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félin abstrait de Vogelherd
note concernant les liens : la numérotation de chaque
expression contient un lien, tel que " s3 ",
qui permet d'accéder à une explication générale
de cet effet, ainsi qu'à d'autres exemples de son emploi.
Ces exemples contiennent à leur tour un lien qui permet d'accéder
directement aux analyses dont ils sont tirés. Ce lien permet
notamment de revenir au présent texte à l'endroit précis
où vous l'avez quitté, mais vous pouvez aussi utiliser pour
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Repères chronologiques :
Environ - 32 000 à - 28 000 avant J.C. selon datation "brute".
La calibration par la technique U-Th (Uranium-Thorium) donne pour cette
période une date de l'ordre de - 38 000.
Ce félin fait partie d'une série de statuettes sur ivoire
trouvées dans la grotte de Vogelherd, près d'Ulm en Allemagne
et attribuées à la période dite "Aurignacienne".
Quelques unes sont représentées sous
forme de croquis [s'ouvre dans une fenêtre réservée
aux images] sous forme de croquis dans l'ouvrage de Kozlowski : l'art
de la préhistoire en Europe orientale - CNRS EDITIONS - 1992 - Pl. 7.
Le choix de ce félin pour l'analyse vient du fait qu'il propose
la représentation la moins réaliste de toutes ces statuettes,
à la limite de ce que nous appellerions aujourd'hui l'abstraction
- qui n'a donc rien d'une héroïque invention toute récente
-. En outre, il propose un style assez différent du cheval analysé
par ailleurs, ce qui permet d'examiner d'autres aspects des paradoxes en
jeu dans ces formes.
L'image de référence : le
félin abstrait de Vogelherd [s'ouvre dans
une fenêtre réservée aux images]
Source de l'image : Kozlowski : l'art de la préhistoire en
Europe orientale - CNRS EDITIONS - 1992 - Pl. 7.
1er
paradoxe de transformation : le centre / à la périphérie
1 - Expression synthétique
de type s3
:
Les paquets de traits buttent les uns contre les autres, et s'équilibrent
mutuellement en se contrebutant les uns les autres sur toute leur périphérie,
c'est-à-dire aussi bien sur leurs flancs que sur leurs bouts.
L'équilibre visuel de chaque paquet est procuré par la
symétrie et la régularité de son empilement interne,
mais tout autant par la pression de tous les autres que nous voyons venir
butter contre toute sa périphérie.
[nota théorique qui peut être sauté : une rayure équivaut à un classement de trois positions différenciées : ses deux extrémités et son centre (revoir dans une autre fenêtre). Si l'on se réfère au tableau général de l'évolution (l'ouvrir dans sa fenêtre réservée) on remarque que, aussi bien pour ce qui concerne les paradoxes d'état (1ère étape de la phase ponctuelle du cycle du classement), que pour ce qui concerne les paradoxes de transformation (1ère étape à caractère ponctuel de la phase du classement du cycle du classement), avec l'étape B0-11 on est au moment où les classements émergent de façon ponctuelle les uns à côté des autres. De façon ponctuelle, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas encore classés ni organisés entre eux, et qu'ils se contentent de se bousculer les uns contre les autres, leur pression mutuelle équilibrée étant leur seule relation, celle qui fait qu'aucun ne peut se distinguer en enflant au détriment des autres. C'est précisément cette relation que résume cet effet paradoxal.]
2 - Expression synthétique
de type s8
:
Par réflexe installé en nous, nous percevons une forme
qui se dresse dans l'espace en ressentant son appui au sol, de la même
façon que nous ressentons nos pieds qui s'appuient sur le sol pour
lutter contre la pesanteur. C'est là l'appui normal instinctif de
notre perception globale, d'autant plus lorsque le forme à percevoir
est un animal qui dispose comme nous de pattes / jambes pour se dresser dans l'espace.
Ici les pattes sont cassées : le point d'appui central de notre
perception se dérobe donc au moment même où il se propose à nous.
[Nota : cet effet est l'équivalent de l'ambiguïté
sur le niveau d'assise de beaucoup de bâtiments
de l'époque maniériste au 16ème siècle
en Italie. Dans les deux cas l'appui au sol qui nous est proposé
se dérobe et nous abandonne au moment même où notre
réflexe de perception le sollicite]
2ème
paradoxe de transformation : ça se suit / sans se suivre
[l'interférence entre les deux paradoxes de transformation
fonctionnant à la façon "centre / à la périphérie",
on bascule d'un effet à l'autre en restant sur les mêmes formes]
3 - Expression analytique
de type a1 :
Notre perception hésite en permanence entre deux modes de lecture
de la forme qui se font concurrence et qui ne classent pas les formes de la même façon :
- la forme d'ensemble a une allure
presque symétrique, beaucoup plus symétrique en tous cas
que celle d'un félin normal. Cela nous entraîne à ordonner
notre vision à partir de l'axe central de cette symétrie.
- mais par ailleurs, un ensemble de légères
dissymétries nous amène à différencier clairement
un devant et un derrière à l'animal : avant penché
et plus étroit que l'arrière, moignon figurant une tête,
pattes avant et arrière d'épaisseurs différentes,
crinière hachurée à l'avant et lisse à l'arrière,
longues rayures verticales à l'avant et courtes rayures horizontales
sur l'arrière train. Percevant ces différences, nous classons
alors les formes dans un autre ordre : non plus du centre vers les deux
côtés symétriques, mais de l'arrière train vers
l'avant, ou bien en sens inverse.
Les formes se suivent dans un certain ordre si l'on adopte l'un des modes de lecture, et ce classement est dérangé pour être remplacé par un ordre différent dès lors que l'on adopte le second mode de lecture qui nous est suggéré.
4 - Expression analytique
de type a16
:
Les rayures forment une continuité rayée qui se poursuit
sur l'ensemble de la surface, mais les paquets de rayures ont des orientations
obliques l'une par rapport à l'autre, ce qui les amène à
se croiser : puisqu'ils se rencontrent et qu'ils se croisent, les
paquets de rayures ne se suivent pas l'un derrière l'autre.
On peut exprimer cela de façon plus concise : toutes les rayures
se suivent sur la surface du félin, mais elles ne vont pas dans
le même sens.
5 - Expression synthétique
de type s8
:
Cette reproduction d'un félin suit la réalité anatomique d'un félin, puisqu'on peut y reconnaître un félin. Mais elle ne la suit pas, puisqu'un vrai félin possède une tête et qu'il n'a pas de tels moignons en guise de pattes.
6 - Expression synthétique
de type s15 :
La tête et les pattes sont coupées : chaque fois il en
manque un grand bout qui devrait suivre le moignon mais qui ne le suit
pas. Par la connaissance que nous avons de la vraie forme d'un félin,
nous reconstruisons instinctivement et imaginairement dans notre perception
ces parties qui manquent : la tête et le bout des pattes ne suivent
pas leurs moignons respectifs, mais instinctivement nous les faisons suivre
dans notre perception du félin.
1er
paradoxe d'état : regroupement réussi /raté
[niveau ponctuel : effet réciproque à distance des
différentes parties de la forme, ou effet d'apparence globale de la forme]
7 - Expression synthétique de
type s10 :
Toute la surface est occupée par un ensemble de rayures qui se
regroupent tout naturellement dans une même famille de formes : celle
des rayures.
Pourtant, si l'on considère le type de ces rayures, on s'aperçoit
qu'elles ne peuvent pas être regroupées dans la même
catégorie, puisque certaines sont droites alors que d'autres sont
courbes, que certaines sont longues alors que d'autres sont courtes, et
que certaines sont alignées dans le prolongement l'une de l'autre
tandis que d'autres sont côte à côte.
8 - Expression synthétique de
type s15 :
L'omission de la tête et le raccourcissement des pattes en de
très courts moignons permet de ramasser le corps dans une forme
très compacte : le rassemblement de la forme en un noeud compact est ainsi réussi.
Mais un moignon de tête échappe à ce compactage,
une crinière se distingue clairement du volume du corps principal,
et ce qui reste des pattes n'est pas fusionné non plus avec la masse
principale du corps : le rassemblement de tous les membres dans une seule forme vraiment compacte a donc échoué.
9 - Expression analytique
de type a8 :
Le raccourcissement des pattes et l'élimination de la tête
permettent à l'ensemble de la forme de se regrouper (de se rassembler)
dans une forme qui est plus compacte que si les pattes et la tête
restaient à dépasser.
Oui, mais précisément, pour regrouper la forme de façon
aussi compacte, il a fallu renoncer à y regrouper les pattes et
la tête qui pourtant font partie du félin. Le regroupement
(complet) du félin est donc raté par le fait même de son regroupement (compact).
2ème
paradoxe d'état : fait / défait
[niveau de classement : met en valeur les effets de type ponctuel du 1er paradoxe]
10 - Expression analytique de
type a14
(branchée sur l'effet -8- et sur l'effet -9-) :
Certaines parties du félin sont à peu près correctement
faites d'un point de vue réaliste : le relief de la crinière,
les rayures du pelage, l'attache des pattes sur le corps.
Mais d'autres parties sont tout à fait "cassées" : les
pattes au-delà de leur moignons, et surtout la tête qui elle
est presque complètement "non-faite".
11 - Expression analytique de
type a10
(branchée sur l'effet -7-) :
Ce qui est fait dans une partie des rayures, est défait dans une autre partie :
- certaines rayures forment des courbes, mais
cet effet de courbure est défait dans les autres rayures qui sont strictement rectilignes,
- certaines rayures parviennent à rester
continues sur une grande longueur, mais d'autres ont leur continuité
cassée et prennent la forme de tirets les uns derrière les autres,
- certaines rayures esquissent entre elles
des alignements qui rendent la surface continue : sur la moitié
arrière ce sont les grandes rayures et les tirets qui les suivent,
et tout à l'avant ce sont les rayures verticales du corps qui se
prolongent dans le début de la crinière. D'autres rayures,
tout au contraire, se croisent en oblique et se contrarient au lieu de
se prolonger mutuellement, cassant ainsi la continuité de la surface.
12 - Expression analytique
de type a8
(branchée sur l'effet -8- et sur l'effet -9-) :
Un félin est fait, puisque la représentation est suffisamment
réaliste pour évoquer la forme d'un félin, . . . mais
c'est un félin "tout cassé", puisqu'il est sans tête
et que ses pattes sont tronçonnées.
L'absence de la tête et les brisures des pattes défont
donc en nous l'impression qu'il s'agit de la représentation réaliste
d'un félin, et l'alternance de ces deux aspects contraires nous
laisse constamment dans le doute : est-ce bien là un félin
? En tous cas, c'est "à peine" un félin, "tout juste" un
félin. Suffisamment fait pour qu'il soit là, et insuffisamment
pour qu'il soit tout en même temps "non-fait".
3ème
paradoxe d'état : relié / détaché
[niveau d'organisation : comment la forme se répand]
13 - Expression synthétique de
type s3 :
Les rayures relient toute la surface dans un réseau continu de rayures, mais elles se décomposent en paquets de rayures bien distincts et nettement coupés les uns des autres, puisqu'ils ne se touchent pas et qu'ils vont dans des directions différentes.
14 - Expression analytique de
type a13 - 2 :
Verticalement les pattes sont reliées au corps par une surface continue. Mais la patte avant se détache du ventre par un sillon marqué, et les deux pattes arrières sont nettement détachées l'une de l'autre du fait de leurs formes qui ne se recouvrent pas.
15 - Expression synthétique de
type s11 :
les traits pointillés de la croupe sont détachés les uns des autres et se relient dans un même alignement, et certains d'entre eux se relient aussi avec les traits plus longs du flanc, traits dont ils sont également détachés.
16 - Expression analytique de
type a15 - 1 :
Les rayures en tirets alignés forment des tirets détachés les uns des autres, ce qui contraste avec les longues rayures qui relient elles en continu la même longueur de trajet.
17 - Expression analytique de
type a2 - a :
La crinière dorsale est reliée en continu au corps sur toute sa longueur, mais elle s'en détache nettement par le relief qu'elle forme et le sillon qui l'en sépare.
18 - Expression analytique
de type a11 :
Dans chaque groupe de rayures, celles-ci restent liées les unes
aux autres par leur appartenance à un même parcours qu'elles
suivent en commun.
Mais elles suivent ce parcours en restant bien écartés / détachées l'une de l'autre.
19 - Expression synthétique
de type s12 :
Les trajets des rayures relient des points écartés de la surface.
Simultanément, en sens croisé, ils tranchent la surface
en bandes qui se retrouvent de ce fait détachées l'une de l'autre.
4ème
paradoxe d'état : le centre / à la périphérie
[niveau du noeud qui résume les trois effets précédents
et les bloque ensemble]
Déjà envisagé au titre du 1er paradoxe de transformation.
dernière mise à jour de cette page : 29 octobre 2006
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