l'intérieur de lui.
15 - Expression synthétique
de type s1
(branchée sur les effets -9/1- et -11/2-) :
Les poils des flancs et du haut des pattes forment une large trame évoquant la fourrure de l'animal. L'extérieur de chacun des poils qui participent à cette trame est cerné par ses voisins, il est à l'intérieur de la trame.
16 - Expression analytique
de type a2
(branchée sur les effets -9/1-, -10- et -11/2-) :
Les rangées de poils des flancs sont nettement à l'intérieur du contour de l'animal.
Par comparaison, la crinière et les poils sous le cou sont dans une situation plus ambiguë : ces rangées de poils font bien
partie de la fourrure du bison, donc de son intérieur, mais on peut aussi les percevoir comme flottant au delà de son corps, donc à son extérieur.
Cette seconde perception est principalement donnée par la présence d'autres rangées de poils plus internes qui désignent mieux
la réelle position du contour extérieur de l'animal : les poils en tresse sur l'encolure, et les poils qui dessinent le bas de la
joue et de l'épaule. Ces positions étant plus internes que les poils de la crinière et du dessous du cou, ils renvoient en effet ceux-ci à l'extérieur du corps.
17 - Expression analytique
de type a6 - c
(branchée sur l'effet -10-) :
Les zones situées entre les poils de la crinière et du dessous du cou, font certainement partie du vide qui entoure le bison : ce sont des zones qui font partie de l'extérieur de l'animal.
Mais en même temps ce sont des zones situées entre les poils, donc à l'intérieur de sa fourrure.
3ème paradoxe d'état : un / multiple
[niveau d'organisation : comment la forme se répand]
18 - Expression analytique de
type a10 :
Le centre du bison est occupé par une large surface unie.
Par contraste, sa périphérie est divisée en une multitude de traits.
19 - Expression synthétique de
type s5 :
L'usage de traits représentant des poils unifie fortement la représentation, car elle apparaît très homogène sous cet aspect.
Mais ces poils ne sont pas traités partout de façon semblable, et plusieurs grandes zones se distinguent, séparant la représentation en plusieurs trames aux textures différentes.
Ces différentes textures ont été listées à l'occasion de l'analyse de l'effet -6-.
20 - Expression analytique
de type a8 :
La forme d'ensemble du bison est basée sur le contraste entre un contour vaguement défini (à cause des poils obliques qui
ne précisent pas nettement la position de ce contour) et des traits à son voisinage, espacés et obliques par rapport à lui : les pattes, la queue, les cornes.
Changeons d'échelle, et envisageons différentes parties de ce vague contour d'ensemble accompagné de traits espacés obliques :
- le contour qui correspond à l'encolure est vaguement positionné par une large tresse
de poils qui, à cause de sa largeur, ne dessine pas un trait de contour précis, et cette trame est accompagnée de la crinière
qui forme une bande de poils espacés et obliques par rapport au contour de l'encolure ;
- le contour qui correspond à l'avant de l'animal est vaguement indiqué sur le nez, sur
le dessous de la joue et à l'épaule, par des groupes de poils assez denses. Il est accompagné au-dessus par les cornes qui forment
deux traits bien séparés, et par les poils du dessus du cou qui forment également des traits séparés orientés en oblique par rapport au contour ;
- le contour du dessous du ventre est vaguement indiqué par des poils en texture serrée,
accompagnés au-dessus par les poils espacés et obliques qui dessinent la fourrure du flanc et du haut des pattes ;
- le contour de la bosse du dos est vaguement indiqué par des poils en texture serrée,
accompagnés au dessus par les poils espacés et obliques de la partie arrière de la crinière.
Le motif plastique qui génère la forme d'ensemble (son unité) se retrouve donc dans les multiples parties de cette forme. En mathématique, on nomme auto-similarité d'échelle ce principe qui fait que la forme de l'unité d'ensemble se retrouve dans les multiples parties qui divisent cette unité.
21 - Expression synthétique
de type s3 :
Chaque groupe de poils apparaît comme une texture unifiée regroupant de multiples poils.
Le groupe des cornes est fait de deux cornes semblables, celui du train avant est fait de deux pattes semblables, et celui du train arrière
est également fait de deux pattes semblables, cette fois accolées en un ensemble compact.
4ème paradoxe d'état : regroupement réussi / raté
[niveau du noeud qui résume les trois effets précédents et les bloque ensemble]
22 - Expression synthétique de
type s10 :
Comme cela a été détaillé à l'occasion de l'effet -6-, la représentation du bison regroupe des tracés aux textures très différentes.
Ces textures, qui ne se laissent pas fondre en unité homogène du fait de leurs différences, se regroupent toutes cependant dans
"l'effet poilu" qui permet que, fondamentalement, le bison soit représenté par l'apparence de sa fourrure.
Les quatre pattes, le sexe et la queue, se regroupent dans notre perception par la similitude de leurs formes verticales dirigées vers le bas,
et ce regroupement se fait spécialement remarquer du fait que leur mouvement vertical tranche avec le grand ovale fermé du corps du bison.
Mais ces formes verticales ainsi regroupées gardent par ailleurs leur autonomie : les pattes sont toutes différentes les unes de
autres, mais surtout la queue et le sexe refusent de se laisser regrouper avec les pattes du fait de leur formes trop différentes.
23 - Expression synthétique de
type s15 :
L'apparence d'ensemble du bison est celle d'un grand ovale compact duquel s'échappent deux cornes, quatre pattes, un sexe et une queue, qui ne se laissent pas regrouper dans cet ovale.
24 - Expression synthétique
de type s4 :
Le corps du bison est formé d'une partie centrale vide de traits, regroupée à l'intérieur d'un contour densément continu tout autour de sa silhouette.
Par endroits, un trait continu épais ou une trame de poils très rapprochés ferment bien ce contour, mais à d'autres endroits
(la crinière et le dessous du cou) les poils laissent le corps ouvert sur l'extérieur, et empêchent qu'il se regroupe complètement à l'intérieur d'un contour clos.
dernière mise à jour de cette analyse : 6 décembre 2006
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