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Lien vers une autre analyse concernant des oeuvres de ARMAN ("Accumulations à la Warhol et accumulations à la Arman")
Arman :
La Vénus des Arts
Ce texte est spécialement destiné à présenter
le fonctionnement des paradoxes d'état depuis l'étape
D0-11 qui correspond à la Renaissance, et le fonctionnement des paradoxes
de transformation depuis l'étape B0-31, c'est-à-dire approximativement
à partir de l'empire romain pour ce qui concerne la filière
occidentale [lien vers le tableau
qui présente le découpage
des étapes que mon hypothèse m'amène à proposer
- il s'ouvre dans une autre fenêtre qui lui est réservée
afin de pouvoir toujours le garder à disposition].
Pour un résumé de ces fonctionnements, c'est-à-dire
des interférences entre les effets paradoxaux que l'on trouve dans
une même oeuvre, on pourra toujours se rapporter au texte du "petit lexique
", qui s'intitule "le fonctionnement des paradoxes aux périodes récentes".
De façon générale, aux périodes récentes l'analyse peut se concentrer sur cinq paradoxes :
1- le paradoxe d'état dominant
, car pour beaucoup il résume les trois paradoxes qu'il domine. Le
dominant ici, c'est le "lié / indépendant". Les trois
paradoxes dominés ne sont pas à négliger pour autant,
car ils sont présents et colorent donc l'oeuvre à leur façon,
mais ils sont parfois très allusifs et à peine perceptibles.
Ici, les trois dominés sont le "synchronisé / incommensurable",
le "continu / coupé" et le "même / différent".
2- le paradoxe de transformation principal. Il est incontournable, et s'il n'est pas lisible c'est très probablement
qu'il y a erreur sur le classement de l'artiste à l'étape qui
correspond à ce paradoxe. Ici, il s'agit du "regroupement réussi / raté".
3 à 5 - les trois paradoxes de transformation secondaires
. Au niveau de leur lisibilité dans l'oeuvre, ils sont fondamentalement
équivalents au paradoxe principal, et si l'on considère une
oeuvre isolément, il est parfois bien difficile de déterminer
lequel est dominant, un ou des secondaires étant souvent extrêmement
visibles. C'est par l'analyse de l'ensemble des oeuvres d'un même artiste
que le paradoxe réellement dominant peut être déterminé.
Le premier paradoxe dominé est ici le "même / différent"
(déjà envisagé comme paradoxe d'état dominé,
ce qui implique qu'il est finalement très important et souvent omniprésent).
Le second est "l'intérieur / extérieur",
et le troisième est le "un / multiple".
Pour un même artiste, le dosage entre ces divers paradoxes est variable
d'une oeuvre à l'autre. Cela concerne notamment les paradoxes d'état
dominés qui sont parfois très discrets et qui sont parfois
très présents au contraire, au point de se montrer déterminant
pour la lecture de certaines oeuvres.
Bien entendu le dosage varie aussi entre les artistes qui relèvent
de la même étape, et l'équilibre habituel qu'un artiste
propose entre les divers paradoxes impliqués, est un élément
déterminant de son style propre.
le paradoxe de transformation principal : regroupement réussi / raté
S'agissant du paradoxe principal, sa présence doit nécessairement être bien évidente.
À l'étape précédente, c'est le "un / multiple"
qui est dans cette position dominante, et par exemple dans les accumulations
de Warhol qui relèvent de cette étape [aller à cette
analyse], on trouve fréquemment de multiples fois la même et
unique image reproduite, ce qui est une claire signature du paradoxe "un / multiple".
Lorsque, lui aussi, Arman collectionne côte à côte des
images ou des objets identiques, il en change violemment l'orientation ou
la couleur, ou tout autre disposition qui différencie bien entre eux
les objets réunis, de telle sorte que leur regroupement à l'identique
n'est jamais réussi comme il l'est souvent chez Warhol [voir notamment
la "Fontaine Toto" et les "Poires allumeuses" de Arman, analysées
en même temps que les accumulations de Warhol]. Il s'agit cette fois
de la claire signature du paradoxe "regroupement réussi / raté"
en position dominante : le "un / multiple" est toujours là, et l'aspect
de "collection de multiples objets d'un seul type" en est la claire affirmation,
mais le ratage de l'uniformité de cette collection s'impose toujours.
Dans la Vénus des Arts, le procédé de l'accumulation
d'objets est à nouveau utilisé, mais ce n'est pas l'aspect
de pure collection qui importe, mais la reconstitution globale d'une statue
à partir de morceaux très hétéroclites.
À l'évidence, grâce à leur regroupement
tous ces morceaux réussissent à faire ensemble "une Vénus"
: leur regroupement réussit donc à la produire.
Mais à l'évidence aussi, cette Vénus reste imparfaite,
faite "de bric et de broc", mal unifiée et toujours morcelée
en parties qui ne sont pas cohérentes entre elles : leur regroupement
a donc échoué à produire "une Vénus" cohérente
et unifiée.
Le regroupement est réussi par un aspect, raté par un autre,
c'est donc bien un regroupement "réussi / raté" qui s'impose
ici au premier coup d'oeil, et l'on peut ajouter :
- que c'est précisément parce que le regroupement
est suffisamment bien réussi que nous sommes entraînés
à lire "une" Vénus,
- et que c'est parce que nous cherchons ainsi à
lire cette Vénus que nous constatons que, décidément,
elle est complètement hétéroclite, et par conséquent
ratée.
Il s'agit de l'expression a7-a du "regroupement réussi / raté".
Après ce premier coup d'oeil, si l'on examine d'avantage la Vénus,
on constate que le ratage de son unification compacte n'est pas général
:
- dans la partie basse qui correspond au vêtement,
les plis de celui-ci se confondent avec les coupures qui séparent
les différents morceaux de statue assemblés, de telle sorte
que finalement l'ensemble apparaît comme une draperie continue presque
parfaitement unifiée,
- à partir de la ceinture et sur toute la partie
dénudée de la statue, règne par contre le morcellement
en tranches très décalées l'une de l'autre, et se remarque
l'ajout hétéroclite de morceaux d'instrument de musique en
guise de bras.
Ainsi donc, à la partie basse où le regroupement homogène
des morceaux est bien réussi, s'oppose en contraste la partie haute
où le regroupement compact et cohérent des morceaux est spécialement
raté.
Il s'agit cette fois de l'expression a13 du "regroupement réussi / raté".
Dans l'expression précédente, on faisait valoir le contraste
entre l'aspect unifié de la draperie du bas et l'aspect hétéroclite
du haut de la statue.
On peut aussi faire valoir un contraste légèrement différent.
En effet, la draperie du bas n'est pas seulement homogène dans sa
lecture, elle est aussi continue, ce qui signifie qu'elle enveloppe bien
les jambes sous un vêtement dont toutes les parties de la surface sont
bien jointives, et en contraste le haut du corps apparaît clairement
lui traversé par l'extérieur qui pénètre dans
les tranches du torse, ou à l'occasion des béances qui séparent
le torse des "bras / instruments".
Dans l'expression précédente, nous envisagions le contraste
"unifié / hétéroclite" entre le bas et le haut de la
statue, tandis que nous envisageons maintenant le contraste "clos / ouvert"
qui existe entre ces deux même parties.
Il s'agit de l'expression s12 du "regroupement réussi / raté".
D'un côté c'est un flanc de contrebasse qui sert à faire
la courbe d'un bras, et de l'autre c'est un manche de contrebasse qui sert
à faire l'autre bras.
Une partie de nous accepte que ces morceaux d'instruments servent à
compléter la statue, parce que nous voyons bien qu'ils sont là,
en bonne position et avec la bonne forme qu'il faut pour suggérer
cela. En outre, puisqu'il s'agit d'évoquer la "Vénus des Arts",
le recours à des instruments de musique nous semble cohérent
avec cette intention.
Donc, nous nous laissons convaincre par la logique à la fois plastique
et symbolique de la présence de ces morceaux d'instruments. Mais une
autre partie de nous sait bien qu'il ne s'agit pas de vrais membres humains,
et refuse instinctivement de les associer à la vision d'une femme.
Il s'agit de l'expression s3 du "regroupement réussi / raté".
Un conflit de lecture existe aussi entre la lecture "horizontale" et la lecture "verticale".
En effet, la statue se décompose en plusieurs étages dont les
stades d'unification sont bien différents entre eux.
- en bas, il y a le socle que forme la draperie, dont
on a déjà dit qu'elle forme une continuité bien unifiée,
- au dessus, il y a la ceinture. Elle souffre de nombreux
décalages en hauteur, mais hormis sur la jambe qui s'avance et qui
en détache clairement un bout, les autres morceaux forment une continuité
non interrompue que l'on peut lire clairement,
- au dessus encore, l'étage du torse. Lui, souffre
de décalages dans tous les sens, aussi bien en hauteur qu'en profondeur,
de telle sorte qu'il ne dispose pratiquement d'aucune surface continue, contrairement
à ce dont disposait l'étage de la ceinture,
- enfin, tout en haut, il y a l'étage de la tête.
Elle soufre tout autant de décalages que l'étage du torse,
mais elle se termine de chaque côté par un morceau de tête
qui referme bien son volume, contrairement au torse qui lui se termine brutalement
de chaque côté par une tranche coupée. En outre, ses
décalages font moins "éclaté" que ceux du torse, dont
la tranche situé à droite est spécialement décalée
du reste de la forme. Au total donc, la tête forme horizontalement
un ensemble plus cohérent que celui du torse.
Chacun des quatre étages de la statue regroupe donc ses morceaux de
façon spécifique, et cela nous entraîne à lire
ces étages de façon autonome, à lire "le socle continu
que forme la draperie du vêtement", "la ligne en zig-zag que forme
la ceinture", "l'ensemble éclaté que forme le torse", et "l'ovale
horizontal que forment globalement tous les morceaux de la tête".
Mais à ce rassemblement par étages horizontaux, s'oppose la
lecture des tranches verticales qui elles aussi se font bien lire, et qui
forcent cette fois à lire les diverses parties de la forme dans un
autre regroupement : chaque morceau de la tête se lit en continuité
avec la tranche du torse qui lui correspond, avec le morceau de ceinture
qui suit cette tranche, et avec le bout de socle situé en dessous.
Et cela vaut d'ailleurs dans l'autre alternative : si l'on cherche à
regrouper les parties de la statue par tranches verticales, leur regroupement
horizontal se fait alors sentir qui dérange notre perception des tranches
verticales.
Il s'agit de l'expression s5-a du "regroupement réussi / raté".
L'effet que nous allons envisager maintenant est spécialement important,
car il est utilisé de façon très voisine par la plupart
des autres paradoxes de transformation ainsi que par le paradoxe d'état
principal.
Il s'agit de la répétition côte à côte de
"tranches de Vénus", qui sont à la fois très semblables
entre elles pour que l'on repère cet effet de répétition,
et suffisamment différentes entre elles pour que l'on repère
bien ce qui les différencie.
- ainsi, le niveau de la tête est occupé
par quatre tranches de tête qui font chaque fois le même effet
précisément de "tranche de tête féminine", mais
parfois il s'agit d'une tête adulte et parfois il s'agit d'une tête
plus enfantine, et parfois il s'agit d'une tranche située du côté
gauche de la tête, et parfois il s'agit d'une tranche située
du côté droit.
- ainsi, le niveau du torse est occupé par quatre
tranches de torse qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de torse féminin", mais leurs hauteurs sont très
inégales, l'un est presque sans relief et les autres soulignent le
relief du corps, notamment celui du sein, et parfois c'est un bout d'épaule
gauche qui est montré, parfois c'est un bout d'épaule droite.
- ainsi, le niveau de la ceinture est occupé par
quatre tranches de ceinture qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de ceinture plissée", mais leur largeur varie fortement
d'une tranche à l'autre, ainsi que leur hauteur relative par rapport
au corps de la Vénus.
Pour le paradoxe envisagé actuellement, cet effet implique que nous
regroupons visuellement ces quatre tranches dans un effet de "répétition
de quatre tranches de même type", et simultanément nous remarquons
que ce regroupement côte à côte des tranches est raté,
car il ne s'agit pas de tranches véritablement identiques.
Il s'agit de l'expression s10 du "regroupement réussi / raté".
Lié à l'effet précédent, on peut signaler l'effet de "surnombre" de certaines parties du corps :
- toutes les tranches de tête sont bien regroupées
ensemble de façon compacte pour suggérer une tête de
Vénus, mais finalement cette tête se retrouve avec deux yeux
gauches et deux yeux droits, de telle sorte que nous devons instinctivement
en supprimer la moitié pour reconstituer dans notre perception une
Vénus crédible,
- la même chose vaut pour son épaule gauche
(à droite sur l'image) dont le raccord avec le cou se retrouve en
deux exemplaires,
- et la même chose vaut aussi pour le sein gauche
dont deux exemplaires sont suggérés côte à côte.
Il s'agit de l'expression s11 du "regroupement réussi / raté".
Cette statue regroupe deux types de formes bien contrastés :
- d'une part il y a des morceaux de Vénus, formant
les quatre tranches verticales du centre de la statue ;
- d'autre part il y a des morceaux d'objets à fonction
symbolique : deux morceaux de cadre de tableaux (dont un est tombé
à terre) et deux morceaux de violoncelle (un flanc et un manche) ;
La différence de nature est tellement nette entre ces deux types de
formes, que nous sommes tentés de les scinder en deux groupes : celui
correspondant au corps de la Vénus, et celui correspondant aux objets
qu'elle porte. Mais une ambiguïté existe concernant les deux
morceaux de violoncelle, qui peuvent tout aussi bien être pris pour
les deux bras de la Vénus, tellement le flanc du violoncelle reprend
l'évolution successive des courbes d'un bras humain, et tellement
le manche de violoncelle semble un bras qui teint le morceau de tableau serré
contre le corps de la Vénus.
Du fait de cette ambiguïté, les deux morceaux de violoncelle
peuvent être regroupés avec les quatre tranches centrales pour
former ensemble le corps complet de la Vénus ainsi munie de bras,
et se regroupement complet de la Vénus peut aussi être considéré
comme raté, si ces deux morceaux sont distingués du corps et
regroupés avec l'ensemble des morceaux d'objet que porte une Vénus
sans bras.
Il s'agit de l'expression a15 du "regroupement réussi / raté".
On peut aussi opposer le regroupement global des formes dans une statue de
Vénus, à la dynamique particulière et à l'échelle
différente utilisée pour chacun de ses morceaux. Chacun affirme
en effet une autonomie d'expression qui heurte la cohérence de leur
regroupement d'ensemble :
- la
tête et le torse sont faits de morceaux de statues de tailles très
différentes,
- les courbes de la tranche de contrebasse fuient dans
un plan perpendiculaire à celui des courbes des tranches de la Vénus,
- l'oblique du cadre qui semble lui glisser des mains
est difficilement calable dans notre perception par rapport à l'axe
du personnage que l'on devine sans pouvoir bien le localiser, d'autant que
la Vénus est moitié en équilibre statique sur son pied
arrière, et moitié en train d'avancer l'autre pied.
Il s'agit de l'expression a10 du "regroupement réussi / raté".
Dans le cas particulier de la tête, la différence d'échelle
est tellement grande entre les deux petits morceaux de tête enfantine
et les deux autres morceaux qui eux sont bien à l'échelle et
à "l'âge requis" pour correspondre à une tête de
Vénus, que ces deux morceaux enfantins nous apparaissent comme incongrus,
étrangers à la statue, et instinctivement une partie de nous
nie tout simplement leur présence.
Ainsi ils sont donc tous les deux nécessairement regroupés
dans la Vénus, puisqu'on ne peut omettre de les voir, et ils sont
aussi instinctivement retranchés du fait de leur incohérence
avec le reste de la statue.
Il s'agit de l'expression s3 du "regroupement réussi / raté".
Tous les morceaux qui forment la ceinture sont regroupés dans une
suite continue qui forme précisément ce que nous percevons
comme étant "la ceinture" de la Vénus.
Mais pour percevoir ce regroupement il faut franchir les failles des décalages
de largeurs, de hauteurs, et parfois de plans, qui séparent les différents
morceaux et qui empêchent la réussite de leur regroupement continu.
Il s'agit de l'expression s16 du "regroupement réussi / raté".
Pour ce qui concerne le torse, et dans une moindre mesure le visage, notre
perception alterne constamment entre la vue des surfaces qui renseignent
sur l'extérieur du corps, et la vue de ses tranches coupées
qui montrent "la coupe intérieure" du corps, c'est-à-dire une
partie que normalement nous ne voyons pas.
Ainsi, le regroupement de l'enveloppe extérieure de la Vénus
est partiellement raté, puisqu'il est partiellement formé de
tranches qui correspondent en fait, non pas à l'extérieur,
mais à l'intérieur de son corps.
Il s'agit de l'expression s4 du "regroupement réussi / raté".
Pour finir, on peut opposer la continuité compacte de la surface de
la partie basse et de l'axe central de la statue, au déchiquetage
de la périphérie de son volume (sur les flancs du torse, et
au niveau des morceaux de contrebasse qui en forment les bras) qui se laisse
franchement traverser par l'air extérieur.
Cet effet est spécialement fort au niveau des tranches latérales
du torse qui sont creuses, et qui par conséquent se laissent pénétrer
par l'extérieur jusqu'au plus profond de leur volume.
Il s'agit de l'expression s2-1 du "regroupement réussi / raté".
premier paradoxe de transformation secondaire : même / différent
La sculpture se découpe en tranches qui sont toutes à la fois semblables et différentes, principe
qu'il suffit d'énoncer pour s'apercevoir combien il correspond à une expression de "même / différent".
On rappelle le détail de cet effet qui avait déjà été envisagé avec le paradoxe de transformation principal :
- le niveau de la tête est occupé par quatre
tranches de tête qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de tête féminine", mais parfois il s'agit d'une
tête adulte et parfois il s'agit d'une tête plus enfantine, et
parfois il s'agit d'une tranche située du côté gauche
de la tête, et parfois il s'agit d'une tranche située du côté
droit.
- le niveau du torse est occupé par quatre tranches
de torse qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de torse féminin", mais leurs hauteurs sont très
inégales, l'un est presque sans relief et les autres soulignent le
relief du corps, notamment celui du sein, et parfois c'est un bout d'épaule
gauche qui est montré, parfois c'est un bout d'épaule droite.
- le niveau de la ceinture est occupé par quatre
tranches de ceinture qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de ceinture plissée", mais leur largeur varie fortement
d'une tranche à l'autre, ainsi que leur hauteur relative par rapport
au corps de la Vénus.
Chaque fois donc, quatre tranches de même type, qui correspondent aux
mêmes parties du corps, et qui sont chaque fois bien différentes
entre elles.
Il s'agit de l'expression s5 du "même / différent".
On peut aussi oublier ce qui différencie chacune des quatre tranches
de la Vénus, et se concentrer sur le fait qu'il s'agit chaque fois
de tranches de même type, ayant toutes à peu près la
même forme générale.
Alors, on constate qu'une même Vénus (c'est-à-dire une
seule et même Vénus) est formée par le regroupement de
différentes tranches de Vénus (au sens de plusieurs tranches).
Il s'agit de l'expression s9 du "même / différent".
Le bas de la Vénus est fait d'une unique draperie à
l'apparence continue et compacte, même si elle est
fabriquée à partir de morceaux de statues
différents, tandis que la partie haute de la Vénus est
faite de multiples parties qui sont laissées fortement
disjointes, qu'il s'agisse du cadre, des morceaux d'instrument de
musique, ou des divers morceaux de personnage qui forment chacun une
tranche décalée bien séparée des autres.
Ainsi, une même statue combine deux parties aux allures
différentes : d'une part une partie dont l'unicité est
bien compacte, et d'autre part une partie qui est fortement
morcelée en de multiples tronçons.
Il s'agit de l'expression a13-1 du "même / différent".
L'ensemble de la Vénus est formé par le regroupement de deux parties très différentes :
- d'une part des morceaux de statues antiques,
- d'autre part des morceaux d'objets
(morceaux de contrebasse, de cadres, et quelques tôles).
Une même statue est donc réalisée ici à partir
de deux types de morceaux bien différenciés.
Il s'agit de l'expression a14 du "même / différent".
Il s'agit d'une représentation féminine qui ressemble suffisamment
à une femme pour qu'on pense qu'il s'agit de la représentation
allégorique d'une Vénus.
Mais convenons que des morceaux de contrebasse à la place des bras,
et un découpage général en tranches quelque peu hétéroclites,
cela n'a rien à voir avec la représentation d'une femme.
Par un aspect, cette statue a donc la même apparence qu'une femme,
et par un autre aspect elle en est donc très différente.
Il s'agit de l'expression s6 du "même / différent".
deuxième paradoxe de transformation secondaire : intérieur / extérieur
Des morceaux de contrebasse en guise de bras (un flanc de contrebasse d'un côté, un manche
de contrebasse de l'autre), cela nous apparaît nécessairement
incongru pour représenter la réalité d'une femme, même
si par ailleurs, compte tenu du caractère symbolique de la statue
comme évocation des arts, cette substitution nous apparaît significative.
Par un aspect donc, nous admettons que les morceaux de contrebasse remplacent
les bras et qu'ils soient donc à l'intérieur du corps de la
Vénus, mais par un autre aspect notre perception n'accepte pas cette
incongruité, et considère qu'il s'agit de morceaux d'instruments
qui sont à l'extérieur de la Vénus seulement accolés sur elle.
Il s'agit de l'expression s15 de "l'intérieur / extérieur".
La tête est l'occasion d'un effet particulièrement fort de ce
paradoxe : elle est formée de deux têtes de taille différentes
qui s'intercalent l'une dans l'autre en tranches successives.
On peut en effet aisément visualiser les deux grandes tranches de
tête qui correspondent à l'échelle d'ensemble de la statue
et à son aspect général de "femme adulte". Ces deux
morceaux correspondent pour l'un à la moitié droite du visage,
et pour l'autre à la moitié gauche. Ils sont par ailleurs peu
écartés, de telle sorte qu'on les lit spontanément ensemble,
et formant ensemble la "véritable tête plausible" de la Vénus.
Les deux autres morceaux sont de taille anormalement petite pour bien coller
au reste de la statue, mais là aussi on remarque rapidement leur complémentarité,
et on les regroupe ensemble pour former une petite tête intercalée
dans la plus grande.
L'emboîtement alterné des tranches des deux têtes permet
que chacune ait un morceau qui soit complètement à l'extérieur
de l'autre tête, et un autre morceau qui soit complètement à
l'intérieur de l'autre.
Chacune des deux têtes est donc à la fois à l'extérieur
de l'autre et à l'intérieur de l'autre.
Il s'agit de l'expression a1 de "l'intérieur / extérieur".
Le morceau de la petite tête qui est situé à l'intérieur
de la grande, est véritablement logé à l'intérieur
du volume même de cette grande, enfoncée loin à l'intérieur
de ses tranches. Physiquement elle est donc complètement entourée
par la grande, complètement à l'intérieur du volume
de la grande tête.
Mais elle n'en est pas moins l'extérieur de la petite tête, c'est-à-dire son enveloppe extérieure.
Une tranche représentant l'extérieur d'une petite tête
est donc complètement coincée à l'intérieur du
volume de la grande tête.
Il s'agit de l'expression a6-a de "l'intérieur / extérieur".
Remarquons que cela ne vaut pas pour les tranches de la grande tête,
dont l'extérieur dépasse toujours du volume de la petite.
Le morceau de petite tête le plus à droite est à l'intérieur de la tête de la statue.
Mais si on le lit en continuité avec le cou, l'épaule et la
tranche de buste auxquels il est solidaire, on le considère alors
comme faisant partie d'une tranche fortement décalée, rajoutée
sur le côté de la statue, et ce morceau n'est plus alors ressenti
à l'intérieur de la tête, mais extérieur à
elle, accolé sur son côté.
Il s'agit de l'expression s5 de "l'intérieur / extérieur".
Le côté des tranches de corps humains correspond, de par sa
position, à ce qui se trouve à l'intérieur du corps.
S'il ne n'agissait pas de morceaux de statues mais de véritables morceaux
de corps humains, il s'agirait de l'intérieur de leur chair.
Pourtant, ces morceaux qui correspondent à l'intérieur du corps
sont ici mis à l'air libre, c'est-à-dire en position de former
l'enveloppe extérieure de la statue : c'est comme si la chair était
en position d'être la peau.
Il s'agit de l'expression s7 de "l'intérieur / extérieur".
Les tranches du torse sont creuses, comme est creux également le morceau de caisse de contrebasse.
Compte tenu de cette particularité, nous lisons simultanément
le creux intérieur du volume de chaque tranche, et le plein extérieur
du même volume.
Il s'agit de l'expression a9 du "intérieur / extérieur".
Cette situation permet aussi que l'air extérieur traverse et pénètre
largement l'intérieur du volume de la statue.
Il s'agit cette fois de l'expression a16 de "l'intérieur / extérieur".
troisième paradoxe de transformation secondaire : un / multiple
Une expression de ce paradoxe nous ramène à un effet déjà vu avec le paradoxe de
transformation principal. Il s'agit de la multiplication des tranches qui
sont à la fois de même type et différentes entre elles
dans leurs détails, ce que l'on rappelle à nouveau :
- le niveau de la tête est occupé par quatre
tranches de tête qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de tête féminine", mais parfois il s'agit d'une
tête adulte et parfois il s'agit d'une tête plus enfantine, et
parfois il s'agit d'une tranche située du côté gauche
de la tête, et parfois il s'agit d'une tranche située du côté
droit.
- le niveau du torse est occupé par quatre tranches
de torse qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de torse féminin", mais leurs hauteurs sont très
inégales, l'un est presque sans relief et les autres soulignent le
relief du corps, notamment celui du sein, et parfois c'est un bout d'épaule
gauche qui est montré, parfois c'est un bout d'épaule droite.
- le niveau de la ceinture est occupé par quatre
tranches de ceinture qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de ceinture plissée", mais leur largeur varie fortement
d'une tranche à l'autre, ainsi que leur hauteur relative par rapport
au corps de la Vénus.
Du fait qu'elles se ressemblent, ces quatre tranches nous semblent quatre
répétition d'une tranche identique. Mais du fait qu'elles sont
aussi bien différenciées, elles nous apparaissent en même
temps comme de multiples tranches, seulement accolées entre elles
et non unifiées dans leur apparence.
Il s'agit de l'expression s5 du "un / multiple".
La statue nous apparaît globalement comme une Vénus, mais aussi
comme un collage de diverses tranches de statues découpées,
bref comme "une" ou comme collage de "multiples" tranches.
Il s'agit de l'expression s6 du "un / multiple".
Si nous voulons percevoir l'unité de la femme suggérée,
nous sommes obligés de contraindre notre perception à passer
outre les divisions que ses tranches y impriment, ce qui précisément
a pour effet de souligner cette division en multiples parties contre
laquelle notre perception doit lutter.
Cela vaut pour l'unité globale de la Vénus, mais cela vaut
aussi dans le détail pour la lecture de chacun de ses étages,
et en particulier pour la ceinture dont la continuité qui permet de
la saisir comme unique, oblige à passer outre ses multiples cassures
de hauteur.
Il s'agit chaque fois de l'expression s7 du "un / multiple".
Enfin, à la partie basse de la statue qui forme une draperie bien
unifiée en continu, s'oppose le reste de ses formes qui, elles, sont
très morcelées en parties hétéroclites, et très
mal jointives entre elles.
Il s'agit de l'expression a10 du "un / multiple".
le paradoxe d'état dominant : lié / indépendant
On commence par le "regroupement réussi / raté" des différentes
tranches dans une suite de tranches semblables, effet dont on avait dit qu'il
revenait de façon récurrente :
- le niveau de la tête est occupé par quatre
tranches de tête qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de tête féminine", mais parfois il s'agit d'une
tête adulte et parfois il s'agit d'une tête plus enfantine, et
parfois il s'agit d'une tranche située du côté gauche
de la tête, et parfois il s'agit d'une tranche située du côté
droit.
- le niveau du torse est occupé par quatre tranches
de torse qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de torse féminin", mais leurs hauteurs sont très
inégales, l'un est presque sans relief et les autres soulignent le
relief du corps, notamment celui du sein, et parfois c'est un bout d'épaule
gauche qui est montré, parfois c'est un bout d'épaule droite.
- le niveau de la ceinture est occupé par quatre
tranches de ceinture qui font chaque fois le même effet précisément
de "tranche de ceinture plissée", mais leur largeur varie fortement
d'une tranche à l'autre, ainsi que leur hauteur relative par rapport
au corps de la Vénus.
Parce que ces tranches sont semblables, visuellement nous les regroupons
en ensembles de tranches semblables, et parce qu'elles sont clairement différentes,
nous conservons bien aussi la notion de l'autonomie d'apparence de chacune
d'elles.
Il s'agit de l'expression a16 du "lié / indépendant".
Comme ces tranches forment de véritables bandes horizontales de tranches
côte à côte, non seulement nous les regroupons visuellement
du fait de leur ressemblance, mais nous les regroupons aussi pour l'effet
de bande qu'elles forment : elles sont liées ensemble par cet effet
d'alignement côte à côte, et comme elles sont en même
temps franchement décalées en hauteur l'une de l'autre, elles
restent perçues comme autant de tranches indépendantes. Il
ne s'agit pas en effet de tranches fondues en continu, comme il en va pour
le vêtement qui forme le bas de la statue.
Il s'agit de l'expression s11 du "lié / indépendant".
Les quatre grandes tranches verticales et les morceaux d'objet qui sont accolées
sur les côtés sont liés ensemble par leur participation
commune à la suggestion d'une Vénus symbolisant les arts. Malgré
ce regroupement qui les relie ensemble dans le même personnage symbolique,
ces diverses tranches et objets gardent une indépendance bien marquée
puisqu'on peut les différencier.
Il s'agit de l'expression a3 du "lié / indépendant".
Si les quatre tranches autonomes tiennent ensemble, c'est aussi parce qu'elles
sont liées par collage l'une contre l'autre.
Il s'agit de l'expression a6 du "lié / indépendant".
Toutes les parties de la statue n'ont pas le même rôle :
- les quatre tranches verticales de
la Vénus forment le massif principal de la forme,
- et les morceaux d'instrument, de tableaux, et de bouts
d'ailes, sont des formes qui sont comme rapportées sur ce massif principal,
et accrochées à lui.
En somme, c'est la Vénus qui sert de lien commun à tous les
morceaux indépendants qui sont accrochés sur elle.
Il s'agit de l'expression a13 du "lié / indépendant".
On peut aussi décomposer la statue entre sa partie basse et le reste de ses formes :
- dans le vêtement qui forme la moitié basse
de la statue, les quatre tranches sont bien collées entre elles et
forment un ensemble continu et bien compact,
- dans le reste de la statue au contraire, les divers
morceaux sont très détachés les uns des autres, et ils
laissent entre eux de fortes béances ou de forts décalages.
Il s'agit de l'expression a7 du "lié / indépendant".
La tête, mais également le torse, sont formés de surfaces
que l'on peut lire en continu dans le sens horizontal.
Mais cette lecture est gênée par le découpage en tranches
verticales qui force à lire également ces formes dans le sens
vertical.
Les quatre parties de la tête et du torse sont donc liées entre
elles dans le sens de lecture horizontal, et elles affirment simultanément
leur indépendance en montrant qu'elles se poursuivent chacune d'une
façon différente si l'on opte cette fois pour un sens de lecture
vertical.
Il s'agit de l'expression a4 du "lié / indépendant".
C'est la représentation d'un corps de femme que nous avons devant
nous. Mais le remplacement des bras par des morceaux d'instrument de musique
est un artifice dont l'aspect factice et saugrenu ne nous échappe
pas.
Les quatre tranches verticales centrales sont ainsi liées à
l'aspect réel d'un corps de femme, tandis que les deux bras/contrebasses
restent eux très indépendants de son aspect réel.
Il s'agit de l'expression s6 du "lié / indépendant".
premier paradoxe d'état dominé par le lié / indépendant : le synchronisé / incommensurable
Pour l'essentiel, même s'ils peuvent donner lieu à une lecture
autonome, les paradoxes d'état dominés s'appuient sur les mêmes
effets de forme que le paradoxe dominant.
Par différence avec les paradoxes de transformation secondaires qui
s'expriment toujours de façon forte, les paradoxes d'état dominés
s'expriment eux d'une façon dont l'importance varie beaucoup d'une
oeuvre à l'autre.
Ici, tous les trois sont clairement présents, et nous commençons par le "synchronisé / incommensurable".
La tête est faite de morceaux de statues de tailles différentes.
Les courbes de la tranche de contrebasse fuient dans un plan perpendiculaire
à celui des courbes des tranches de la Vénus. L'oblique du
cadre qui semble lui glisser des mains est difficilement calable dans notre
perception par rapport à l'axe du personnage que l'on devine sans
pouvoir bien le localiser, d'autant que la Vénus est moitié
en équilibre statique sur son pied arrière et moitié
en train d'avancer l'autre pied.
Toutes ces figures à des échelles différentes, dans
des plans perpendiculaires ou sur des axes obliques incertains, sont donc
incommensurables les unes avec les autres.
Pourtant, les morceaux de guingois s'échelonnent en tranches verticales
avec une régularité bien synchronisée. Pourtant, les
morceaux de tête bien que d'échelles différentes alternent
avec régularité. Pourtant, bien que dans des plans perpendiculaires
et donc incommensurables, les courbes du personnage et celles de la contrebasse
montrent qu'elles sont synchronisées pour évoluer de la même
façon.
Il s'agit de l'expression a3-a du "synchronisé / incommensurable".
Les courbes du flanc de contrebasse évoque étonnamment les
courbes successives d'un bras, et le manche de contrebasse peut également
passer pour l'autre bras de la Vénus, en train de serrer contre elle
le tableau pour qu'il ne tombe pas.
Des morceaux de contrebasse n'ont absolument rien à voir avec la réalité
de bras de femmes, et pourtant ici ils parviennent à se synchroniser
à leur apparence.
Il s'agit de l'expression a10 du "synchronisé / incommensurable".
La tête est bien à sa place, et son découpage en tranches
ne nous surprend pas spécialement dans la mesure où il se contente
de prolonger le découpage en tranches de la partie principale du corps.
Sous cet aspect là, la tête de la statue est synchronisée
avec l'apparence que l'on pouvait en attendre.
Mais tout de même, une tête faite de quatre yeux et avec des
morceaux d'échelles différentes, cela nous désarçonne
quelque peu, car cela rien à voir avec l'apparence normale d'une tête
humaine.
Il s'agit de l'expression s2 du "synchronisé / incommensurable".
Rien de commun entre des morceaux de statue antique, des morceaux de contrebasse,
et des bouts de cadres. Ce sont des choses "sans rapport", et qui par conséquent
sont incommensurables.
Ces choses sans rapport se synchronisent pourtant devant nous pour former
de façon synthétique un emblème, celui de l'art, mêlant
la sculpture, la musique et la peinture.
Il s'agit de l'expression s10 du "synchronisé / incommensurable".
Le parfait alignement horizontal des quatre morceaux de tête est surprenant,
si l'on considère que chaque morceau termine une tranche de corps
dont le rythme d'évolution est très différent de celui
de ses voisins. En outre, ces morceaux sont d'échelles différentes.
De ces morceaux qui sont à la suite de tranches aux évolutions
indépendantes dans le sens vertical, on s'attendrait à trouver
une grande indépendance dans la hauteur de chacun. Étonnamment,
ils sont au contraire parfaitement synchronisés pour s'aligner entre
eux.
Il s'agit de l'expression s5 du "synchronisé / incommensurable".
deuxième paradoxe d'état dominé par le lié / indépendant : le continu / coupé
Dans le bas de la statue, tous les morceaux qui forment le vêtement
sont bien liés en continu les uns aux autres, tandis que dans le haut
de la statue les différentes tranches sont clairement coupées
l'une de l'autre, ce qui permet de bien affirmer l'indépendance de
chacune.
Il s'agit de l'expression a7 du "continu / coupé".
La Vénus est obtenue par juxtaposition de morceaux qui ont été
obtenus par tronçonnage de différentes statues. Cet acte de
découpe est bien mis en évidence par la vision de la tranche
du métal, que révèlent les décalages horizontaux
entre morceaux.
Mais à la découpe des tranches s'oppose la continuité
de la surface de la feuille de métal, dont le lisse épargné
par l'outil de découpe s'étire dans le sens vertical.
Il s'agit de l'expression s12 du "continu / coupé".
Dans l'expression précédente, on opposait la continuité
de la surface du métal au "tranchant de sa tranche".
Si l'on ne considère plus individuellement chaque morceau de statue
mais que l'on cherche à lire l'ensemble de la forme générée
par l'accolement des différents morceaux, alors on s'aperçoit
que la surface de la Vénus est constamment coupée par des décalages
dans le sens horizontal, tandis que dans le sens vertical elle est bien continue.
Il s'agit de l'expression a16 du "continu / coupé".
Les morceaux de contrebasse qui servent de bras à la Vénus
sont nécessairement perçus en continuité avec le reste
de son corps, mais instinctivement notre perception coupe, supprime, détache
ces morceaux qui ne peuvent pas raisonnablement faire partie d'un corps humain.
La même chose vaut pour le petit morceau de tête intercalé
dans la grande et qui est à la fois en surnombre et d'échelle
trop anormale pour être associé à la vision normale d'une
tête de Vénus.
Il s'agit de l'expression s2 du "continu / coupé".
Le vêtement forme une surface de draperie continue dans le bas du corps,
mais si l'on considère la façon dont cette draperie s'arrête
au niveau de la ceinture, ce n'est plus l'effet de continuité de draperie
qui prévaut, mais les décalages de hauteurs, et même
un brusque dénivelé de surface à l'endroit de la cuisse
qui s'avance.
On peut aussi considérer isolément les trois morceaux de la
ceinture qui sont situés sur notre droite : ils sont à la fois
bien continus entre eux dans le sens horizontal, et fortement coupés
par des décalages dans le sens de la hauteur.
Il s'agit de l'expression a14 du "continu / coupé".
Tranche après tranche, de la gauche vers la droite ou de la droite
vers la gauche, la Vénus est générée par la répétition
continue de l'ajout d'une tranche, chacune formant une étape bien
marquée, bien détachée.
Il s'agit de l'expression s11 du "continu / coupé".
troisième paradoxe d'état dominé par le lié / indépendant : le même / différent
Il a déjà été envisagé en sa qualité de premier paradoxe de transformation secondaire.
Dernière mise à jour : le 28 octobre 2006