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les 6 étapes du paléolithique |
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LASCAUX
la grande salle des taureaux
(paroi de gauche)
note concernant les liens : la numérotation de chaque
expression contient un lien, tel que " s5 ",
qui permet d'accéder à une explication générale de cet effet, ainsi qu'à d'autres exemples de son emploi.
Ces exemples contiennent à leur tour un lien qui permet d'accéder directement aux analyses dont ils sont tirés. Ce lien permet
notamment de revenir au présent texte à l'endroit précis où vous l'avez quitté, mais vous pouvez aussi utiliser pour cela la fonction "page arrière" de votre navigateur.
Repères chronologiques :
La grotte est datée d'environ 15 000 avant J.C. (selon datation "brute"), certaines figures pourraient être plus récentes et dater d'environ 13 500 avant J.C.
L'image de référence : la paroi de gauche de la grande salle des Taureaux de LASCAUX [s'ouvre dans une fenêtre réservée aux images]
Source de l'image : La peinture préhistorique - Lascaux ou la naissance de l'art - éditions Skira / Flammarion (1980)
Remarque générale :
Dans cette analyse on s'attachera à faire ressortir les effets qui relèvent de l'organisation d'ensemble de la scène. On
traitera aussi d'effets qui ne sont pas forcément très importants dans cette partie de fresque, mais qui sont représentatifs du style de Lascaux car ils se retrouvent en grand nombre dans le reste de la grotte.
1er paradoxe de transformation : ouvert / fermé
1 - Expression synthétique
de type s5 :
La tête du taureau de gauche forme un cul de sac, qui ferme la surface du côté du museau.
De l'autre côté la surface du corps reste ouverte, et les traits de son contour peuvent être librement prolongés par l'imagination pour compléter l'animal.
2 - Expression analytique
de type a2 - 1 :
Certains animaux sont évoqués par une silhouette pochéefermée ("bouchée" peut-on dire), tandis que d'autres sont
dessinés par un trait de contour que l'on peut suivre des yeux.
Dans un cas donc notre regard bute contre une surface fermée,et dans l'autre il glisse le long d'un parcours.
À cet effet sur le mouvement de notre regard, s'ajoute un effet que l'on peut dire "de paroi" : dans le premier cas la paroi de l'animal est bien fermée par une surface opaque, tandis que dans l'autre sa paroi est comme transparente, comme si l'on voyait à travers l'animal le fond de rocher sur lequel la peinture est réalisée.
Ici cet effet est provoqué par le contraste entre certains animaux traités par masse pochée et d'autres animaux dessinés par un trait, mais il existe d'autres animaux à Lascaux, tel le célèbre "cheval chinois" (reproduit schématiquement ci-dessus), où c'est une partie de l'animal qui est traitée par une surface pochée et l'autre partie qui est dessinée par un contour au trait.
3 - Expression analytique
de type a1 - a :
Le tronc des animaux forme une masse fermée (chevaux et cerfs) ou un contour qui se referme sur lui-même (grand taureau de droite), tandis que les pattes, les cornes et les queues s'en échappent, ouvrant ce tronc vers le lointain.
4 - Expression synthétique
de type s3 :
Les silhouettes sombres des chevaux noirs forment des masques qui font obstacle à la lumière blanche qui jaillit de la surface lumineuse qui les entoure, et qui ne peut sortir à leur endroit.
Cet effet est à rapprocher des effets de contre-jours que l'on trouve notamment chez le peintre Georges de La Tour, une main ou un visage
cachant la lueur d'une bougie qui illumine le reste du tableau [ci-dessus : détail du tableau "Le Reniement de Saint-Pierre"].
Chez Georges de La Tour cet effet correspond au même paradoxe "ouvert / fermé", qui fait partie des paradoxes de transformation
de l'étape D0-13 du 17ème siècle européen. À cette étape là c'est le paradoxe "entraîné
/ retenu" qui domine les trois autres paradoxes d'état, et cet effet de contre-jour s'accorde bien à ces deux paradoxes : la lumière
passe (parcours ouvert) autour de l'écran qui lui fait obstacle (parcours fermé), et nous sommes entraînés à
considérer que la lumière jaillit partout puisqu'elle inonde toute la scène que l'on voit, mais elle est retenue par l'écran qui fait contre-jour.
Puisqu'on est dans les contres-jours de La Tour, un dernier mot sur cet effet : la scène est toute regroupée dans l'effet lumineux
irradié par la bougie, mais ce regroupement est précisément raté à l'endroit qui fait contre-jour. Le paradoxe "regroupement
réussi / raté" est à cette étape là le paradoxe principal des paradoxes de transformation, et il se construit
notamment avec le "ouvert / fermé" ainsi que nous venons de le voir.
2ème paradoxe de transformation : rassembler / séparer
[l'interférence entre les deux paradoxes de transformation fonctionnant à la façon "centre / à la périphérie",
on bascule d'un effet à l'autre en restant sur les mêmes formes]
5 - Expression analytique
de type a15 :
La représentation des chevaux rouges rassemble deux parties bien séparées (au sens de "bien distinctes l'une de l'autre") : un corps rougeâtre, et une tête avec son encolure noire.
6 - Expression analytique
de type a6 :
Sur une partie de leurs corps le taureau de droite et le bovin rouge qui le recouvre sont rassemblés, surimposés l'un sur l'autre.
Sur le reste de leurs corps les deux animaux sont bien distincts, bien séparés l'un de l'autre.
7 - Expression analytique
de type a11 :
Les animaux sont tous rassemblés dans un même troupeau, dans une même scène.
Ils sont séparés par les vides, par les directions opposées qu'ils prennent, par leurs échelles incompatibles entre elles, par
leurs couleurs et par leur graphismes très différents (silhouettes pochées ou contours au trait).
8 - Expression synthétique
de type s10 - 1 :
L'une des pattes avant du cheval rouge est détachée de son corps par un blanc. Cependant on la perçoit bien rassemblée avec le reste du cheval.
9 - Expression analytique
de type a4 :
Les animaux ont souvent un tronc à la massivité bien affirmée, soit par une large silhouette pochée (chevaux noirs), soit par l'ample contour qui les dessine (taureau de droite).
À ce rassemblement du tronc dans une forme massive, s'opposent les pattes (ou les cornes) qui s'en séparent énergiquement
en pointant vers l'extérieur, et qui sont d'ailleurs très largement écartées (séparées) l'une de l'autre
malgré la vue de profil d'ensemble qui devrait les faire voir très proches sinon cachées l'une derrière l'autre.
10 - Expression synthétique
de type s8 :
Dans le cas du cheval rouge du haut, son apparition qui le fait comme "surgir de la brume", concentre sa représentation sur la partie haute de son corps (rassemble notre attention sur cette seule partie du corps), et elle coupe simultanément le bas du corps qui n'est pas représenté, elle le sépare de la partie haute qui surgit.
11 - Expression synthétique
de type s12 - 1 :
Dans le cas des chevaux noirs, le rassemblement complet de leur apparence dans une silhouette pochée d'une couleur presque uniforme, provoque
une brutale séparation entre cette silhouette sombre et le fond blanc qui l'entoure.
1er paradoxe d'état : lié / indépendant
[niveau ponctuel : effet réciproque à distance des différentes parties de la forme, ou effet d'apparence globale de la forme]
12 - Expression analytique
de type a13 :
L'ensemble de la voûte forme une surface blanche qui relie tous les animaux.
Sur cette grande surface qui les relie, les animaux apparaissent comme autant de taches ou de cernes indépendants. Il n'y a pas de paysage
ou de ligne de sol commune pour tous les rassembler, et ceux du haut "flottent en l'air" sans être rattachés aux autres autrement que par le blanc du fond.
13 - Expression synthétique
de type s2 - b :
Sur le grand taureau blanc de droite, se superposent un bovidé et un cerf, tous deux rougeâtres.
Ces trois animaux sont tout à fait liés, collés, attachés entre eux par ce chevauchement de leurs silhouettes. D'autant
plus que les deux plus petits sont transparents, et que le contour de la vache les traverse et s'embroche sur eux.
Mais ces trois animaux sont aussi complètement indépendants les uns des autres :
- par leurs tailles qui ne vont pas ensemble ;
- par leurs directions, puisque le bovidé rouge va en sens inverse des deux autres ;
- et par leur apparence, puisque le taureau est blanc et défini par son contour, tandis que
les deux autres sont évoqués par un aplat rougeâtre sans aucun trait pour en marquer le contour.
14 - Expression analytique
de type a16 :
Le regroupement de tous ces animaux donne l'allure d'un troupeau, et tous les animaux sont liés ensemble par leur appartenance à ce troupeau commun.
Cependant les animaux vont vers des directions indépendantes (les uns vont vers la droite, les autres vont vers la gauche). Surtout,
leurs échelles sont tellement différentes (par exemple d'énormes taureaux - il s'agit d'aurochs - qui voisinent avec de très petits
cerfs) qu'ils ne semblent pas aller "ensemble", comme s'ils relevaient de scènes ou de vues autonomes arbitrairement juxtaposées.
15 - Expression synthétique
de type s2 - a :
Le grand cheval rouge a l'une de ses pattes qui est détachée de son corps, séparée de lui par un blanc.
Mais la perception globale que nous avons du cheval, nous dit que cette patte là, bien qu'elle soit seule et indépendante, est nécessairement liée à ce corps là.
16 - Expression synthétique
de type s11 :
Les chevaux noirs forment une file qui les lie ensemble.
Dans cette bande qui les relie, chacun est bien séparé des autres, donc indépendant des autres.
Les cerfs se distinguent des autres animaux par le style particulier de leur graphisme. Ils sont donc liés entre eux par ce groupe très repérable qu'ils forment ainsi.
Mais dans ce groupe, chacun est bien indépendant des autres : ils sont nettement séparés les uns des autres, celui du
dessus se décale en hauteur, celui du centre est plus brun dans son coloris, et le dernier est attaché au grand taureau blanc.
2ème paradoxe d'état : même / différent
[niveau de classement : met en valeur les effets de type ponctuel du 1er paradoxe]
17 - Expression synthétique de
type s5
(branchée sur l'effet -16-) :
On trouve plusieurs chevaux noirs : ils sont de la même race animale, mais ils sont tous dans une phase différente de leur galop.
On trouve deux chevaux rouges à tête noire : ils sont de la même espèce, mais très différents l'un
de l'autre par leur apparence, puisque l'un est en entier, tandis que l'autre ne montre que le haut de son corps.
On trouve quatre cerfs. Ils sont de la même race animale, et tous sont différents par leur couleur ou par l'attitude de leurs pattes.
Deux grands taureaux dominent la scène : cette fois encore, même race mais apparence différente, puisque l'un est vu en
entier et comme au premier plan, tandis que l'autre n'est vu que partiellement et comme en arrière plan, derrière les chevaux.
Chaque fois donc la répétition d'un même type d'animal, et dans chaque groupe d'animaux semblables, chacun est différent des autres par son apparence ou par son attitude.
18 - Expression analytique
de type a14
(branchée sur l'effet -12- et sur l'effet -14-) :
Le troupeau regroupe dans "une seule et même" vaste scène panoramique, "différents" groupes d'animaux de races "différentes".
19 - Expression synthétique
de type s6 :
La représentation du cheval rouge en position centrale est identique à l'aspect donné par un cheval réel, mais elle en est aussi différente, puisqu'elle omet la partie basse du corps de l'animal.
20 - Expression synthétique
de type s10
(branchée sur l'effet -16) :
En -17- on a vu que le troupeau se divise en quatre groupes d'animaux : celui des chevaux noirs, celui des chevaux rouges à tête noire, celui des cerfs, et celui des taureaux.
Chacun de ces groupes comprend "différents" animaux (au sens de "plusieurs" animaux) qui sont de la "même" race.
3ème paradoxe d'état : intérieur / extérieur
[niveau d'organisation : comment la forme se répand]
21 - Expression analytique de
type a3 :
Le bovidé rouge qui recouvre le taureau de droite, est partiellement à l'extérieur de son contour, partiellement à l'intérieur.
22 - Expression analytique de
type a16 :
Le fond de calcite blanc sur lequel la scène est dessinée, traverse les deux grands taureaux, niant leur contour, et rendant leur
intérieur semblable et parfaitement continu avec leur extérieur.
Pourtant, un cerne noir marque bien la limite de leur corps, séparant nettement de part et d'autre de lui, ce qui est l'intérieur et ce qui est l'extérieur de l'animal.
Le cheval rouge à l'une de ses pattes détachée du corps, le fond de calcite blanc qui entoure l'animal ayant été laissé en réserve à cet endroit.
Cela permet au fond extérieur de pénétrer à
l'intérieur du corps, de le traverser.
23 - Expression analytique de
type a7 :
La silhouette pochée des chevaux forme une surface noire trop uniforme pour que nous percevions le volume en relief de l'animal. Dans
une telle situation, notre perception nous amène à lire la surface comme étant une masse noire qui remplit le creux de son
contour, d'autant que le noir du contour est plus dense que le centre du corps et apparaît bien ainsi comme bordant la masse centrale.
Mais la perception de cette masse noire depuis l'intérieur de son contour, évoque pourtant pour nous l'apparence extérieure de l'animal.
24 - Expression analytique
de type a2 :
Comme on l'a déjà signalé à l'occasion de l'effet -22/2-, le cheval rouge a l'une de ses pattes détachée
du corps, le fond de calcite blanc ayant été laissé en réserve.
Comme on l'a dit alors, cela permet à ce fond situé à l'extérieur du corps de pénétrer à l'intérieur,
de le traverser. Mais cela permet aussi que l'on puisse dire que la patte est complètement à l'extérieur du corps, puisqu'elle n'a aucun point commun avec lui.
Pourtant, on ressent bien, par la disposition générale de la figure, que cette patte fait partie du cheval, et que par conséquent elle est à l'intérieur de lui.
25 - Expression analytique
de type a6 - c :
La partie basse du cheval rouge en position centrale n'est pas représentée : son corps se dissout progressivement dans le fond blanc.
Le blanc situé sous le haut du corps est clairement ressenti, de par sa position, comme étant à l'intérieur du cheval.
Mais il est aussi perçu comme faisant partie du fond blanc extérieur au cheval.
L'arrière du corps du taureau de gauche n'est pas fermé, et le fond extérieur pénètre librement dans son corps.
Pourtant, le contour cerne suffisamment la forme pour que ce fond extérieur soit ressenti comme étant à l'intérieur de l'animal.
4ème paradoxe d'état : un / multiple
[niveau du noeud qui résume les trois effets précédents et les bloque ensemble]
26 - Expression synthétique de
type s4 :
La scène peut être prise comme représentant "un" troupeau compact.
Mais les animaux qui le comprennent sont tellement différents par leurs formes, par le sens de leur marche, par leurs tailles et leurs
couleurs, qu'on peut tout aussi bien considérer la scène comme une collection de multiples animaux indépendants les uns des autres.
27 - Expression analytique de
type a2 :
Dans la partie droite de la scène, le taureau blanc avec les deux animaux rouges transparents qui lui sont collés dessus, peuvent
aussi bien se lire comme un paquet groupé de formes, que comme trois formes distinctes superposées.
En fait, il s'agit "d'un" paquet de "plusieurs" formes.
28 - Expression synthétique
de type s3 :
Il y a "un" groupe de chevaux noirs qui regroupe de "multiples" chevaux semblables.
Il y a "un" groupe de chevaux rouges à tête noire qui regroupe "deux" chevaux semblables.
Il y a "un" groupe des cerfs qui regroupe de "multiples" cerfs semblables.
Il y a "un" groupe de grands taureaux blancs qui regroupe "deux" taureaux semblables.
dernière mise à jour de cette page : 22 novembre 2006
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