Qu'est-ce qu'un texte pour la sémiotique peircienne ?

C'est un ensemble de légisignes (iconiques, indexicaux, symboliques) qui est organisé de façon que ses interprétants possibles le constituent en totalité collective (un objet dont le texte entier est le signe). L'analyse sémiotique peircienne met en évidence les fondements de cette organisation en termes d'enchâssement de niveaux d'interprétation (feuilletage).

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Nous avons déjà noté dans cette zone, que tous les mots de la langue pris isolément, toutes les propositions, tous les arguments peuvent être catégorisés dans les classes de signes selon la façon dont ils représentent leurs objets pour leurs interprétants. Pour aborder les problèmes de la linguistique textuelle il reste à décrire la combinatoire de ces signes afin d'accéder à une description satisfaisante de la signification globale d'un texte. La méthodologie utilisée consiste à dégager un diagramme de cette organisation au moyen des seules relations nécessaires entre les différentes classes de signes présentes dans le texte . Elle conduit à la détermination d'un objet global pour des interprétants explicitables, car la plupart sont sollicités par le texte . Il est clair que cet objet global sera d'autant mieux cerné que le modèle d'analyse sera plus performant .

Au premier abord un texte est donc un ensemble de sinsignes qui sont des répliques de légisignes (à quelques exceptions près relevant du néologisme). Ces sinsignes sont répliques de l'un des six types de légisignes ( I , II , III , IV , V , VI ) iconiques, indexicaux et symboliques. Les légisignes indexicaux, y compris ceux qui sont incorporés dans des symboles, dirigent l'attention sur des objets réels ; les légisignes iconiques apportent des informations sur ces objets (icônes-image, diagramme et métaphore) et montrent les relations qu'entretiennent ces objets à l'aide de prédicats, constituant de la sorte des propositions que les arguments éventuels combinent pour former de nouvelles propositions. On peut dire que le texte produit une phénoménologie de substitution : en dirigeant l'attention sur des objets hors du texte, en montrant un analogue de leurs relations et en les combinant il produit la présence à l'esprit d'un objet semblable à, car déterminé par, l'objet qui est à l'origine de sa production (une "molécule" phénoménologique pour une autre).

En plaçant "au-dessus" du texte les classes de signes qui y figurent et en reliant ces classes par leurs relations à priori on produit un feuilletage de niveaux enchâssés qui constituent l'architectonique du texte. On trouvera successivement le niveau iconique qui correspond aux interprétants émotionnels immédiats, le niveau indexical qui correspond aux existants et aux faits sur lesquels le texte dirige l'attention, le niveau symbolique qui correspond au corpus de concepts qui gouvernent le texte.

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