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L'idée : (vaut pour les 4 étapes
de la 3ème ligne du tableau)
Lorsqu'un fluide est soumis à des différences de vitesse internes trop importantes pour qu'un seul tourbillon en spirale parvienne à les résorber, de tels tourbillons se créent alors les uns après les autres, un nouveau amorçant son noyau bien compact dès que la queue du précédent devient trop lâche. Si l'on augmente encore l'énergie de la dynamique imposée au fluide, ces tourbillons s'adapteront pour être de plus en plus efficaces et pour fonctionner à des vitesses toujours accrues : - d'abord, les tourbillons vont s'arrondir et s'isoler pour tourner plus commodément sur eux-mêmes, - ensuite, ils vont s'apparier deux à deux pour former ainsi, ensemble, un couple de tourbillons ayant même sens de rotation, - enfin, des tourbillons de plus grande échelle vont se former, qui engloberont en eux des tourbillons tournant en sens inverse, créant alors un véritable emboîtement hiérarchique de tourbillons les uns dans les autres. L'idée est que dans certaines circonstances historiques, le même type d'évolution peut s'observer dans les relations humaines : pour ne pas être pas déstabilisée par les différences de richesse et de pouvoir de plus en plus grandes entre ses différents membres, la société doit s'organiser en groupes et en ensembles de plus en plus scindés, de plus en plus refermés sur eux-même, puis de plus en plus emboîtés hiérarchiquement les uns dans les autres. L'histoire de l'art garde la trace de cette évolution, car chaque étape de cette évolution repose sur une situation contradictoire (paradoxale) qui est l'enjeu principal que l'artiste s'efforce de saisir à travers son art : afin de se comprendre lui-même, et afin de comprendre sa place dans la société et par rapport à l'ensemble de l'univers. |
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Quel
est le remarquable de cette situation ? :
Lors des quatre étapes
précédentes, nous nous sommes attachés à comprendre
comment se régulaient les différences de vitesses entre les
diverses molécules du fluide, et pour cette raison nous avions dit
que ces quatre étapes relevaient toutes d'un fonctionnement "en
classement". La notion de rangement progressif, celle de rangement
par couches, et les diverses combinaisons possibles entre ces deux types
de rangement, nous avaient alors suffi pour décrire ce qui se passait
de caractéristique à chacune des 4 étapes de cette
série.
Désormais la forme
prise par l'arrangement des couches laminaires devient trop complexe pour
être décrite utilement, et désormais c'est sur la forme
d'ensemble des tourbillons et sur la façon dont ils s'organisent
entre eux que nous nous concentrerons : forment-ils des structures permanentes
ou des structures fluctuantes ? des structures isolées l'une de
l'autre ou des structures groupées dans des structures de plus grande
échelle ? des structures indépendantes ou des structures
interdépendantes ? Et puisque nous nous intéresserons à
l'organisation des tourbillons entre eux, tout naturellement nous dirons
que cet ensemble de quatre étapes fonctionne "en organisation",
comme la précédente fonctionnait "en classement", et comme
la première avait un fonctionnement "de type ponctuel".
Le
nom donné au paradoxe qui caractérise cette situation :
continu / coupé
Pourquoi
? : Dans une allée de von Karman la dynamique de
chaque spirale tourbillonnante est bien séparée de la dynamique
de ses voisines puisqu'elles tournent exactement à l'envers l'une
de l'autre : nous avons donc affaire à des organisations qui sont
coupées l'une de l'autre. Mais en même temps elles vivent
en bande, et la bande qu'elles forment fonctionne en organisation d'ensemble
continue. Donc les spirales sont, à ce stade, des dynamiques coupées
l'une de l'autre mais qui forment ensemble une dynamique continue. Voilà
comment donc on peut résumer l'organisation du fluide : elle est
"continue / coupée".
Dans certaines situations, le fonctionnement de la société humaine présente des analogies avec celui de ce phénomène physique. Cela peut se lire dans l'art, car les artistes se sont alors efforcé de mettre à nu les relations paradoxales qu'il implique entre chaque individu et le reste de sa société : le corps social se ressent totalement solidaire dans son ensemble, tout en ressentant clairement que des groupes aux intérêts divergents le déchirent et le tirent en sens contraires. |
Expression
synthétique (ses 2 aspects incompatibles sont inséparables
dans notre perception) :
Il
nous est fortement suggéré de lire la continuité d'une
forme, alors même que cette lecture est entravée par une coupure,
coupure qui est d'autant plus forte qu'est intense notre déception
à lire la continuité suggérée.
Ou
bien c'est un mur qui coupe notre vue, et qui dans le même temps
nous introduit dans la continuité fluide de l'espace.
L'exemple
caractéristique d'architecture à garder à l'esprit
pour se souvenir du paradoxe continu / coupé :
Eero Saarinen - le
terminal de la TWA à l'aéroport international de New
York Idlewild
Comment
ce paradoxe continu / coupé se manifeste dans la musique :
Effet analytique (qui
s'entend par l'évolution au fur et à mesure que le temps
passe) :
Sans s'interrompre par un
silence ou par un effet particulier (elle reste donc bien continue), la
musique avance par étapes bien marquées, par exemple par
une modification brutale dans la hauteur du son, ou par une modification
de la syllabe prononcée par le chanteur et sur laquelle il s'éternise
entre chaque changement.
Effet synthétique
(qui s'entend à chaque instant) :
La musique se décompose
en deux fils, l'un restant obstinément continu sur une même
note, tandis que l'autre fait sans arrêt des contorsions sur lui-même.
Ce second fil musical peut
aussi couper et recouper le premier.
Pour
davantage de développements sur ce fonctionnement paradoxal qui
combine en permanence coupure et continuité :
-
dans les phénomènes physiques et dans l'évolution
de la société occidentale
- en architecture
(seconde phase de l'art moderne - 1ère moitié du XXème
siècle)
Eero Saarinen - terminal de
la TWA à l'aéroport international de New York Idlewild
Mies Van der Rohe - la Villa Tugendhat
à Berlin
-
en musique :
dans le style de Saint-Martial
(début du XIIème siècle)
Pour
des exemples d'arts plastiques et d'architectures où ce paradoxe
se combine avec d'autres :
avec 3 autres paradoxes
associés à égalité, relativement bien séparés
sur des formes distinctes (fonctionnement en point) :
- dans la
Vénus de Lespugue (environ 21 000 ans avant JC), il est le 4ème
paradoxe analysé
- dans des gravures sur
roc du Val Camonica en Italie
(environ 4 000 avant JC), il passe au 3ème rang
avec 3 autres paradoxes
associés à égalité, relativement mélangés
sur les mêmes formes (fonctionnement en classement) :
- dans des gravures sur
roc à Bohuslän
en Scandinavie (environ 1 000 avant JC), il est toujours au 3ème
rang
- dans le
Parthénon d'Athènes en Grèce (5ème siècle
avant JC), il piétine toujours au 3ème rang
- dans l'art
gothique classique (fin du 12ème et début du 13ème
siècle), il passe enfin en seconde position
quand l'un des paradoxes est dominant ( fonctionnement en organisation) :
- dans le "Portrait de Baudelaire" de Matisse (1932), il est l'un des paradoxes de transformation secondaires
- dans la "Colonne sans fin" de Brancusi (vers 1938), il est aussi l'un des paradoxes de transformation secondaires
- dans "Les promenades d'Euclide" de Magritte (1955), il est l'un des paradoxes de transformation secondaires, et il est aussi l'un des paradoxes d'état au service du "synchronisé / incommensurable"
- dans la Cathédrale de Brasilia de Niemeyer (1959-1970), même chose que pour Magritte ci-dessus
- dans la "Vénus des Arts" du sculpteur Arman, il est au service du paradoxe "lié / indépendant"
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