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fiche de synthèse : 1ère ligne, 3ème colonne
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L'idée :       (même texte de la première case de cette ligne)
 
Les 4 étapes de l'évolution du phénomène physique qui mène de l'état solide à l'état liquide :
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Le réseau solide des atomes, fermement bloqués les uns contre les autres par leurs liaisons chimiques réciproques
Les atomes s'agitent frénétiquement, mais sans quitter leurposition dans le réseau
L'amorce de la fusion : certains atomes commencent à quitter leur place
L'état liquide : les atomes bougent librement les uns par rapport aux autres, ils ne sont plus tenus entre eux que par des liaisons faibles et très transitoires
 
Le phénomène physique caractéristique de la 4ème et dernière étape de cette évolution :
Quand la température de fusion est dépassée et que l'on a atteint l'état liquide les atomes restent liés entre eux, mais le fait nouveau est que ce lien est toujours extrêmement précaire sans cesse remis en cause.
L'eau par exemple (croquis ci-après) est constituée de molécules d'eau, chacune constituée d'un atome d'oxygène lié à deux atomes d'hydrogène. Lorsque l'eau est à l'état liquide ces molécules ont la particularité d'être retenues entre elles par des "liaisons faibles hydrogène". Ces liaisons faibles sont produites par l'attirance des atomes d'hydrogène qui, bien que n'appartenant pas à une même molécule, se collent cependant l'un à l'autre. Parce que cette attirance de deux molécules d'eau est réelle il se crée à tout moment dans l'eau liquide un vrai réseau de molécules attachées ensemble, mais comme cette attirance est faible ce réseau n'est pas permanent comme il l'est dans la glace : aussitôt créé il est détruit car il est immédiatement concurrencé par la formation d'un autre réseau similaire mais rassemblant des molécules différentes. Ainsi l'eau contient toujours une même proportion de molécules prises dans des réseaux de liaisons faibles hydrogène, mais ces réseaux sont constamment en train de se faire et de se défaire. De se faire ici parce qu'il s'en défait ailleurs, puis de se défaire ici parce qu'il s'en fait encore ailleurs. À tout moment chaque molécule est happée par un réseau qui l'attache aux autres, mais la direction vers laquelle elle se fait happer varie donc sans cesse.
Toujours elle est attachée aux autres, ce qui explique que l'on ait affaire à un liquide qui reste cohérent et non à un gaz qui se disperse. Mais sans arrêt ses liaisons se modifient, ce qui explique que l'on ait affaire à un matériau qui peut couler, et non pas à un solide fixé dans la rigidité.
 Une représentation schématique de l'eau liquide. Seuls ont été représentés les atomes reliés à un instant donné à quatre atomes voisins par une liaison faible. Ces atomes quatre fois reliés forment des "clusters" analogues à de minuscule cristaux de glace. Un millième de milliardième de seconde plus tard on aurait une autre figure, complètement différente, mais avec la même proportion de liaisons [document Sciences et Avenir - J.L. Lavallard]

Le nom donné au paradoxe qui caractérise cette situation :   fermé / ouvert
Pourquoi ? :   Sans arrêt une molécule est happée par un réseau de liaisons faibles, elle est faite prisonnière, mais aussitôt ce réseau doit la lâcher car c'est un autre réseau qui maintenant la happe. Ces multiples réseaux se neutralisent mutuellement, et finalement la molécule n'appartient à aucun en particulier. Tirée par-ci et tirée par-là, chaque molécule suit finalement son chemin en toute liberté.
Cette situation paradoxale on aurait pu l'appeler "libre / prisonnier", et parfois c'est à cet aspect là qu'il faut songer pour analyser sa traduction dans l'art et en particulier dans la musique. Mais pour mieux caractériser la façon dont elle se traduit souvent dans l'architecture, nous avons préférer l'appeler "fermé / ouvert" : fermée comme la cage du prisonnier, ouverte comme sa cage quand il est libéré.
 
 
 

Dans certaines situations, le fonctionnement de la société humaine présente des analogies avec celui de ce phénomène physique. Cela peut se lire dans l'art, car les artistes se sont alors efforcé de mettre à nu les relations paradoxales qu'il implique entre chaque individu et le reste de sa société : chacun est alors impliqué dans des réseaux de solidarités qui l'attachent aux autres, mais ces liens sont tellement multiples, tellement sans cesse remis en cause par d'autres liens et par d'autres solidarités, que finalement l'individu se retrouve comme libéré de tous ces liens. Il est toujours conditionné par la dynamique de son groupe, emporté par elle, plus que jamais même dans un sens. Mais il est emporté dans tellement de directions contradictoires et incohérentes entre elles qu'il en éprouve la sensation d'aller ou bon lui semble, qu'il en éprouve la sensation de ne pas suivre le groupe qui pourtant l'entraîne à tout moment et dans tous les sens
 
Comment ce paradoxe "fermé / ouvert" se manifeste dans les arts visuels et dans l'architecture :
Expression analytique (ses 2 aspects incompatibles sont séparés dans notre perception) :
Par sa surface opaque ou par sa forme bouclée l'oeuvre nous apparaît fermée, tandis que par d'autres aspects sa surface ouvre des transparences ou rayonne vers le lointain.
Ainsi, dans le projet d'opéra de Boullée, à une sphère complètement opaque et à des formes en anneaux bouclés (croquis de gauche),
s'opposent la transparence de la colonnade et les formes radiales qui l'entourent (croquis de droite)

Expression synthétique (ses 2 aspects incompatibles sont inséparables dans notre perception) :
Notre perception hésite constamment entre les aspects fermés et les aspects ouverts qui sont proposés par une même forme. Ainsi en va-t'il pour une colonnade qui se referme en boucle : en même temps précisément qu'on lit comment son parcours circulaire se referme, on lit la transparence qu'elle propose dans le sens radial.

 

L'exemple caractéristique d'architecture à garder à l'esprit pour se souvenir du paradoxe "fermé / ouvert" :
Boullée  -  le projet d'opéra pour la place du Carrousel à Paris.
On peut aussi avoir à l'esprit des coupoles à colonnade bien connues (Panthéon de Paris ou dôme du Capitole de Washington), qui opposent le bouclage de leur forme circulaire à l'ouverture panoramique de leur colonnade
 
 

Comment ce paradoxe se manifeste dans la musique où il signifie "prisonnier / libre" :
Effet analytique (qui s'entend par l'évolution au fur et à mesure que le temps passe) :
Par exemple alternance de saccades rapides puis de longs repos sur une même note, de telle sorte qu'à certains moments les notes se bousculent les unes contre les autres et s'accrochent les unes aux autres, tandis qu'à d'autres moments une note continue librement sans buter sur une autre. Cet effet est particulièrement sensible dans le chant, par le "soulagement" de la respiration et de la voix lors des épisodes de repos.

 

Effet synthétique (qui s'entend à chaque instant) :

le chant reste bloqué sur une même voyelle tout en voyageant librement en hauteur
ou bien sur une trame régulière, obstinément bloquée sur sa répétition à l'identique, de souples arabesques évoluent très librement
 

Pour davantage de développements sur ce fonctionnement paradoxal qui fait à la fois ouvert et fermé :
- dans les phénomènes physiques et dans l'évolution de la société occidentale
- en architecture (le style de l'époque dite révolutionnaire - fin du XVIIIème siècle) :
        Boullée : projet d'opéra pour la place du Carrousel à Paris
        Soane : le Breakfast Parlour du musée Soane de Londres
- en musique, où il mérite plutôt d'être appelé "prisonnier / libre" :
        dans le chant grégorien (jusque vers le Xème siècle)
        dans l'Ars Nova (XIVème siècle)
        dans un Canon de l'époque Renaissance (XVème siècle)
        dans une musique de J.S. Bach (début du XVIIIème siècle)

Pour des exemples d'architectures où ce paradoxe se combine avec d'autres :
avec 3 autres paradoxes associés à égalité, relativement mélangés sur les mêmes formes (fonctionnement en classement) :
- dans l'architecture romane (environ de 1000 à 1150 après JC), il est le 1er paradoxe analysé

dernière mise à jour de cette fiche : 19 août 2007

 

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